Laou, parent d'élève
 

Un jour, notre toute jeune institutrice eut fort affaire avec plusieurs de ses grands garçons.

Se sentant nettement débordée, elle craqua.

N’en pouvant plus, elle se mit à sangloter, là devant nous, déçue, découragée …

Mais brusquement, la voilà qui se redressa, prit la direction de la porte et alla demander l’aide

aux hommes de la forge voisine.

Elle y trouva même le père de l’un de nos lascars, Laou Merser, loin d’être le plus terrible.

Elle nous revint, accompagnée.

Aussitôt, chacun se figea, sans plus bouger, à sa place, tout comme si subitement

nous étions tous devenus de vrais anges, étudiant pieusement sur les bancs de l’École de la République.

Sans ôter ses sabots, Laou fit son entrée dans la salle de classe, monta jusqu’au « premier bout »,

les poings serrés comme des étaux, furetant du regard à droite et à gauche à la recherche de son fils.

Aveuglé par la colère, il ne le trouvait pas.

« Quelle histoire de Non-de-dié que j’entends là ?

C’est pas du travail tout ça.

Ah  non !

C’est pas du travail, et la prochaine fois que ça se reproduira, celui qui ira de travers, même un rien seulement,

il aura le derrière écorché vif !

Avec un couteau de bois ! »

Apercevant son garçon :

« C’est là que tu es grande brute ! »