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Fenêtres sur le passé

1939

La construction d'un troisième bassin à la Ninon
 

La construction d'un troisième bassin à la ninon.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 18 février 1939

 

Les travaux de construction du troisième bassin de La Ninon ont été commencés, ainsi que nous l'avons signalé, à la date prévue, le 7 février.

 

Cette date correspondant à l'expiration des baux de locations passés par la marine militaire avec les propriétaires du village de La Ninon, expropriés depuis le début de 1937.

 

On se rappelle — nous l'avions relaté à l'époque — que les services des Travaux maritimes avaient, le 18 décembre 1936, adressé une lettre à chacun des 40 propriétaires et quelque 60 locataires des terrains soumis à l'expropriation pour les besoins de la marine, c'est-à-dire qu'aux termes du décret-loi du 30 octobre 1935, la marine pouvait prendre possession d'urgence des terrains expropriés sans attendre la réunion de la commission arbitrale d'évaluation.

 

Cette commission, composée de M. Crenn, alors juge au tribunal civil, désigné comme juge commissaire ; Me Le Calloch, avoué honoraire et M. Chabal, architecte, fut cependant nommée par le préfet.

Elle se réunit fin 1936 avec les experts des différents propriétaires et commença un long travail devant permettre au président du tribunal civil de fixer les indemnités d'expropriation à verser.

 

Tout cela n'alla pas sans difficultés et, pour permettre de retarder le départ des locataires jusqu'à la date où les crédits nécessaires aux travaux seraient accordés, la marine leur consentit des baux dont l'expiration était fixée au 7 février.

Fin 1938, les habitants des maisons expropriées furent avertis qu'il leur fallait vider les lieux.

 

Quelques-uns n'avaient pu se procurer de logements.

Il en était ainsi de sept familles nombreuses que M. Eusen, maire de Saint-Pierre-Quilbignon, dut abriter, provisoirement, dans l'immeuble de la future mairie, rue Jean Jaurès, où elles s'installèrent dimanche dernier.

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Lire article : 1939 – Visite à la zone expropriée du bassin de Laninon

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Lire article : 1939 – Chez les expropriés de La Ninon

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Ce qui reste de la maison des bains.jpg

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En raison de l'importance des travaux à exécuter, il ne pouvait malheureusement pas être question de subordonner le début des terrassements à l'évacuation des immeubles qu'il fallait jeter bas au plus tôt.

 

Toutefois un nouveau -programme avait été établi par les ingénieurs des travaux maritimes :

l'arasement du terre-plein de la Pointe fut entrepris dans la zone située au nord-est des bassins actuels, zone à l'intérieur de laquelle se trouvait un nombre restreint de maisons expropriées.

 

Le mardi 7 février, dès le matin, on procéda à la démolition, par explosifs, d'une partie du mur d'enceinte.

Deux pelles mécaniques à mazout se mirent en action et avancèrent vers les maisons de l'antique village de La Ninon dont la première fut démolie il y a quelques jours.

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L'importance des travaux.jpg

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La marine nationale poursuit un programme de très grands travaux.

Ces travaux comprennent en effet :

La construction d'un troisième bassin situé au nord-est des deux bassins actuels.

Le dérasement complet de la falaise de la Pointe pour permettre l'implantation des grands ateliers des constructions navales qui seront construits sur ces nouveaux terre-pleins ainsi obtenus.

L'établissement d'une nouvelle route d'accès à l'arsenal.

La construction de murs pour clore le nouvel arsenal.

L'établissement de quais accostables limitant le terre-plein .actuel de la Pointe.

 

Ces travaux ont nécessité l'expropriation de la presque totalité des terrains, compris entre le mur d'enceinte actuel de l'arsenal, la route de la Corniche et le fossé des fortifications, soit une superficie de 4 hectares, 37 ares, 93 centiares.

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Première tranche.jpg

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La première tranche des travaux qui vient d'être entreprise comprend :

Le dérasement partiel de la falaise.

La construction du 3e bassin.

L'établissement de la route d'accès.

