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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

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Remerciements à Lucien Conq

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Une "bourrée" n'est pas un grand drame
 

Tous les « marchés-ventes » du bois de chauffage étaient conclus par le verre de l’amitié,

comme d’ailleurs les ventes de bétail.

Et à présent, c’était le verre de vin.

Mais les « anciens », dans ma jeunesse encore, buvaient du rhum.

C’est même assez tôt le matin qu’ils pouvaient « crocher » dedans,

et naturellement le dimanche dès avant la Grand-Messe.

 

« Allez ! Job ! Viens donc !

Nous avons le temps encore d’un quart de rhum, avant la fin de la sonnerie ! »

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C’est ainsi, qu’ensuite, à l’église, entre Parrain et Job Kergoff, je reniflais à leurs côtés la bonne odeur du rhum

à longueur de Messe.

Et le Kyrie, le Gloria, ainsi que le Credo « éclataient » maintenant aux accents de leurs belles voix.

 

Dans les grandes paroisses, et même aussi dans les petites, beaucoup de monde restait ce jour-là à déjeuner au bourg.

Le repas se résumait couramment en assez peu de chose :

Une bonne soupe, et quelques tartines de lard salé.

Après, il y avait des tas de jeux :

Pétanque, galoche, quilles, à moins que vous ne choisissiez les dominos ou les cartes,

avant et de nouveau après les Vêpres.

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Le dimanche continuait jusqu’au soir tombant, vécu ainsi pour ainsi dire en totalité au bourg.

Une petite équipe restait à la maison, à tour de rôle.

Les gens de la basse-messe avaient à leur charge la totalité du travail et des soins au bétail,

tandis que les autres membres de la famille et les commis avaient entièrement « quartier libre » !

 

Le lundi matin, on reprenait le rythme de la semaine ;

on n’avait plus à boire que l’eau de la fontaine ou le lait de la baratte.

Mais quand revenait le samedi, c’était toute une affaire, tant pour les femmes que pour les hommes,

car c’était le jour du marché à Saint Renan, et de plus, le lendemain, c’était de nouveau dimanche.

 

Aussi certains de nos pères avaient leur « charrette bien chargée » ces jours-là !

Cependant, nos anciens n’étaient pas alcoolisés à ce rythme discontinu.

Si plus d’un avait « plein son sac » le samedi, ou en tout cas pour le dimanche soir, dès le lendemain matin,

il était de nouveau bien sage pour un autre bout de temps.

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Une « bourrée » n’était pas un grand drame.

Mais le chemin était parfois épouvantablement long  pour rentrer par des chemins pleins de boue.

 

Ceci me rappelle un couplet-dicton de chez nous :

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« La grand’route est trop étroite pour qu’on marche à l’aise.

Marcher devant soi.

Reculer.

Avant de choir à nouveau sur son derrière ! »

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