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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

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Remerciements à Lucien Conq

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Le sabotier
 

Mes parents avaient osé beaucoup emprunter.

La crise venait tout aggraver.

C’est durant cette période que Père trouva une occasion unique de vendre une trentaine de hêtres de bel aspect

à un sabotier, originaire du Trégor.

Une occasion qui tombait à pic, une affaire en or !

Voilà en tout cas quelque argent pour régler les dettes.

 

Le sabotier avait monté sa paillote là-haut, sur la colline.

Il estimait avoir là du bois pour à peu près deux années de travail, à creuser des sabots, des grands et des petits,

des lourds et des mignons.

Après, il s’en irait ailleurs, chercher d’autres hêtres.

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Un métier bien dur que le sien, surtout en hiver.

Sa paillotte était toujours remplie de fumée, autour d’une kyrielle de sabots

de toutes les tailles, placés au-dessus de braises « enfumantes » pour bien sécher.

 

Il vivait là avec sa femme, tous deux d’un âge assez avancé,

parlant le breton du Trégor.

Mais nous, nous comprenions très bien quand même.

Des gens tout à fait « comme ça » !

 

Naturellement, les enfants de Kergonk étaient toujours les bienvenus.

Je restais des heures entières à regarder creuser des sabots sur l’établi,

avec des tarières, des ciseaux et des gouges de toutes sortes.

 

Quand je me décidais à rentrer à la maison, on me disait :

« Oh ! Tu portes sur toi l’odeur de l’andouille !

Toi, tu reviens encore de chez le sabotier ! »

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