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Les Bretons sont-ils des Celtes ?

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Jean Jacques Le Lez

Les Bretons sont-ils des Celtes ?

Depuis toujours, pour moi comme pour les historiens, les Bretons étaient des Celtes.

Les Celtes, en particulier les Gaulois sont venus de l'Est vers l'Europe occidentale
au début de l'âge du fer; autour de l'an -1000, puis d'autres peuples sont venus et ils ne sont restés qu'aux extrémités de l'Europe (Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, Bretagne et Galice).
Plus tard, les Bretons, des Celtes repoussés du Pays de Galles par des invasions,

avaient trouvé refuge en Bretagne continentale.

Mais un simple article sur l'internet a remis en question pour moi ce déroulement classique.

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On en déduirait rapidement que les Bretons, très proches des Gallois par leur langue, et issus d'une migration située

vers les 5ième et 6ième siècles, sont aussi des descendants des premiers peuples ayant habité le Pays de Galles

après la dernière glaciation, mais qui n'étaient pas des Celtes

Qu'en disent les études génétiques des Bretons ?

Pour les études génétiques, on a accès à 2 éléments importants

La lignée masculine transmise par le chromosome Y
La lignée féminine transmise par l'ADN mitochondrial
Pour les études portant sur les derniers millénaires, c'est l'étude du "Y" qui est performant.
L'apport de l'ADN mitochondrial donnera plutôt des indications sur l'origine dans telle ou telle région d'Indes ou du Pakistan, 20 000 ou 30 000 ans plus tôt.

Ils permettent de suivre certains "gènes" sur de nombreuses générations.

Les études peuvent être faites sur des échantillons de population actuels, ou alors avec des tests sur les ossements récents ou plus anciens

En France ces études étant interdites au public, les données ne sont pas assez nombreuses.

Ce n'est pas le cas en Grande-Bretagne où de très nombreuses personnes font ces études dans le cadre

de leurs recherches généalogiques.
Tout cela a permis de découvrir des traits génétiques communs à de vastes populations grâce auxquels

on peut suivre les migrations passées dans le monde entier.

Les constatations recoupent souvent les faits déjà établis par les historiens.

Les "migrations" peuvent prendre plusieurs formes.
Il y a eu des peuples nomades qui bougeaient dans les vastes plaines de l'Eurasie, mais à partir du début des civilisations, les choses ont changé en fonction de découvertes ou de techniques nouvelles.

L'une d'elle est l'invention du "wagon", chariot muni de roues et tiré par un animal,

sans doute un équidé dont l'élevage avait débuté.

Ce mode de transport permettait un déplacement rapide de l'ensemble de la population.

La découverte de l'agriculture, la sédentarisation, a évidemment un effet important sur la mobilité ou non des populations.

La découverte des métaux et la fabrication d'armes fut une autre invention capitale, mais les migrations qui s'en suivirent n'étaient pas forcément identiques, la formation d'armées déplaçait surtout les hommes (tracés par le chromosomes Y)

qui pouvaient ensuite s'établir en pays conquis avec des femmes locales, avec ou sans massacre des mâles locaux.
Là encore, il pouvait y avoir uniquement un déplacement des "élites" avec persistance d'un peuple local plus ancien.

On peut noter qu'une armée en déplacement aura un besoin constant de nourriture.
Les réserves étant peu importantes, tous ces hommes devront en permanence trouver des ressources sur place.

La chasse ou la rapine sont des petits moyens de subsistance.
Le massacre des populations et le vol sont beaucoup plus efficaces, mais doivent être renouvelés régulièrement.
C'est sans doute la raison des "invasions barbares", des incursions des Huns ou des Vikings qui ne cherchaient

sans doute pas des trésors ou des conquêtes, mais tout simplement à bouffer!

Mais qu'en est-il pour ce qui concerne les Bretons ?

C'est le trait génétique Rb1 qui va nous permettre d'en savoir plus (on parle d'haplo-groupes humains)

En Europe, les généticiens ont identifié une dizaine de groupes eux-mêmes divisés en des dizaines de sous-groupes.
Pour schématiser : plus on va vers l'Europe de l'Est, le Caucase, plus la population est porteuse majoritairement

d'haplo-groupes anciens.

Logique, on remonte là le sens des migrations indo-européennes.

