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Fenêtres sur le passé

1939

Trois avions du Béarn heurtent une colline
près de Locronan

 

1939 - Trois avions du Béarn heurtent une colline près de Locronan _Manchette.jpg

Source : La Dépêche de Brest 11 mars 1939

 

Trois avions du Béarn quittaient hier matin, vers neuf heures, le champ d'aviation de Guipavas pour se rendre à Vannes et, de là, rejoindre l'escadre de l'Atlantique, actuellement en manœuvres au large des côtes de Quiberon.

 

L'escadrille était formée de deux P. L. 101 et d'un P. L. 7.

Dix hommes avaient pris place dans les appareils.

Le temps semblait assez propice à un vol d'assez longue durée, mais la brume, qui couronne souvent les sommets déserts des Montagnes Noires près de Locronan, se leva brusquement et ce fut la catastrophe.

1939 - Trois avions du Béarn heurtent une colline près de Locronan _00.jpg

Les trois avions s s'écrasèrent au sol.

L'un d'entre eux prit feu.

Des quatre hommes qui composaient son équipage, un seul survécut.

Par une chance véritablement inouïe, il n'était que légèrement blessé.

 

Les deux autres appareils s'abîmèrent dans les landes, non sans avoir subi de très considérables avaries.

Les aviateurs qui se trouvaient à bord n'avaient pas été blessés.

Sur les lieux de la catastrophe.jpg

Lorsque nous arrivons à Locronan, un brouillard intense enveloppe les sommets des «montagnes».

Par un petit chemin, qui appartient d'ailleurs au ministère de l'Air, nous arrivons, dans un désert silencieux de landes et de bruyère, à proximité de la chapelle qui marque la dernière étape de la grande Troménie.

 

Dans le chemin, de nombreuses automobiles sont déjà arrêtées.

Les trois avions sont là, dispersés à travers les landes arides.

Ils sont gardés par les gendarmes venus de Locronan, de Châteaulin, de Quimper, etc...

 

La brume glisse au contrefort des monts.

Elle monte lentement, si épaisse qu'il est difficile de voir à plus de quelques pas devant soi.

 

Tout n'est que silence à proximité de la chapelle, qu'avoisine une ferme.

Levasseur_PL.7_Annuaire_de_L'Aéronautique_1931.jpg

Levasseur PL.7

Annuaire de L'Aéronautique 1931

Enfin la brise roule les « bouchons » de brume.

Dans la vallée on entrevoit la route de Châteaulin à Locronan, qui serpente comme un ruisseau entre les riches herbages et les champs semés.

Toute la plaine de Porzay est émaillée de maisons aux façades blanches.

 

Dans le lointain, les hauteurs du Menez-Hom sont cernées d'un brouillard bleu.

À gauche, le clocher de Locronan veille sur les maisons du bourg.

 

Le vent emporte la fumée qui s'élève encore dans la brume froide des débris de l'avion incendié.

L'arrivée des autorités.jpg

Dès dix heures arrivèrent sur les lieux de la catastrophe M. Daniélou, ancien ministre, maire de Locronan, revenu le matin de Paris, et son adjoint, Guillaume Hémon, accompagnés des gendarmes de Locronan.

 

S'étant incliné devant les corps carbonisés des victimes, M. Guillaume Hémon nous dit:

— Je sortais de chez moi quand j'entendis un avion passer au-dessus de ma maison et volant très bas ;

je dis à ma femme :

« Le malheureux, il va se jeter sur la montagne ».

 

Quelques secondes après, M. Hémon entendit une explosion ; la catastrophe venait de se produire.

Les personnalités.jpg

Arrivent successivement, à travers la lande :

MM. Filuzeau, sous-préfet de Châteaulin ;

le capitaine Le Cam et l'adjudant Petit-Girard, de Châteaulin, ainsi que l'adjudant Woignier, de Douarnenez, et des gendarmes de ces deux brigades.

 

Avertis par M. Ch. Daniélou, bientôt se trouvaient sur les lieux de l'accident :

M. Angéli, préfet du Finistère, avec son chef de cabinet, M. Bénedetti ;

le capitaine de gendarmerie Le Thomas, de Quimper ;

M. Desmaret, commissaire spécial, de Quimper,

et l'inspecteur Marchand, de la police spéciale, chargée du contrôle de l'Air ;

M. le docteur Tuzet, etc ..

Un tragique spectacle.jpg

Nous arrivons sur la lande, où flambent encore les débris de l'avion calciné.

