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Fenêtres sur le passé
1940
Santec
Un cultivateur tue sa femme d'un coup de revolver
Source : La Dépêche de Brest 3 janvier 1940
Un drame rapide se déroulait lundi soir sur le territoire de Santec.
Cette fois, un homme qui a trop fêté le 1er janvier, brandit inconsidérément un pistolet et blesse sa femme mortellement.
D'ailleurs voici les malheureux faits qui plongent une famille dans le deuil.
Mathieu Séité, 42 ans, cultivateur propriétaire d'une ferme importante à Streat-Joly, à quelques centaines de mètres du bourg de Santec, avait épousé Thérèse Séité, 39 ans. et de leur union étaient nés deux garçons âgés aujourd'hui de 16 et 14 ans.
Le ménage eût été parfait si le mari n'avait eu la faiblesse de boire copieusement les jours de fête.
Il devenait alors assez violent.
Par malheur il avait coutume de porter un pistolet automatique de 6 mm. 5 qu'il brandissait volontiers en défiant imaginairement tous ceux qui auraient pu ou voulu s'attaquer à lui.
— J'ai là de quoi me défendre, affirmait-il.
Lundi matin, il était allé présenter ses vœux de nouvel an à des parents et des amis.
Évidemment on trinqua.
Puis, chez son beau-frère, hôtelier à Santec, on le retint à déjeuner.
L'après-midi il s'en fut à Roscoff chez son père puis chez son frère et ici encore on fêta la nouvelle année.
Il était environ 20 heures lorsqu'il regagna sa maison.
Comme une heure plus tard il manifestait l'intention de sortir pour se rendre au bourg.
Mme Séité voulut s'y opposer.
Ce fut bien en vain.
Il sortit cependant suivi de sa femme qui tout en l'exhortant encore à demeurer au logis l'accompagna jusqu'au bord de la route.
Elle insistait d'autant plus qu’elle le voyait surexcité.
Mathieu Séité, pour la contraindre à rentrer au logis, voulut lui faire peur et s'arma de son pistolet.
Comme il gesticulait le coup partit.
La femme s'effondra.
La balle l'avait atteinte à la cuisse gauche, lui sectionnant l'artère fémorale.
Mathieu Séité se précipita vers elle pour lui porter secours et avec l'aide de ses deux fils la transporta dans sa maison.
De la plaie le sang coulait à flots.
On se précipita vers le bourg pour appeler téléphoniquement et d'urgence M. le docteur Bagot fils, de Saint-Pol.
Le praticien ne tarda guère, mais un quart d'heure après le drame, malgré les soins qu'avaient tenté de lui donner les parents de Mme Séité, la blessée expirait, exsangue.
La brigade de gendarmerie de Saint-Pol également prévenue, MM l'adjudant Broustal et les gendarmes Pronost et Le Sourd s'en vinrent à Streat-Joly et commencèrent aussitôt l'enquête.
Mathieu Séité manifestait un profond désespoir.
— Je ne voulais pas tirer, affirmait-il, je ne sais pas comment le coup est parti.
Il fut néanmoins conduit à la brigade de Saint-Pol pour être gardé à vue.
Hier après-midi, le parquet de Morlaix représenté par MM. Dramard, procureur de la République ;
Rosec, juge d'instruction ;
Denis, greffier et Né, capitaine de gendarmerie, accompagné de M. le docteur Bagot, s'est rendu à la maison endeuillée.
Est-il besoin de dire que ce pénible drame a causé une profonde émotion à Santec et dans la région où la famille est très connue ?
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Source : La Dépêche de Brest 4 janvier 1940