En Bretagne, on peut donc simplifier rapidement en considérant plusieurs périodes ou influences
- Le Néolithique, l'époque des mégalithes.
- L'âge du Bronze
- Les Celtes (Gaulois de l'âge du Fer)
- Les Romains ou les Gallo-Romains
- Les Bretons originaires du Pays de Galles
- Les Francs (Germains)
- Les Vikings

Mais en fait il y a beaucoup d'anomalies dans ce schéma.
D'abord, quand un peuple apparaît sur le territoire, ce territoire n'est pas vide d'habitants,

ceux-ci peuvent être repoussés, dominés, exterminés ou assimilés.


D'ailleurs, il en est de même des langues qui peuvent persister, plus ou moins, changer ou disparaître.
Par exemple, 40 à 60 % des mots du Breton sont d'origine latine.


Les envahisseurs eux-mêmes ne sont pas tous identiques.

Il peut s'agir d'élites (Romains) ou de peuples entiers (Bretons).

Ils vont disparaître plus ou moins (Viking) ou se fondre dans la population locale.


Ces phénomènes ne concernent pas toute la région.

Plus on va vers l'est et plus les influences des peuples européens vont être importantes (Francs).

Pour ce qui nous concerne, on va donc simplifier et s'en tenir aux grandes influences
- Le peuple des mégalithes. (Le Néolithique., c'est la branche i2)
- Les Celtes (Gaulois de l'âge du Fer, c'est La branche celtique atlantique Rb1 L21)
- Les Bretons originaires du Pays de Galles

Le Pays de Galles lui-même, très excentré n'a pas subi d'invasions majeures.
Les populations qu'on y trouve semblent directement issues du peuple des Mégalithes (même si la langue est vraiment Celte).


La génétique montre que chez les Gallois, en particulier du nord,

les haplo-groupes rencontrés sont différents de ceux des Anglais, des Écossais et des Cornouaillais

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On pense qu'il persiste là les traces du peuple arrivé en premier dans ces régions éloignées,

c'est à dire du peuple des Mégalithes.

Les Bretons insulaires ont été au moins plusieurs dizaines de milliers à franchir la Manche, depuis l'actuelle Cornouailles et le Pays de Galles, ainsi que depuis l'extrême sud de l'Écosse, et ont de fait supplanté les populations autochtones du nord et de l'ouest de l'Armorique.

On trouve donc chez les Bretons les traces importantes du peuple des mégalithes,

probablement originaires du Pays de Galles et dues aux migrations du Vièm et VIièm siècle,

mais on ne sait pas trop si le peuple vivant ici avant les Bretons et qui a pu être assimilé n'était pas déjà descendant

de ces peuples anciens, ayant déjà persisté sur place et traversé l'époque des Gaulois.

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Les Bretons se distinguent des Français

Par ailleurs "le peuple des Mégalithes" est peu connu, l'expression est même assez fausse,

car il est certain que deux civilisations distinctes se sont succédées, celle des menhirs, puis celle des dolmens

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L'Haplo-groupe Rb1 en Europe, en gros les migrations celtiques

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L'influence des Vikings

Ce qu'on peut retenir, c'est que nous sommes beaucoup moins Celtes que nous le pensions

et sans doute beaucoup plus "mélangés", que ce soit dans le pourcentage d'individus ayant un haplo-groupe rare,

du peuple des Mégalithes, ou dans le patrimoine génétique de chaque individu

où là encore se trouve des traits du peuple du Néolithique (mais aussi des Vikings, des Germains, des Francs).

Le peuple des Mégalithes n'a pas disparu, c'est nous.

On peut suivre le Rb1 à notre époque.

On peut par exemple le trouver chez des personnes connues:

Darwin, Che Guevarra, Joseph Smith, (fondateur des Mormons),

Johns Adams et Joseph Buchannn, George Washington, Abraham Lincoln, Grover Cleveland (présidents américains),

James Watson, Prix Nobel, Arnold Schönberg (compositeur), Nicolas Copernic,

l'homme d'État canadien, Pierre Trudeau.
La maison Stuart d'Écosse...

Mais aussi tous les rois de France, d'Espagne, des Deux-Siciles, les Habsbourg et le Tsar Nicolas II de Russie.
 