Il est facile de reconstituer sur place les phases du dramatique accident.

 

L'avion a heurté d'abord un pylône électrique placé en contre-bas de la  montagne ». Des débris de l'un de ses plans sont restés accrochés aux fils sectionnés.

 

Dès cet instant l'appareil était voué au désastre, puisque la crête se trouve placée bien plus haut.

 

L'avion, après avoir fauché le pylône, entra en contact avec le sol.

Il eut aussitôt son train d'atterrissage arraché et la carlingue, dans son élan, fit un sillon dans la lande sur près de 100 mètres.

Le pilote fit certainement un effort pour redresser son appareil, car par endroits, le sol n'est qu'effleuré.

 

Au milieu des restes.jpg

 

La violence du choc fut extrême.

On ne peut en douter en voyant les débris épars dispersés à plus de 50 mètres, tant à droite qu'à gauche du sillon creusé dans le sol par l'appareil.

 

L'avion rencontra dans sa course folle un muretin qui borde un petit chemin situé en contre-bas.

Il perdit alors son moteur et bondit dans un champ voisin, de l'autre côté de la route.

C'est là qu'il devait se consumer entièrement.

 

Les deux autres appareils qui, sans doute volaient un peu plus haut dans la brume, réussirent à franchir la crête et à se poser sans trop de mal dans les landes qui couronnent le plateau.

Les deux seuls témoins.jpg

L'accident n'eut que deux témoins oculaires :

M. Hervé Le Henaff, âgé de 43 ans, demeurant au moulin du Prieuré et son fils Claude.

 

Nous étions, nous dit-il, occupés à couper de la lande sur la montagne de Kavavern, à cent mètres peut-être du pylône que l'avion a d'abord décapité.

 

J'ai entendu trois avions qui arrivaient derrière nous.

Il me semblait, au bruit que faisaient leurs moteurs, qu'ils volaient très bas.

 

Je me suis retourné et, dans le brouillard je les ai entrevus.

Ils venaient à peu près de la direction de Plomodiern.

 

J'ai alors dit à mon fils :

« Ils ne passeront pas la montagne ».

Un instant après, l'un des avions heurtait le poteau qui soutient les fils à haute tension.

Puis une grande flamme s'éleva.

On aurait cru entendre exploser un « minen », comme pendant la guerre.

Ce fut véritablement épouvantable.

1939 - Trois avions du Béarn heurtent une colline près de Locronan _02.jpg

L'avion n'avait certainement pas passé à plus de 25 mètres de notre tête...

 

Aussitôt après l'explosion je me suis porté, avec mon fils, au secours des membres de l'équipage, mais, la chaleur dégagée par le brasier était telle qu'il nous fut impossible d'approcher à plus de dix mètres.

 

Ce fut alors un effroyable spectacle et, malgré notre volonté de faire œuvre utile nous ne pouvions rien...

 

J'ai entrevu un homme qui partait dans le chemin comme un fou, droit devant lui. Il ne semblait plus rien entendre et descendit tout le coteau, jusqu'au Vour Lan, à la ferme de M. Garrec.

 

Le bruit de l'explosion avait été si violent, que les gendarmes de Locronan l'entendirent.

Peu après l'accident ils arrivaient sur les lieux, alors que je n'avais pas encore eu le temps de prévenir qui que ce fût.

 

Les deux autres appareils avaient réussi à prendre un peu de hauteur et nous pensions qu'ils poursuivaient normalement leur vol.

On dégage trois corps.jpg

Lorsque nous quittons M. Le Hénaff, les gendarmes dégagent des débris de l'appareil les corps calcinés des trois malheureux aviateurs.

Les autorités dont nous avons donné les noms plus haut assistent à cette pénible opération.

 

Le vent, par instants, ravive les flammes qui consument encore les lamentables débris.

 

Il n'y a plus là qu'un amas de ferrailles informes.

Sur la lande gisent éparses des pièces tordues, des sacs de cuir, des fils de commande, des longerons, tout ce qui composait enfin le corps du grand oiseau mort.

1939 - Trois avions du Béarn heurtent une colline près de Locronan _01.jpg

Trois hommes furent successivement retirés de cet amas fumant.

