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Fenêtres sur le passé

1929

Une visite à la manufacture des tabacs de Morlaix

Article 3 sur 4

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Source : La Dépêche de Brest 31 octobre 1929

 

Sans avoir voulu déguster les produits de la section des tabacs à chiquer, malgré l'insistance du chef de cette intéressante fabrication, l'aimable M. Huet, j'arrive aux sections des tabacs à fumer, où les machines les plus perfectionnées, tant pour l'empaquetage du tabac que pour celui des cigarettes et leur fabrication, me réserve des surprises agréables.

 

Le scaferlati, ou tabac à fumer, est fabriqué avec des tabacs assez légers, combustibles et aromatiques.

 

Le scaferlati subit toutes les opérations de la première section : écabauchage, époulardage, mélange, mouillage à l’eau salée par appareil pendulaire alimenté par de l'eau chaude, hachage par la machine Belot, ancien directeur de la manufacture de Reuilly, et qui débite 225 kilos à l'heure.

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Nous arrivons à la torréfaction du scaferlati, qui se fait dans un cylindre tournant sur un feu de coke et entouré d'un manteau de maçonnerie compartimenté pour récupérer la chaleur.

 

Les feux sont réglés selon l'humidité du tabac à l'entrée et la température des gaz à la sortie.

 

La torréfaction est une opération très délicate qui exige de grandes connaissances professionnelles, un coup d'œil sûr et beaucoup d'attention.

 

La manufacture possède trois torréfacteurs et chaque appareil produit 750 kilos à l'heure.

 

Ensuite ont lieu le refroidissage et le séchage dans des appareils cylindriques, rotatifs et pourvus de ventilateurs.

Il sort de ces cylindres 1.200 kilos à l'heure et cette opération évitera tout danger d'incendie par une fermentation anormale.

 

La fermentation rationnelle du scaferlati se fait en masses à raison de 10 à 12 kilos par jour et dure trois semaines.

 

Le scaferlati est ensuite mis en paquets par 17 machines Belot véritablement fort ingénieuses.

 

À chaque machine travaillent trois ouvrières, deux peseuses placées de chaque côté, chargent les petits plateaux de leur balance qui est manœuvrée automatiquement par l'appareil.

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Le tabac pesé passe dans un organe de formation du paquet qui vient se placer, après rotation de 90 degrés, devant un couloir carré à l'entrée duquel tombe le tabac.

 

Dans chacun de ces couloirs manœuvre un fouloir qui pousse le tabac dans le paquet tout préparé et à la compression voulue.

 

Pendant cette opération, la vignette de la régie vient, après s'être enduite de colle, se placer derrière le sac, en avant d'un chariot avec épaulement qui appuie le papier pendant le remplissage du sac.

 

Les vitesses relatives du fouloir et du chariot sont réglées de façon à ce qu'il n'y ait ni rupture du bac, ni rupture de la vignette.

 

II y a par peseuse un organe de formation du sac, un fouloir et une bobine de vignettes.

 

Le troisième ouvrière n'a qu'à fermer le paquet à la main et j'ai pu constater combien le travail est rapide et adroitement exécuté.

 

La fabrication est de 50 kilos à l'heure par machine, soit 1.250 paquets à l'heure.

Mais une des machines les plus perfectionnées dans cette section est certainement la machine de vérification.

 

Cet appareil merveilleux est dû à un ex-ingénieur des manufactures de l'État, M. Dargnies.

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Automatiquement, les paquets de tabac arrivent sur sa balance et, de suite, ils sont mécaniquement classés en trois groupes : les bons paquets, les paquets trop légers, les paquets trop lourds.

 

Les bons paquets rejetés du plateau tombent directement dans une caisse sous la balance, par un entonnoir muni de deux volets, l'un à gauche, l'autre à droite.

Tel paquet est-il trop léger ?

Au lieu de descendre directement, un des volets s'ouvre et dirige le paquet dans une seconde caisse.

Tel paquet est-il trop lourd ?

L'autre volet s’ouvre et le paquet descend dans une troisième caisse.

 

C'est admirable de précision.

Disons en passant qu'il est accordé aux ouvrières une prime, fonction du pourcentage des bons paquets par rapport à leur production, car le numéro de leur machine est imprimé sur le paquet, avec la date de la fabrication et la lettre de la manufacture qui pour Morlaix est un J.

 

Tout cela, bien entendu, est imprimé pendant l'opération du paquetage.

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Pour la confection des cigarettes on emploie du tabac léger, ayant peu de nicotine, combustible, aromatisé d’un goût fondu, c'est-à-dire agréable.

Le tabac à cigarettes est coupé à 6 dixièmes de millimètres, alors que le tabac à pipe est coupé à huit dixièmes.

 

La manufacture de Morlaix fabrique dans trois ateliers vastes et clairs, trois sortes de cigarettes :

Les élégantes, les gauloises et les gitanes.

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Ces diverses sortes sont composées de scaferlati ordinaire, de scaferlati supérieur et de maryland.

Inutile d'ajouter que les tabacs employés ne sont pas les mêmes pour ces trois sortes, ce qui porte à neuf les produits différents fabriqués ici, disons même à dix en raison du papier maïs dont sont habillées certaines cigarettes.

 

Le hachage des cigarettes produit 170 kilos à l'heure, et la torréfaction 550 kilos environ.

 

Les cigarettes élégantes sont faites par des machines Universal, les gauloises par des machines Triumph, les gitanes par des machines Gallia.

Il y a dans ces ateliers onze machines occupant chacune deux ouvrières

et produisant deux millions de cigarettes par jour.

M. Lancien me fait remarquer que prochainement il sortira plus de 3 millions...

 

Fumée ! Fumée !

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Dans une autre salle également claire et vaste, je reste en admiration dès l’entrée par une machine admirable due à M. Boullet, ancien directeur de la manufacture de Morlaix.

Dois-je ajouter que M. Boullet est le beau-père de M. Lancien, le directeur de ce bel établissement ?

 

Actuellement, huit machines Boullet fonctionnent ; bientôt on en comptera dix.

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L'atelier des machines Boullet, du nom de l'ingénieur qui les inventa.

« La Manufacture des Tabacs », d'Anne Guillou, éditions Skol Vreizh.

COLL. MUSÉE DE MORLAIX

Ces merveilleux appareils paquettent chacun quarante mille cigarettes à l'heure et n'occupent que trois ouvrières.

Chaque machine comprend :

Un organe classeur par 20 cigarettes.

Un barillet à 4 alvéoles pour les cigarettes.

Un barillet à 90 degrés sur le premier pour former le sac.

Deux fouloirs ; l'un pousse les cigarettes du classeur dans le premier barillet, l'autre du premier barillet dans le second.

Un appareil de déroulement, d'impression et de coupe du papier sac.

Un appareil de déroulement, de coupe et de collage de la vignette de l'État.

Un fouloir éjecteur du paquet à travers l'alvéole qui applique la vignette sur le paquet.

 

Les mots me manquent pour dire l'étonnement que procure cette machine aussi précise que rapide.

C'est la perfection dans la mécanique, c'est génial dans la conception.

 

Il fallut que mes aimables guides, MM. Boulch et Euzen, me fassent remarquer que l'heure avançait et que nous avions encore d'autres ateliers à voir, pour m'arracher à la contemplation de la machine Boullet et passer aux ateliers où se fabriquent les cigares.

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