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Fenêtres sur le passé

1940

Promenade au port de commerce
Temps de guerre

 

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Source : La Dépêche de Brest 19 août 1940

 

Par cette belle Journée ensoleillée du mois d'août, le cours Dajot connaît une animation inaccoutumée.

 

Les enfants sont en vacances, mais beaucoup de parents, en raison des événements, n'ont pas quitté la ville.

On a plus ou moins délaissé plages sablonneuses et campagnes verdoyantes.

 

Appuyés sur le parapet du cours, beaucoup d'habitués contemplent le panorama de la rade déserte et de temps en temps leurs regards plongent vers les quais du port de commerce qui a perdu son animation d'antan.

 

Le hasard de notre promenade nous permet de reconnaître une figure sympathique, un habitué du port, qui, depuis des années, quatre fois par jour, descendait et montait les escaliers du cours, pour se rendre à son bureau du quai de la Douane.

 

Accompagné de notre concitoyen, je fais route vers le port et parcours les quais, du 1er au 2ème bassin.

 

— Quel contraste avec l'activité d'autrefois, nous dit-il, quel changement !

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Nous voici au premier bassin.

Là venaient autrefois s'amarrer le long du quai de la Santé, les vapeurs de la compagnie Schiaffino et ceux de la compagnie Worms.

Au milieu des eaux calmes du bassin, sont mouillées quelques petites barques dont les mâts arborent le pavillon français surmonté d'un pavillon blanc.

Ces marques distinctives permettront à leurs propriétaires d'aller en rade, pêcher le maquereau ou le tacot.

 

Sur le quai Est, le Morgat, de la société des Vapeurs Brestois, attend ses passagers.

Quatre fois dans la semaine, il fait le voyage aller et retour, Brest-Le Fret.

Il assure seul le service et, pendant ce temps, le Crozon, subit à l'éperon du 2ème bassin, des réparations jugées nécessaires.

Tous les deux jours donc, le matin et l'après-midi, on entend la sirène d'un bateau.

C'est celle du Morgat, annonçant que le départ est proche et que les passagers retardataires doivent presser le pas.

 

Notre compagnon nous fait remarquer que les borneurs qui fréquentaient ce bassin ont disparu.

Il cite des noms que nous avons nous-même entendu maintes fois prononcer :

le Herbier, la Reine-Léontine, la Fleur de l'Odet, etc...

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Chemin faisant, nous atteignons le 2ème bassin réservé principalement aux cargos qui y débarquaient diverses marchandises et surtout des vins d'Algérie.

 

Tout trafic est maintenant arrêté.

Il n'y a plus ces nombreux dockers qui, assis autour de la cabane de l'employé d'octroi, attendaient dès 13 heures le moment de l'embauchage par l'entrepreneur de déchargement.

Cette vie si caractéristique de notre port n'existe plus.

 

Le 3ème bassin, comme les autres, présente pour ainsi dire le même aspect.

Quelques pêcheurs viennent encore y débarquer leurs poissons qui sont aussitôt vendus aux marchandes, lesquelles poussant leur voiturette, se dirigent vers la ville à la recherche de la clientèle qui ne peut que se laisser tenter à la vue de cette marée toute fraîche.

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Nous passons le 4ème bassin ou bassin de carénage et arrivons au 5ème dénommé par notre compagnon « le quartier nègre », en raison des montagnes de charbon qui, autrefois, se succédaient d'un bout à l'autre du quai.

C'était le lieu de déchargement des bateaux charbonniers.

 

Comme nous arrivons au terme de notre flânerie, notre compagnon nous dit :

« Comme vous pouvez le constater, notre port a bien changé. 

Toutes ces grues, maintenant arrêtées, en disent bien long. »

 

Puissent leurs grands bras recommencer, dans un avenir prochain, à décharger les navires et donner à notre port de commerce son activité des dernières années !

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