Tous trois, dans un geste de défense suprême avaient porté les bras à hauteur de la tête...

 

Sur l'un des cadavres, on trouva un trousseau de clés, un crayon dans un étui et un insigne de pilote ;

sur le second, les enquêteurs ne relevèrent rien qui puisse être utile pour l'identification ;

enfin sur le troisième on trouva une montre.

 

Les trois corps étaient d'ailleurs en partie mutilés.

L'un d'eux avait été littéralement scalpé ; l'autre avait eu la tête traversée par une tige de fer, et le troisième avait eu le crâne enfoncé.

 

Les trois malheureuses victimes furent déposées sur la lande rasée, timidement fleurie.

On fit venir de Locronan des toiles blanches pour les ensevelir provisoirement, avant de les transporter à Brest...

 

C'était aussi une étrange vision que celle de ce moteur silencieux si lourd, enfoncé quelques mètres plus bas dans le sol boueux d'un chemin creux.

Après le choc fatal.jpg

M. Le Henaff nous avait dit qu'il avait vu un homme s'échapper de l'appareil en flammes.

Il s'agissait du quartier-maître bombardier René Pouliquen,

 

Celui-ci, après la terrible commotion, eut sans doute l'impression qu'il était poursuivi par les flammes qui venaient de le brûler à la face.

 

Il se débarrassa de son manteau de cuir et de ses gants, qu'il jeta dans le chemin.

Puis il retira ses souliers.

Cela ne l'empêcha pas de descendre le coteau couvert de lande pour arriver enfin chez M. Pierre Garrec.

Au Vour Land.jpg

Poursuivant notre enquête, nous sommes allé au « Vour Land », où se trouve la belle ferme de M. Garrec, en bordure de la grand'route.

De là on voit fort bien sur la hauteur les débris de l'avion calciné.

 

— Il était environ 9 h. 30, nous dit Mlle Garrec, lorsque j'ai vu trois avions arriver au-dessus du pays.

Ils volaient très bas.

Un instant après, j'ai entendu une explosion.

Je ne pouvais pas comprendre ce qui venait de se passer.

 

Puis J'ai vu arriver un jeune marin qui venait vers nous aussi vite qu'il le pouvait.

Il était brûlé à la face.

J'ai su, par la suite, qu'il s'appelait René Pouliquen.

Les débris de l'avion flambent encore.jpg

« — Mes trois camarades sont morts, dit-il... Je n'ai besoin de rien. »

 

Le malheureux garçon faisait peine à voir.

Il était, évidemment, sous l'effet de la commotion qu'il venait de supporter.

Il sourirait aussi beaucoup et me demanda de lui verser de l'huile sur la figure pour calmer ses douleurs.

 

Il se regarda ensuite dans une glace, car il redoutait d'être défiguré.

 

« — Si j'en reviens, disait-il... Si j'en reviens... »

 

Et il se mit à pleurer.

Le pauvre enfant !...

Ils ne passeront pas la montagne.jpg

M. Pierre Garrec, le fermier, est dans ses champs, occupé aux travaux de la culture.

 

— Quand j'ai entendu arriver les trois avions qui volaient si bas, nous dit-il, j'ai crié à mon fils :

« Tiens bien les chevaux ! »

 

Les appareils passèrent en trombe et j'ai pensé :

« Ils ne passeront pas la montagne ! »

Le brouillard était, vous le savez, très épais.

Je n'ai pas vu le troisième avion heurter le pylône qui, cependant, n'est pas loin de nous, mais J'ai entendu le bruit de l'explosion.

 

J'ai aussitôt abandonné mon travail pour me porter au secours des victimes.

C'est alors que le seul rescapé de l'accident est arrivé chez nous.

 

Ma femme, mon fils et moi l'avons réconforté de notre mieux et il nous demanda de le conduire au bourg de Locronan.

Nous avons alors attelé une voiture pour lui éviter une fatigue qu'il n'aurait sans doute pas été en mesure de supporter.

 

C'est M. Pierre Garrec, âgé de 18 ans, , fils du fermier qui conduisit René Pouliquen chez les religieuses de Locronan où il reçut les soins de l'infirmière, la sœur Monique. 

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— Pendant la route, nous dit le jeune Garrec, le blessé embrassait une médaille qui se trouvait dans son casque.

