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Fenêtres sur le passé

1939

Le vieux et le futur Brest
 

Le vieux et le futur Brest.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 24 février 1939

 

Il est de coutume, lorsque l'on parle du plan d'embellissement et d'agrandissement de notre ville, d'en supposer l'exécution à des dates lointaines.

C'est oublier les extraordinaires développements et les transformations subies par la cité depuis moins d'un siècle.

 

Aussi avons-nous pensé qu'il était bon de placer sous les yeux de nos lecteurs un plan de Brest, exécuté en 1833 par le géomètre-triangulateur Jobbé-Duval.

Le bouleversement survenu dans le réseau de nos voies publiques apparaît mieux ainsi.

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Le plan de Jobbé Duval 1833.jpg

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Nos aînés durent raser des quartiers entiers, opérer des transferts, comme celui du port de commerce, des bords de la Penfeld à Porstrein, pratiquer des percées, des élargissements, des comblements.

 

Sait-on que la rue de Siam s'arrêtait à l'entrée de la rue du Petit-Moulin et qu'elle ne fut prolongée vers la Penfeld qu'au moment de la création du pont ?

 

Rappelons que les travaux de construction du pont tournant, commencés à la fin de 1856 et terminés en 1861, permirent d'inaugurer l'ouvrage le 23 juin 1861.

Évidemment, un tel travail avait longtemps retenu l'attention du conseil municipal.

 

Dans son compte moral des années 1857 et 1858, le maire, M. Bizet, exposait : 

« Dans un but d'économie, regrettable sans aucun doute, les voies d'accession au pont ont été fixées à neuf mètres de largeur.

À peine le tracé du pont était-il indiqué sur place que l'opinion publique critiquait l'exiguïté de ces voies, sous l'influence de la logique prévision d'un accroissement notable dans la circulation ; ce qui doit arriver.

 

Suivre les formes administratives et régulières pour remédier à une situation si fâcheuse, ç'eût été vouloir apporter des lenteurs nouvelles dans la marche des travaux et renvoyer à un temps indéterminé le bienfait de la jonction.

J'en étais réduit à concentrer mes regrets, lorsque la compagnie du pont vint me suggérer le moyen d'obtenir avec rapidité le remède que je cherchais vainement ; elle me proposa de demander à l'Empereur, pendant son séjour à Brest, une rectification dont l'urgence pouvait lui être mise sous les regards en obtenant sa visite sur les lieux...

 

Ce qui fut dit fut fait.

L’Empereur accorda quelques instants à la visite des travaux du pont et, après les avoir attentivement examinés, nous remontions le terrain conduisant à la rue Charronnière lorsque Sa Majesté m'interpella pour connaître la part contributive à laquelle voudrait consentir la ville dans la dépense totale de l'amélioration qui lui était réclamée ; je répondis sans hésitation : « Pour un tiers, Sire. »

 

Et le conseil s'engagea à voter 70.000 francs comme participation à la dépense.

 

Les rues Suffren (du Bras d'or) et Kléber (des Malchaussés) se prolongeaient au-delà de la rue Monge (Charronnière) et de l'escalier neuf par une sorte de ruelle, la Petite rue Neuve, qui contournait la falaise dominant le quai Tourville, à peu près à la façon du boulevard Thiers, pour aboutir à la rue Basse des Sept-Saints.

 

Entre cette rue Basse des Sept-Saints et la place du Château existaient deux groupes de maisons séparés par l'impasse des Sept-Saints.

 

Tous ces immeubles durent être rasés, comme ceux qui bordaient la Petite rue Neuve, le quai Tourville, ainsi que ceux qui s'élevaient sur les pentes de la falaise dominant la Penfeld, pour laisser place aux boulevards Thiers et de la Marine.

Il fallut opérer de même façon pour prolonger la rue de Siam jusqu'au pont.

 

Les vieux Brestois savent à quel massacre de maisons on se livra encore pour créer, à travers le quartier des Sept-Saints, la rue Amiral Linois.

 

Sur bien d'autres points le pic du démolisseur s'employa avec la même activité ;

par exemple quand on voulut prolonger la rue d'Aiguillon jusqu'à la rue de Siam.

À partir de la rue Saint-Yves, la rue d'Aiguillon prenait alors le nom d'Impasse de la Comédie, que des immeubles barraient devant la rue de Siam.

 

Or, si le nouveau plan d'extension, dû à M. Milineau, architecte de la ville, prévoit des démolitions, il comporté surtout des réalisations sur les terrains des fortifications demeurés libres de constructions.

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Reconstitution.jpg

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Le plan, après avoir subi l'enquête ordinaire, a été transmis à la préfecture du Finistère pour être ensuite soumis à une commission mixte qui réunira, à Paris, les représentants des administrations de la Guerre, de la Marine, des Domaines, etc..

 

La vente des terrains des fortifications à la ville est subordonnée à du plan par cette commission.

 

Cette cession, faite en vue de l'aménagement de la cité, permettra la construction d'édifices importants et la création de voies nouvelles dont nous parlerons dans un prochain article.

Notons que les terrains qui demeureront disponibles pourront être vendus à des particuliers, mais toutes les constructions qui y seront faites seront soumises à des, servitudes telles que celles de façade, de hauteur, d'alignement, etc..

 

En terminant, remarquons que déjà le plan d'extension est entré en réalisation sur des terrains qui ne font pas partie du système des fortifications.

Ainsi, par exemple, la construction du nouvel hôpital, l'élargissement de la rue de la Vierge et de la venelle de Kérabécam, la rectification complète de la route de Kérinou et la création du parc des sports municipal qui s'unira au vaste stade projeté.

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