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Fenêtres sur le passé

1929

Une visite à la manufacture des tabacs de Morlaix

Article 1 sur 4

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Source : La Dépêche de Brest 29 octobre 1929

 

Lors la dernière foire-exposition de Morlaix, j'ai pu constater que le stand de la manufacture des tabacs de cette ville était, comme les années précédentes, celui qui obtenait le plus grand succès,

 

Chaque jour, la foule des visiteurs se pressait devant la machine à empaqueter les cigarettes et devant les tables sur lesquelles d'habiles ouvrières fabriquaient des cigares de choix.

 

C'est pourquoi j'ai pensé, à une époque où les disciples de Nicot sont de plus en plus nombreux, et se rencontrent presque autant parmi le sexe faible que parmi le sexe fort, j'ai pensé, dis-je, qu'un article sur la manufacture des tabacs de Morlaix intéresserait à la fois et nos lecteurs at nos lectrices.

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Grâce à l'obligeance de M. Germain Lancien, le distingué directeur de cette importante manufacture,

j'ai vu toutes les portes de cette ruche magnifique s'ouvrir devant moi et j'ai pu pénétrer dans des ateliers où rarement sont admis les profanes.

 

Je vais donc donner ici le compte rendu très complet de ma visite, vous initier à la fabrication des divers tabacs

qui sont traités à Morlaix et vous faire connaître les chiffres fantastiques de la production de cette remarquable manufacture.

 

Avant de vous conduire à travers les multiples ateliers, je crois bon de faire un rapide historique du tabac,

ce produit qui est un des plus gros revenus des finances nationales.

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Édouard Vignes, dans son Traité des impôts de France, déclare :

 

« Le tabac est un objet de consommation qui n'est ni d’une nécessité absolue, comme le sel, ni d'une nécessité relative,

comme les boissons, ni même utile comme le sucre ;

son usage répond, non a un besoin, mais a une habitude presque aussi répandue qu'un besoin et aussi impérieuse pour ceux qui l'ont adoptée.

À ces caractères, on reconnaît une matière éminemment imposable, seul cas peut-être où cette expression, fort employée dans le langage fiscal, soit tout à fait juste. »

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La manufacture des tabacs de Morlaix a été construite de 1732 à 1740 par les Fermes Générales, qui affermirent le monopole par baux renouvelés, jusqu'à la Révolution.

 

Ces bâtiments se composaient de l'entourage de la grande cour, plus du bâtiment,

de l'administration et de trois magasins.

 

Au début, on ne fabriquait dans cette manufacture que du tabac à priser et du tabac à chiquer, dit « carotte »,

mais pas de cigarettes, de cigares, ni de tabac à fumer.

 

En 1811, le 4 et le 5 novembre, l'administration des droits réunis, qui comprenait à cette époque les contributions indirectes, les douanes et les manufactures, acheta celle des tabacs de Morlaix à un sieur Godelet pour le prix de 320.000 francs ; 300.000 francs d'immeubles et 20.000 francs de matériel.

 

Ces derniers chiffres prouvent que le matériel était insignifiant.

 

Ajoutons que le sieur Godelet avait acheté la manufacture quatre ans auparavant pour la somme de 250.000 fr. à titre de bien national.

 

Depuis lors, que de travaux ! Que de grands agrandissements !

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D'abord, de 1866 à 1873, on suréleva certains bâtiments d'un second étage afin, non seulement de s'agrandir, mais de moderniser l'outillage du tabac à fumer appelé « scaferlati ».

C'est pendant cette période que de nombreuses opérations faites jusqu'alors à la main furent remplacées par des opérations à la mécanique, entre autres celle du « rapage », qui consiste à réduire le tabac en poudre.

 

Depuis 1922, la mécanique a fait d'immenses progrès pour la fabrication et la manutention.

Cela était indispensable pour produire les quantités de tabacs de toutes sortes, de cigarettes et de cigares, exigées par la consommation actuelle.

De nombreux bâtiments ont été construits également pour l'emmagasinage, d'autres le seront bientôt, car les locaux sont encore insuffisants et la manufacture doit avoir des magasins à Saint-Thégonnec et Saint-Malo.

 

La direction de cette entreprise énorme a été confiée fort judicieusement à M. Germain Lancien, ingénieur en chef des manufactures de l'État et directeur des ventes dans le Finistère, les Côtes-du-Nord, le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine.

 

Modeste, M. Germain Lancien, qui me donne avec force détails tous les renseignements que je lui demande, qui me fait les plus grands éloges de ses ingénieurs, de ses chefs de sections, de tout son personnel, modeste, dis-je,

le distingué directeur ne veut pas me parler des brillants succès qui lui ont valu fort jeune une direction aussi importante que délicate.

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M. Lancien assume seul cette lourde tâche, alors qu'il devrait avoir près de lui deux ingénieurs ; mais il est merveilleusement secondé par M. Pujol, contrôleur chargé de la comptabilité, du contrôle des perceptions réglementaires, etc.

Il peut également se reposer sur les très avertis ingénieurs mécaniciens qui s'occupent du matériel et du bâtiment, MM. Simon et Allégoet.

Quant à ses chefs de section :

MM. Daniélou, Huet, Le Corre, Rolland et Hériou, ils sont eux aussi pleinement à la hauteur de leur tâche,

ainsi que M. Poiraud, inspecteur des ventes, assisté de MM. Euzen et Boulch.

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Et tous, directeur, ingénieurs, chefs de sections sont unanimes à faire le plus grand éloge du personnel

de cette manufacture qui vraiment, avec ses 950 ouvriers et ouvrières, peut passer pour une usine modèle à tous points de vue.

 

Ces renseignements donnés sur l'organisation de cette entreprise, nous allons commencer la visite de ses nombreux services, à travers lesquels me conduisent fort obligeamment MM. Poiraud, Boulch et Euzen.

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