 

Le malheureux garçon maîtrisait sa douleur avec courage.

« Je ne devais pas voler aujourd'hui, me disait-il.

C'est ma médaille qui m'a sauvé ».

 

René Pouliquen expliqua aux fermiers qui l'avaient soigné avec tant de dévouement, qu'il avait perdu des amis dans le récent accident d'aviation de Plomodiern, présent encore dans toutes les mémoires.

 

Article à lire : 1939 – Un hydravion s’écrase sur des maisons à Plomodiern

 

Une fatalité a voulu que ces deux catastrophes fussent bien proches l'une de l'autre.

Les deux autres appareils.jpg

Nous remontons alors, à travers la lande, jusqu'au sommet de la colline.

Le brouillard est dissipé et parfois une rayon de soleil perce à travers les nuages.

À mi-chemin nous retrouvons les débris calcinés du premier appareil.

 

Les fils de la ligne à haute tension, qui était destinée précisément à éclairer un phare de signalisation pour avion, sur le sommet de la colline, sont brisés.

Indiquons que le courant n'y passait pas au moment où se produisit l'accident.

 

Les trois appareils qui sont venus là, terminer tragiquement leur vol, sont un P. L. 7 et deux P. L. 101.

 

Le premier avait quatre hommes d'équipage et les deux autres chacun trois.

 

Nous sommes sur la cote 289, d'où l'on domine un magnifique panorama.

Dans le lointain, nacré par le soleil hésitant, on distingue la mer.

 

À gauche s'élève la chapelle de la Troménie.

À droite, la ferme de la Motte,

PL 101.jpg

PL 101

Nous remontons alors, à travers la lande, jusqu'au sommet de la colline.

Le brouillard est dissipé et parfois une rayon de soleil perce à travers les nuages.

À mi-chemin nous retrouvons les débris calcinés du premier appareil.

 

Les fils de la ligne à haute tension, qui était destinée précisément à éclairer un phare de signalisation pour avion, sur le sommet de la colline, sont brisés.

Indiquons que le courant n'y passait pas au moment où se produisit l'accident.

 

Les trois appareils qui sont venus là, terminer tragiquement leur vol, sont un P. L. 7 et deux P. L. 101.

 

Le premier avait quatre hommes d'équipage et les deux autres chacun trois.

 

Nous sommes sur la cote 289, d'où l'on domine un magnifique panorama.

Dans le lointain, nacré par le soleil hésitant, on distingue la mer.

 

À gauche s'élève la chapelle de la Troménie.

À droite, la ferme de la Motte,

Ce que dit Mlle Moenner.jpg

L'accident n'eut ici également qu'un seul témoin, Mlle Jeanne Moënner, demeurant avec sa famille, à la ferme de La Motte-en-Plogonnec.

 

La ferme de La Motte est composée d'un long corps d'immeubles bas.

 

Mlle Moënner vaquait aux travaux de la ferme quand elle perçut un bruit de moteur.

 

Je crus d'abord à la présence sur la route d'un camion.

Puis je vis soudain surgir, au-dessus de la partie gauche de la maison, une aile tricolore.

C'était celle d'un avion qui tournait vers la droite et rasait le faite de la couverture.

 

Je courus vers la maison ou se trouvait mon père.

Et aussitôt, J'entendis trois détonations dont l'une, plus violente, semblait provenir du bas de la montagne

Hélice tordue.jpg

De l'intérieur de la maison, nous entendîmes au bout de quelques minutes, des bruits de voix.

Mon père sortit dans la cour puis franchit l'étroite porte ouvrant sur la lande et il vit que des hommes se dégageaient de la carlingue de l’avion.

Ils se questionnaient mutuellement, mais aucun n'était blessé.

 

Signalons que la ferme de M. Moënner se trouve au point le plus élevé de la « montagne » de Locronan, à une altitude de 289 mètres.

 

Dans sa chute, l’avion a touché une borne cerclée de fer, qui fut placée en 1897 par les soins de la Marine, marquait ainsi ce point géodésique de l'altitude la plus élevée.

 

Dans l'appareil tombé à proximité de la ferme de La Motte se trouvaient :

Un lieutenant de vaisseau pilote, commandant le groupe des trois avions, un maître mécanicien et un matelot observateur.