La construction d'un mur d'enceinte en contre-bas de la route de la Corniche.

Les quais sud-ouest du terre-plein de la Pointe.

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Le plus grand de tous bassins.jpg

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Les deux bassins actuels de La Ninon furent commencés avant la guerre.

Avec leur longueur de 250 mètres et leur largeur de 36 mètres à l'écluse d'entrée, ils constituaient déjà un grand progrès sur ceux bordant la Penfeld, dont le plus grand, celui du Salou, n'avait que 200 mètres.

 

Le bassin qui vient d'être entrepris à La Ninon aura une longueur de 305 m. qui sera portée par la suite à 365 mètres.

 

Sa largeur sera de 46 mètres à l'écluse d'entrée.

 

Sa hauteur d'eau sur le seuil, en marée de niveau, sera de 16 m. 50.

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Les démolisseurs.jpg

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Peut-être est-il intéressant de comparer ces dimensions avec celles des plus grandes formes de radoub existant — actuellement — en France ou à l'étranger.

 

La forme de radoub de Marseille a 200 m. de long sur 25 de large.

La forme n" 7 du Havre a 300 m. de long sur 30 de large.

Celle de Bremerhaven (Allemagne) a 260 mètres de long sur 34 m. 50 de large.

Celle de Pearl-Harbourg à Honolulu, construite par la marine de guerre des États-Unis a 307 mètres de long sur 36 m. 70 de large.

Celle de Champlain à Québec a 350 mètres de long sur 36 de large.

Enfin, pour ne pas prolonger les exemples, le bassin Gladstone à Liverpool a 320 m. de long sur 35 de large.

 

Ceci permet donc de dire que notre bassin de 365 x 46 sera un des plus grands qui soient au monde.

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Quelques chiffres.jpg

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Veut-on maintenant quelques chiffres pour fixer les idées sur l'importance des travaux entrepris ?

 

Le déblaiement total de la falaise de la Pointe procurera un cube de déblais de plus de 1 million 100.000 m 3, très nettement supérieur à ce qui est nécessaire pour constituer les terre-pleins situés en arrière du quai des flottilles, en bordure des terre-pleins de La Ninon aux Quatre-Pompes, dont la longueur est de 1.250 mètres.

 

Le creusement du bassin de construction proprement dit conduira à un déblai de 400.000 mètres cubes.

 

L'approfondissement des rochers à l'entrée du futur bassin correspondra à 150.000 mètres cubes d'extraction de déblais sous-marins.

 

Enfin, il sera nécessaire de mettre en œuvre plus de 140.000 mètres cubes de béton et de maçonnerie.

 

En trois ans, le percement du tunnel de la Croix-Rousse à Lyon ne nécessitera qu'une dépense de 57 millions de francs, en trois ans et demi, les travaux dont nous venons de donner un aperçu — encore s'agit-il de travaux maritimes — coûteront 140 millions.

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Les entreprises.jpg

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Ces Importants travaux ont été confiés — sous la haute direction du directeur et des ingénieurs des travaux maritimes — aux entreprises Campenon-Bernard avec, conjointement et solidairement, les Entreprises industrielles et de travaux publics.

 

La Société brestoise de travaux maritimes et de travaux publics, filiale de la firme Campenon-Bernard, a construit le quai des flottilles à la cadence prévue, puisque l'infrastructure a été terminée le 25 décembre.

La construction de ce quai a correspondu à un volume de travaux de l'ordre de 60 millions exécutés pendant la seule année 1938.

Les entreprises auxquelles ont été confiés 140 millions de nouveaux travaux mettront un point d'honneur à terminer dans le délai de trois ans et demi qui leur a été prescrit le troisième bassin de La Ninon.

On comprend la nécessité de sa rapide construction pour permettre à nos cuirassés et à nos paquebots de s'y faire réparer en cas de besoin.

 

Le chômage n'est pas à craindre à Brest d'ici à longtemps car le bassin de La- Ninon n'est pas le seul travail que la marine doive entreprendre au cours de l'année.

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