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Mégalithes

"Ces constructions insensées"

par

Louis L'Hostis,

vétérinaire et archéologue

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Article de L'Hostis dans le Bulletin archéologique du Finistère

 

Quelques réflexions personnelles concernant ces constructions insensées.

Il y a d'abord un contexte: la découverte de la hache polie, puisque menhirs

et haches polies sont de la même époque, le néolithique.
La hache polie, c'est le travail du bois, l'abattage des arbres, le bois de construction
pour faire des habitations ou des bateaux, mais aussi des madriers, des rondins,

des leviers.

La hache polie me parait donc un préalable nécessaire à la construction
des mégalithes.

De plus elle permet la construction d'habitations plus solides, facilite sans doute

la sédentarisation et ce qui l'accompagne: cultures, élevage, artisanat.
Enfin, elle fournit peut être du bois de chauffage en quantité plus importante,

ce qui modifie l'alimentation et permettra, bien plus tard,

l'apparition de la métallurgie.
 

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Louis L’Hostis.

Vétérinaire et archéologue


Né en 1897 à La Harmoye

Côtes d’Armor,

Il installe son cabinet vétérinaire

à Ploudalmézeau 

à la fin des années 20.

Il décède en 1971

La sédentarisation a sans doute des conséquences très importantes qui modifient complètement la société.

La population s'accroit, les rapports entre les individus, les groupes, les tribus, les nations changent.

Les croyances aussi peuvent évoluer et les connaissances du milieu sont sans doute différentes.
... Mais c'est seulement l'imagination qui nous permettrait d'approfondir...

Mais il reste les mégalithes.

Quelles déductions nous permet la présence disséminée de ces pierres ?
Notre logique va naviguer entre hypothèses et certitudes.
Il est certain que pour élever les menhirs, il faut un groupe d'hommes assez nombreux et des connaissances techniques précises.
Il faut une organisation rigoureuse.
Enfin, il faut une motivation.
Par ailleurs la dissémination des mégalithes (principalement en Bretagne, mais aussi dans de nombreuses

autres régions) est le reflet d'une culture au moins régionale, appelons cela une civilisation, ou une nation.

La question qui vient tout d'abord à l'esprit, c'est "pourquoi" de telles prouesses technologiques ?

Je ne crois pas que ce soit une bonne question.
On peut alors penser aux cathédrales gothiques, aux pyramides, aux statues de l'île de Pâques, aux mégalithes nombreux sur toute la planète et même au palais de Versailles.

Les constructions démesurées, orgueilleuses (?), semblent être une production sinon universelle,

tout au moins fréquente de l'esprit humain.
Qu'est ce qui dans la psychologie de l'homme peut le pousser à de telles exagérations ?
Mais est-ce un fait psychologique ou sociologique ?

Allons un peu plus loin.
L'apparition de la hache polie est une étape de l'histoire de l'homme, de même que la découverte du bronze

ou du fer.

Il y a un avant et un après.

Ce sont peut-être des étapes nécessaires pour arriver à notre civilisation.
La production de monuments gigantesques est peut-être aussi une étape utile, voire indispensable au développement et à la survie des sociétés.
C'est comme si le mégalithisme était un témoin mais aussi un facteur d'une cohésion sociale nécessaire pour que

à un moment donné, une civilisation puisse se développer, face à d'autres et se maintenir pendant des siècles.
Finalement, peu importe le dieu ou la croyance, seule compte la stabilité d'une société puissante.

Dresser des pierres est un ciment pour le groupe.

Si on le fait, on est fort et on survit; si on ne le fait pas, les clans restent dispersés et faibles.

Des chefs, des rois, des prêtres entrainent leur peuple dans des œuvres de plus en plus colossales qui structurent

à leur tour la société en la rendant invincible.

Le mégalithisme semble le reste d'une société organisée, hiérarchisée, superstitieuse ;
d'une époque archaïque, où la conscience individuelle n'a pas encore émergée de la dictature collective.

Symboles phalliques, calendriers, nécropoles, totems, il me semble qu'on ne saura jamais les raisons précises

qui ont motivé les bâtisseurs.

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