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À 300 mètres environ sur la droite se trouvait le P. L. 101. R. 3. b. n° 52.

Cet avion avait heurté le même talus et avait également eu son train d'atterrissage arraché.

Ses plans se trouvaient à peu près intacts, mais le gouvernail avait subi des avaries.

L'hélice était cassée et l'une de ses pales était repliée sous le moteur.

 

Les trois hommes d'équipages sortirent également indemnes de la carlingue et transportèrent eux-mêmes leurs bagages personnels jusqu'à la ferme voisine.

 

La brume était si épaisse qu'ils pensaient que les deux autres appareils avaient pu passer et qu'ils poursuivaient leur route vers Vannes...

Peu de temps après cet atterrissage forcé, une camionnette de la Marine arrivait sur place.

Les six rescapés furent alors conduits à Locronan, où ils se restaurèrent, puis furent ramenés à la base du Poulmic.

 

Quant au blessé, René Pouliquen, une ambulance le transporta à l'hôpital maritime de Brest.

Trois morts sur la lande.jpg

À 13 h. 45, les corps des trois victimes, enveloppés dans des draps blancs, furent placés sur des brancards que des cultivateurs des environs s'offrirent à porter.

 

Ce fut, à travers la lande, un douloureux cortège, allant à pas lents jusqu'à la route où stationnait un camion de la Marine.

 

Le médecin de première classe Lafolie, venu de la base de Lanvéoc-Poulmic, procéda aux formalités d'usage et lorsque les permis de transfert eurent été délivrés, le funèbre convoi quitta Locronan, respectueusement salué par une foule émue.

 

À 16 heures, les corps des trois victimes de ce tragique accident arrivaient à l'hôpital maritime de Brest où Ils furent mis en bière.

Les victimes.jpg

Les trois victimes sont :

Le second-maitre pilote André Chesnel ;

le quartier-maître bombardier Roger Crenon et le quartier-maître mécanicien volant Raymond Chaperon.

L'enquête.jpg

En fin de matinée, une commission d'enquête arrivait à Locronan.

Elle était composée des lieutenants de vaisseau Blondeau et Mesny, commandants d'escadrille ; de l'officier des équipages de première classe René, chargé du service des dépannages, etc..

 

À 14 heures, le capitaine de vaisseau Laffargue, commandant le Béarn, se rendit également sur les lieux de l'accident.

 

M. Desmarets, commissaire spécial à Quimper s'est aussi rendu à Locronan, en compagnie de l'inspecteur Le Marchand, afin de déterminer les circonstance exactes de l'accident.

 

M. Desmarets a recueilli les déclarations de M. Hervé Hénaff, habitant au Moulin-Prioré, en Locronan et de son fils Claude.

M Le Henaff.jpg

Les enquêteurs ont entendu également M. Pierre Le Garrec, cultivateur à Gourland, en Locronan, qui vit venir à lui le seul rescapé.

 

Les témoignages recueillis permettent de situer l'accident de façon précise.

Le pilote de l'appareil A. B. 27 en a donné le moment exact : il était 9 h. 03 minutes.

 

Les trois appareils volaient en formation d'escadrille.

Un épais brouillard enveloppait la montagne de Locronan.

 

Un avion — celui qui se trouvait à gauche du groupe — heurta à mi-hauteur de la butte un pylône de transport électrique haut de 12 mètres.

La commission d'enquête.jpg

Dans la violence du choc la colonne de ciment armé s'infléchit et se tordit vers le sol.

Une flamme jaillit de l'appareil.

Le réservoir d'essence qui contenait 800 litres de carburant avait été touché.

Pendant une cinquantaine de mètres le bolide escalada la montée.

Un chemin raviné à flanc de coteau coupa son ascension et l'appareil se fendit en deux cependant que le feu l'avait envahi complètement.

 

La commission maritime d'enquête poursuivra aujourd'hui ses travaux.

Il est probable que les deux appareils endommagés ne pourront pas être enlevés avant le début de la semaine prochaine.

A l'hopital maritime.jpg

Le vice-amiral Traub, préfet maritime, commandant en chef, accompagné du lieutenant de vaisseau Martenot officier d'ordonnance, s'est rendu à 17 heures à l'hôpital maritime pour saluer les corps des victimes et apporter au blessé, dont l'état est aussi satisfaisant que possible, des paroles de réconfort.

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