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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

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Remerciements à Lucien Conq

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Louis Conq _02_0002.jpg

La cueillette
 

Et les mûres ?

Êtes-vous déjà allé en chercher ?

Par ici, et depuis toujours, il y eut des mûres en quantité sur tous les talus du pays.

Le renard lui-même va chercher des mûres, attrapant ce qu’il peut, car il est nettement moins habile

que les merles par exemple.

Cependant les meilleurs cueilleurs de mûres, ce sont les enfants.

Quantités de pots de confiture en sont toujours remplis tous les ans.

 

Au mois d’octobre, ce sont les châtaignes.

Au bois du Klik, au fond de nos terres, un tas de gens venaient en ramasser.

C’était un vrai régal que de croquer des châtaignes grillées sous la cendre à la veillée.

 

Mais il n’y a jamais eu beaucoup d’autres fruits en notre coin du Pays de Léon ; il est peut-être trop venté.

 

Il y avait bien quelques pommiers, mais des pommes, on n’en voit pas beaucoup la couleur car à peine bien formées, elles étaient maraudées.

Même celles du presbytère, en dépit de hautes murailles, en l’absence du Recteur, furent plus qu’assiégées.

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Comme pour les groseilles de certains jardins.

Tante Valentine devait faire bonne garde pour défendre

ses « blosses », de bonnes petites prunes, un peu aigrelettes.

Certaines années, il y en avait tellement que les branches pliaient sous leur poids.

Invitations étaient lancées pour venir au moulin de Pont-Prenn

pour en remplir de pleines musettes.

 

Il semble que dans le temps, on trouvait çà et là,

quelques vignes accrochées sur la façade de certaines demeures, comme à Languiouez.

Cueillette des pommes _01.jpg

Mais de raisin, elles n’en donnaient guère.

Trop souvent lavés par les pluies, secoués par les vents et si peu réchauffés par le soleil de septembre, les grains, pas plus gros que des perles, restaient aigres.

 

Par contre, on trouvait des prunelles noir-bleuté en quantité, quelques rares nèfles et une poire sauvage

de temps à autre, à peine mangeables.

 

Les enfants dans mon jeune âge, trouvaient dans les champs des tas de choses comestibles, et sans hésiter, goûtaient à n’importe quoi :

Carottes rouges et jaunes, navets, rutas, feuilles de choux pommé, branches d’oseille, tige d’oignon,

que sais-je encore !

 

L’ail frotté sur le pain sec rendait la tartine plus agréable à manger à des moments où le beurre manquait,

ou était strictement réservé à la vente.

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