Quelques précisions:

La culture celtique est peut-être plus vivace dans l'extrême ouest parce que les peuples celtophones actuels ont conservé des traits de caractère et de culture qui se sont perdus plus à l'est sous l'effet des migrations germaniques, par exemple.

La population parlant les langues indo-européennes est beaucoup plus nombreuse que les descendants indo-européens porteurs de l'haplo-groupe R1b.

La culture se transmet aussi par assimilation.

L'expansion des tribus R1b au sein de la Vieille Europe a été plus lente, mais s'est avérée inévitable.

En 2800 avant notre ère, au moment où la céramique cordée avait déjà atteint la Scandinavie, les cultures de l'âge du Bronze R1b avaient à peine pénétré dans la steppe de Pannonie.
Ils établirent des colonies importantes dans la grande plaine hongroise,

l'habitat le plus semblable à la steppe pontique de leurs ancêtres.


Vers 2500 avant notre ère, la branche occidentale de R1b indo-européens s'apprêtait à sa prochaine expansion majeure

en Allemagne actuelle, puis en Europe occidentale.

Entre temps, les immigrants R1b s'étaient mélangé dans une grande mesure avec les populations autochtones mésolithiques et néolithiques du bassin du Danube, où ils avaient vécu depuis maintenant 1.700 ans.

L'élite indo-européenne fortement patriarcal est restée presque exclusivement R1b du côté paternel

(avec une minorité de G2a3b1a and de J2b2),

mais a absorbé une forte proportion de lignées maternelles non indo-européenne.

Peuplement du Bronze:


La conquête de l'Europe occidentale

La conquête de l'Europe par les hommes R1b s'est déroulée en deux phases.

Pendant presque deux millénaires, à partir de 4200 avant notre ère, les peuples de la steppe ont limité leurs conquêtes

aux riches civilisations chalcolithiques (Age du cuivre) des Carpates et des Balkans.

Ces sociétés possèdent les plus grandes villes du monde à l'époque, notamment les énormes "villages" monticulaires (tells) de la culture de Cucuteni-Trypillia, dont certains avaient plus de 15.000 habitants répartis sur des centaines d'hectares.


Rien n'a incité les conquérants R1b à s'avancer plus loin vers l'Europe occidentale à un stade aussi précoce,

parce que la plupart des terres au nord et à l'ouest des Alpes était encore pour l'essentiel des forêts faiblement peuplées.

Le néolithique n'a pas atteint les îles britanniques et la Scandinavie avant 4000 avant notre ère.

Même le nord de la France et la plupart des régions alpines avait adopté l'agriculture et l'élevage

depuis moins d'un millénaire et était très primitives par rapport au sud-est de l'Europe et au Moyen Orient.

Le nord-ouest de l'Europe est resté une société tribale de chasseurs-cueilleurs pratiquant seulement une agriculture limitée pendant des siècles après la conquête des Balkans par les Indo-Européens.

Pourquoi nos « conquistadores » R1b abandonneraient-ils le confort des riches civilisations danubiennes

en échange des conditions de vie difficiles qui se trouvent au-delà ?

Les gens de l'âge du Bronze convoitaient l'étain, le cuivre, et l'or, dont les Balkans regorgeaient,

mais que personne n'avait encore découvert en Europe occidentale.

Il est probable que la branche R1b-L51 soit arrivé en Europe centrale (Hongrie, Autriche, Bohême) vers 2500 avant notre ère, environ deux mille ans après le passage au néolithique de ces régions.

Des villes agraires avaient commencé à se développer.

L'or et le cuivre avait commencé à être exploité.

Les perspectives de conquête devenaient maintenant beaucoup plus attrayantes.

Il est douteux que la culture campaniforme (2800-1900 avant JC) en Europe occidentale fut déjà indo-européenne,

parce que cette culture s'inscrit en parfaite continuité avec les cultures mégalithiques locales.

Le phénomène campaniforme a commencé lors du néolithique tardif et du chalcolithique précoce au Portugal

et s'est propagé vers le nord-est jusqu'à l'Allemagne.

Durant la même période, les cultures de la steppe de l'âge du Bronze se disséminèrent dans la direction opposée

de l'Allemagne vers la France, la péninsule ibérique et la Grande-Bretagne.

