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Fenêtres sur le passé
1939
Les anciennes troupes de la marine
en garnison à Brest
- Article 13 sur 16 -
Le corps royal des canonniers matelots
1786 - 1792
Source : La Dépêche de Brest 4 avril 1939
Ils sont vêtus, ces canonniers matelots, création du marquis de Castries, d'une façon étrange.
Ce sont à la fois des soldats et des marins, et leur uniforme s'en ressent.
Qu'on en juge : habit bleu, revers et parements rouges.
Culotte longue d'estammette bleue, recouverte par des brodequins montants, lacés à l'extérieur de la jambe. Chapeau rond à cocarde blanche, surmonté d'une houppe de laine.
Ils forment neuf divisions, correspondant aux neuf escadres de la marine française.
Brest en reçoit cinq, qui se distinguent les unes des autres par des couleurs caractéristiques portées au collet de l'habit et à la houppette du chapeau :
cramoisi, blanc, vert de Saxe, jaune-citron et bleu de ciel sont les couleurs du port de Brest.
En 1788, le comte d'Hector, commandant de la marine, reçoit les ambassadeurs indiens à Brest.
Il leur donne, pendant tout leur séjour, comme gardes d'honneur, les Canonniers matelots du port.
Ces derniers assistent ainsi à toutes les fêtes et, en particulier, à un spectacle donné au théâtre qui les enchante.
Un opéra : Azémia, ou les sauvages ; une pantomime : Le maréchal des logis.
Mais à ces manifestations pacifiques allaient bientôt en succéder d'autres qui atteignent d'abord le grandiose, puis, hélas ! le tragique.
En juillet 1789, le corps prend la cocarde tricolore ; en août, il prête le serment civique, place du Champ de Bataille.
Chacun jure fidélité « À la nation, à la loi, au roi ».
Mais l'insurrection gagne la Marine et les canonniers matelots y prennent une certaine part.
C'est ainsi qu'ils dressèrent, une nuit, une potence rue de Siam, devant la porte du vicomte de Marigny, successeur du comte d'Hector, commandant de la marine.
L'on prévint M. de Marigny de ce fait, et on lui annonça que des canonniers matelots et des marins demandaient sa tête à grand prix.
Il revêtit en hâte son uniforme de grande tenue et se rendit près d'eux à leurs casernes (actuellement caserne Fautras).
« Voici ma tête, dit-il, je viens vous l'apporter. »
La figure imposante du vieil amiral fit rentrer dans le devoir ces hommes égarés, et les plus mutins tombèrent à ses genoux en lui demandant pardon et grâce.
À la suite de quoi La Coste, ancien commissaire civil aux îles du Vent, nommé ministre de la Marine le 15 mars 1792, supprime le Corps des canonniers matelots le 31 mai 1792, le trouvant un peu « tiède ».
Il le remplaça par le Corps d'artillerie de marine.
MONTSECRET.
Charles Bernard Marigny