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Fenêtres sur le passé

1943

Cléder
Un cultivateur est assassiné à coups de hache

 

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Source : La Dépêche de Brest 7 décembre 1943

 

Un crime qui rappelle étrangement celui dont fut victime Mme Faujour, cultivatrice à Poul-an-Halléguen, en Plouvorn, a été commis dimanche soir à Méan-Foutet, en Cléder.

 

Mais, cette fois, le meurtrier est connu.

C'est un dévoyé, un certain Jean-Marie Roignant, 31 ans, originaire de Cléder, marié, père de cinq enfants, qui vit séparé de sa femme depuis deux ans et que tous les gens du pays considèrent comme un vagabond sans scrupules.

 

La victime est un honorable cultivateur de Méan-Foutet, M. Jean-Marie Guéguen, 60 ans, qui exploitait courageusement sa ferme et qui vivait avec, son frère impotent, alité depuis longtemps, et sa bonne.

 

C'est dimanche soir, vers 20 heures, dans la cour de sa ferme, que le malheureux a été sauvagement frappé de deux coups de hache, l'un à la tête, l'autre à la poitrine et d'un coup de couteau en plein cœur.

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Roignant connaissait bien M. Jean-Marie Guéguen, chez qui il avait été employé pendant quatre ans, en qualité de domestique agricole, et qu'il avait quitté il y a d'eux ans.

 

Dimanche dernier, le meurtrier s'était présenté à trois reprises chez sa future victime, à qui il avait demandé un verre de vin.

M. Guéguen avait refusé de lui donner à boire et l'avait invité à s'éloigner.

 

Roignant revint dans la soirée à Méan-Foutet et sollicita de M. Guéguen l'autorisation de déposer sa bicyclette dans sa grange.

« Tu sais où c'est, lui répondit le cultivateur, tu n'as qu'à aller la mettre toi-même. »

 

Roignant s'absenta pendant quelques minutes, puis il revint encore à la ferme pour dire qu'il ne pouvait pas ouvrir la porte de la grange.

M. Guéguen sortit alors avec lui.

Les deux hommes avaient à peine fait quelques pas dans la cour que la bonne entendit son patron crier :

« Roignant va me tuer, au secours ! »

 

À ces appels, elle vint sur le pas de la porte ; puis, devinant le drame qui se déroulait, elle se sauva chez des voisins, qu'elle alerta.

 

Quand les premiers témoins arrivèrent sur les lieux, ils trouvèrent l'infortuné cultivateur baignant dans son sang.

La mort avait fait son œuvre.

 

M. Guéguen, en voyant le geste de Roignant, avait sans doute immédiatement compris que cet individu voulait l'assassiner.

Les appels au secours de sa victime n'empêchèrent pas le meurtrier de mettre son projet à exécution et de frapper M. Guéguen de deux violents coups de hache à la tête et à la poitrine et d’un coup de couteau en plein cœur.

 

Son forfait accompli, Roignant prit la fuite.

 

Il n'est pas impossible que l'assassin comptait tuer sans bruit sa victime pour faire ensuite subir le même sort à sa bonne et à son frère, afin de cambrioler la ferme tout à son aise.

 

Dans ce cas, les cris de M. Guéguen auront déjoué ses plans et auront valu aux deux autres habitants de la ferme d'avoir la vie sauve.

 

Il est possible aussi que Roignant ait tué M. Guéguen par vengeance.

C'est ce que l'enquête va s'efforcer d'établir.

 

Le parquet de Morlaix s'est transporté sur les lieux hier après-midi, tandis que les gendarmes de Plouzévédé faisaient d'actives recherches en vue de se saisir de la personne du meurtrier.

 

L'autopsie du corps de M. Guéguen a été ordonnée.

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Source : La Dépêche de Brest 10 décembre 1943

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Source : La Dépêche de Brest 10 décembre 1943

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M. Gaucher, juge d'instruction, a interrogé samedi matin le nommé Jean-Marie Roignant, inculpé de l'assassinat de M. Jean-Marie Guéguen, cultivateur à Men-Faoutet, en Cléder.

 

Roignant a modifié légèrement les alibis qu'il avait fournis lors de ses premiers Interrogatoires mais, néanmoins, il se trouve toujours en complet désaccord avec les déclarations faites par les témoins : son patron, M. Le Borgne, de Kerzingar, et les époux Beyer, de Trofagon.

 

Sur un point, pourtant, le criminel ne varie pas : il affirme qu'il est complètement innocent.

 

Samedi, Roignant a prétendu qu'il avait attendu, au dehors, une dizaine de minutes, avant d'entrer chez les époux Beyer, le soir où fut commis le crime.

Or, son absence fut beaucoup plus longue que cela et on se souvient que, lui-même, alors qu'il mangeait vers 21 h. 30 chez M. et Mme Beyer avait voulu leur laisser entendre que, de 19 h. 15 à 21 heures, il était resté à Trofagon, derrière un tas de paille, car il avait cru reconnaître la voix des gendarmes dans la maison.

 

Au magistrat instructeur, Roignant n'a parlé ni du tas de paille, ni des gendarmes.

Mais, pour expliquer que ses vêtements étaient mouillés et salis de terre, il a déclaré qu'il était tombé, dans la grange des époux Beyer, sur des paniers.

 

En ce qui concerne les traces de bottes relevées sur les lieux du crime, le meurtrier s'est déjà contredit plusieurs fois.

Il prétend maintenant qu'il avait chaussé des souliers pour se rendre à Trofagon.

 

Questionné au sujet de sa tentative de suicide à Créach-Joly, dans la nuit du 12 au 13 décembre, Roignant a répondu qu'il lui était intolérable d'entendre ses codétenus l'appeler « le tueur de Cléder ».

Il avait donc préféré en finir avec la vie.

 

Cette attitude ne correspond nullement avec celle qu'il a adoptée Jusqu'à présent à l'instruction où il s'est toujours efforcé de paraître calme, crâne même.

 

M. Gaucher fera procéder prochainement à la reconstitution du crime et à la confrontation de Roignant avec les témoins.

 

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Aucune information n’apparait  dans la presse sur la suite de cette affaire …

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