Il est plus probable que la céramique campaniforme et les chevaux retrouvés dans l'ensemble de l'Europe occidentale au cours de cette période était le résultat d'échanges avec les cultures indo-européennes voisines, dont la première vague de R1b en Europe centrale.


Il est également possible que la population liée au campaniforme eut été des marchands ou des explorateurs R1b

ayant voyagé à travers l'Europe occidentale et ramené des contes de richesses mal défendues

par des peuples de l'âge de pierre et attendent d'être conquise par les Indo-Européens plus technologiquement avancés, équipés d'armes de bronze et de chevaux.

La branche Celtique Atlantique (L21)

Vers 2300 avant notre ère, les peuplades R1b proto-italo-celto-germaniques

étaient maintenant bien installées dans l'actuelle Allemagne,

où ils fondèrent la culture d'Unétice.

Disque de Nebra découvert en Saxe-Anhalt,

âge du bronze ancien

Photograph of the Nebra Sky Disk from exhibition

"Der schöne Schein" at the Gasometer

in Oberhausen, Germany.

Frank Vincentz 

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À juger de la propagation de l'âge du Bronze en Europe occidentale, les premiers Indo-Européens ont atteint la France

et le Benelux vers 2200 avant JC, la Grande-Bretagne vers 2100 avant JC, l'Irlande vers 2000 avant JC,

et l'Ibérie vers 1800 avant JC.

Cette première vague de R1b compta vraisemblablement un grand nombre des lignées R1b-L21

(peut-être à cause d'un effet fondateur),

comme ceux-ci sont présents partout en Europe centrale, occidentale et septentrionale.

La séparation précoce de L21 de la branche proto-celtique principale autour de l'Allemagne expliquerait pourquoi

les langues Q-celtique (gaélique et hispano-celtique) divergent tellement de la branche P-celtique

(La Tène, gaulois, brittonique),

qui semble s'être développé avec les cultures plus tardives des Champs d'urnes et de Hallstat.

En France, R1b-L21 est principalement présent en Bretagne historique (y compris Mayenne et Vendée)

et en Basse-Normandie.

Cette région fut repeuplée par une immigration massive de Bretons insulaires au Vème siècle

suite à la pression des envahisseurs Anglo-Saxons.

Il est cependant possible que L21 ait été présent en Armorique depuis l'âge du Bronze ou l'âge du Fer

étant donné que les tribus de la Confédération armoricaine de la Gaule antique étaient déjà une identité distincte

des autres Gaulois et maintenaient des liens étroits avec les îles Britanniques au moins depuis l'âge de bronze atlantique.
 

Les Celtes-Atlantiques

La première conclusion d'après les résultats en Bretagne, c'est que la Bretagne fait partie

de l'ensemble britannique-irlandais avec une forte concentration de l'haplo-groupe R1b-L21
qui caractériserait les «Celtes Atlantiques» (voir la carte) .

Les migrations des îles vers l'Armorique aux VIe et VIIe siècles semblent avoir été bien plus massives

que ce que les historiens pensaient, à moins bien sûr, que l'Armorique ait été peuplée de Bretons et non de Gaulois

dès l'antiquité comme le suggère certains chercheurs britanniques.

Cependant l'arbre phylogénétique de « eupédia » dont nous publions une partie montre bien que le peuplement

de l'Armorique par des «Celtes Atlantiques» est tardive, après les mutations dites S280 puis DF25.

L'autre remarque, c'est que le département du 44 a un plus faible pourcentage de haplo-groupe R1b-L21

que le reste de la Bretagne.

Ce département est au même niveau que le Cotentin et même de la basse Normandie, selon la même carte.

Cette «Marche de Bretagne» comprend la Vendée, le Marais breton, la Brière, le Pays des Mauges, la Mayenne

et une partie de la basse Normandie.

 

Cette carte devra bien sûr être confirmée par d'autres études indépendantes.

Nous ne rentrerons pas dans des explications historiques détaillées en ce qui concerne la Loire-Atlantique,

mais ce résultat est facilement expliqué par l'histoire des invasions et des migrations,

voire de mouvements de populations assez récents, dans cette zone géographique.

L'embouchure de la Loire semble avoir été bien plus un croisement de peuples et de cultures que l'Ille-et-Vilaine qui, clairement, se situe dans les zones du haplo-groupe R1b-L21 à forte densité.

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