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Hervé Grall
Pionnier de l'Aéronautique navale
Collection : Famille Grall
Hervé Grall
né le 15 Avril 1890 à Plougar
Engagé Volontaire aux Équipages de la Flotte en 1905
Ecole des Mousses à 15 ans
Matelot Arrimeur en 1908
Breveté pilote n°1666 le 10 Juillet 1914
Qualifié Hydravion le 2 Septembre 1914
Collection : Famille Grall
Le Finistère – Samedi 27 Février 1915
L'odyssée d'un marin aviateur originaire de Plouzévédé
Sur le désert du Sinaï
Le jeudi 31 décembre dernier, le capitaine Stirling,
dans un hydroplane de Nieuport*, quittait le vaisseau Minerva* pour faire une reconnaissance
dans le Wadi Araba, large vallée, s’étendant entre le golfe d'Akaba jusqu'à la mer Morte.
Son pilote aviateur était le marin français Grall, originaire de Plouzévédé.
A 9 h 45 l'appareil quitta l'eau et s'éleva à 2.50O pieds de hauteur.
Le voyage d'exploration se fit sans accident.
L'ère des difficultés commença au retour.
L'hélice s'arrêta brusquement, lorsque l'hydroplane se trouvait à 4.700 pieds de hauteur.
Grall tenta de descendre en vol plané, mais à 1.000 pieds de hauteur le vent fit défaut.
Sans perdre son sang-froid, le pilote avisa un endroit propice à la descente et réussit à y conduire son appareil qui put atterrir sur ses aubes.
Mais, emporté par l'élan, il continua sa course, puis capota complètement.
Grall fut projeté en avant avec une violence inouïe ; il en fut quitte pour quelques meurtrissures douloureuses, et put venir du secours
du capitaine Stirling qui, demeuré sous les débris de l'appareil, était dans une situation dangereuse.
Il réussit à le dégager.
Les deux hommes étaient tombés en plein pays ennemi.
Ils calculèrent qu'Akaba devait se trouver à 18 ou 20 milles.
Ils se mirent en marche et durent faire de longs détours pour éviter les détachements turcs.
Épuisé par la fatigue et la soif, le corps brisé par les contusions, Grall fut contraint de s'arrêter.
Le capitaine Stirling le fit coucher au pied d'un buisson, partagea avec lui un bâton de chocolat et repartit seul pour gagner la côte
où se trouvait la Minerva.
Il marcha longtemps, franchissant des ravins, se terrant dans les dunes dès qu'il voyait des Turcs ou des Bédouins ;
et vers 20 heures environ parvint enfin à la côte où il trouva la Minerva.
Sur ses indications, un détachement fut envoyé à la recherche du pilote et revint sans l'avoir trouvé.
Cependant Grall, laissé seul la veille, avait avancé lentement dans le Wadi Araba, se tenant à une certaine hauteur sur les collines de l'Ouest.
Il était encore si faible, que tous les deux ou trois cents mètres des étourdissements l'obligeaient à se coucher.
A la tombée de la nuit, il se cacha dans un ravin, où, épuisé, il dormit jusqu'à six heures du matin.
Au matin, il se sentit beaucoup mieux et put avancer plus rapidement.
Il vit un certain nombre de personnes avec des chameaux, dans la vallée, au-dessous de lui, mais ne put se rendre compte
que c'était le détachement envoyé à sa recherche.
A 3 heures de l'après-midi, un cavalier turc l'aperçut et lui envoya deux ou trois coups de feu qui portèrent tous trop haut.
Il se mit rapidement à couvert dans un ravin et ainsi échappa au danger.
Il atteignit la plage vers 5 heures de l'après-midi, mais il était tellement épuisé qu'il ne put attirer l'attention du navire.
Le capitaine du Minerva, convaincu que Grall était tombé aux mains des Turcs qui campaient justement sur son itinéraire supposé,
et qu'il était par conséquent déjà prisonnier, avait pris le large avec l'intention de revenir à l'aube,
dans l'espoir que, par une chance extraordinaire, le pilote pourrait arriver dans la nuit.
Les sentiments du brave Grall, étendu épuisé sur la plage et voyant le navire s'éloigner, peuvent facilement s'Imaginer.
Souffrant de soif et d'épuisement, il s'endormit à l'endroit même où il s'était couché.
Toutefois, vers 10 heures du soir, le capitaine eut, tout à coup, l'intuition que le marin était arrivé à la côte, et rebroussa chemin.
Arrivé devant Akaba, les projecteurs furent mis en marche et bientôt on entendit héler de la terre.
C'était Grall qui, réveillé par la lueur des projecteurs, appelait.
Deux canots furent mis à l'eau rapidement et à minuit cinquante, le 2 janvier, le ramenèrent à bord.
En arrivant, il fut acclamé avec enthousiasme par tout l'équipage.
On était au matin du 2 janvier et Grall n'avait absorbé autre chose qu'un peu d'eau depuis le matin du 31 décembre.
HMS Minerva
Les Cahiers de l'ARDHAN - Extraits
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