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Fenêtres sur le passé

1908

​

Un mousse du « Bretagne » décapite son compagnon

​

L'alcool qui tue

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Source : Le Finistère Janvier 1908

 

Un mousse du Bretagne décapite son compagnon de boisson.

L’alcool qui tue.

 

Clohars-Carnoët

​

Horrible crime.         

 

Un crime qui peut encore être mis sur le compte de l’alcool vient d'être commis à Clohars-Carnoët.

 

Deux camarades, Jacob, de Quillien, seize ans, mousse à bord de la Bretagne, et Rouat, dix-huit ans, maçon,

habitant la même maison que Jacob, avaient passé ensemble une partie de la journée du 31 décembre.

 

Ils fréquentèrent un peu trop les débits, de sorte que tous deux étaient ivres à six heures du soir.

 

À ce moment, une discussion, pour un motif futile, s'éleva entre les deux jeunes gens ; ils en vinrent aux mains,

et Jacob, plus fort ou moins ivre que son camarade Rouat, le terrassa, puis, sortant son couteau de sa poche,

il l'ouvrit et en frappa vingt fois le malheureux à la tête.

 

Le sang jaillissait de toutes les blessures, la plupart mortelles, et Jacob, aveuglé de fureur, frappait toujours ;

enfin, tenant un genou en terre, il souleva le corps de son camarade sur son autre genou

et lui renversant la tête en arrière, il lui coupa le cou.

​

La lame de son couteau se brisa en deux

dans cette horrible décapitation.

 

Là ne s'arrêta pas l'orgie sanglante ;

taché de sang de la tête aux pieds, Jacob saisit ses sabots

dans ses mains semblant gantées de rouge et,

sur la tête méconnaissable de Rouat,

il frappa jusqu'à ce que ses sabots fussent réduits en miettes.

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La lame de son couteau se brisa en deux dans cette horrible décapitation.

 

Là ne s'arrêta pas l'orgie sanglante ;

taché de sang de la tête aux pieds, Jacob saisit ses sabots dans ses mains semblant gantées de rouge et,

sur la tête méconnaissable de Rouat, il frappa jusqu'à ce que ses sabots fussent réduits en miettes.

 

Attirés par le bruit et les rugissements de Jacob, des voisins arrivèrent et restèrent cloués d’horreur ;

le premier moment de stupeur passé, ils s’emparèrent de l'assassin et prévinrent les gendarmes.

 

Le parquet de Quimperlé s'est rendu sur les lieux mercredi et a procédé aux constatations.

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Source : Le Finistère avril 1908

 

Audience du samedi 4 avril.

 

Le crime de Clohars-Carnoët.

 

Encore un drame de l'alcool, et non le moins poignant ni le moins triste.

 

Il s’agit de ce jeune mousse de la Bretagne, Julien-Marie Jacob, âgé de 16 ans, qui, le 1er janvier dernier,

après de nombreuses stations dans les cabarets, assaillit à coups de couteau son camarade Rouat,

et lui coupa littéralement la tête.

 

Jacob avait, à Clohars, la réputation d’être cruel et méchant ;

il battait sa mère.

 

Sur la Bretagne, ses supérieurs le notent plutôt comme un bon sujet.

 

À l’audience, où il comparait en tenue de marin de l’État, Jacob, qui est grand et fort,

est affaissé sur le banc des accusés au point qu’on ne lui voit point le visage.

 

Aux questions du président, il ne répond que par monosyllabes, quand il répond.

​

Quand il est embarrassé, il dit : « Je ne sais pas ».

 

Les dépositions des témoins, sont accablantes pour lui.

 

Après un excellent réquisitoire de M. le substitut Caous

qui supplie le jury d’arrêter cette folie du meurtre qui fait

qu’on ne voit plus que des enfants sur les bancs des cours d’assises, Me Gyonvarch, de Quimperlé,

un avocat qui porte fièrement le costume breton,

présente en quelques mots la défense de Jacob.

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Le jeune mousse, reconnu coupable de coups mortels simples commis avec discernement est condamné à quatre ans de prison.

 

Entre les gendarmes, il s’en va en souriant.

 

Il avait pensé, avait-il dit à un de ses gardiens, ne s’en « tirer » qu’avec dix ans.

 

Le jury du Finistère ne regrettera-t-il pas un jour sa trop grande indulgence à l’égard de ce jeune monstre ?

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Amnistié loi du 29 avril 1921

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Source : Le Finistère avril 1908

 

Jeunesse antialcoolique du Finistère.

 

La réunion mensuelle s’est tenue lundi soir, au Gymnase municipal, devant un nombreux public.

Dans une causerie familière, M. Marcel Allier a entretenu les sociétaires de l’Alcoolisme et la criminalité bretonne, question bien suggestive puisqu’il y a dans notre département 55 % d’alcooliques parmi les criminels et les assassins.

 

Il a rappelé dans leurs détails les crimes de Kermaria et de Clohars-Carnoët et s’est élevé contre le fatal alcool qui a conduit sur les bancs de la Cour d’assises de malheureux enfants de 16 ans.

 

M. Roger Mathelier démontre ensuite par quelques tableaux saisissants comment les unions et les ligues protégeront l'adolescence contre l'alcoolisme.

 

Puis l’ordre du jour suivant est adopté à la majorité :

 

« Après les retentissants débats devant la Cour d’assises de Quimper des meurtres de Kermaria et de Clohars-Carnoët, la Jeunesse antialcoolique du Finistère attire l’attention sur l’importance croissante du rôle de l’alcoolisme

dans la criminalité bretonne ;

Pense que l’opinion publique n’a pas le droit de rester indifférente devant de tels actes de sauvagerie commis sous l’influence funeste d’un poison qui transforme en brutes assoiffées de sang des enfants de 16 ans ;

Fait un appel pressant à toutes les bonnes volontés qui, enfin conscientes du péril social de l’alcoolisme,

ne doivent pas hésiter plus longtemps à encourager de leur aide pécuniaire les efforts des antialcoolistes. »

 

Adresser les adhésions (1 franc par an), au siège social de la Ligue : 24, impasse de l’Odet, Quimper.

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