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Source : La Dépêche de Brest 26 mars 1939

 

En 1761, les compagnies franches sont supprimées, les guerres désastreuses de 1740 et 1756 ont placé la marine militaire dans une situation des plus critiques ;

le duc de Choiseul confie à des régiments de l'armée de terre le service de garnison à bord des vaisseaux.

La marine n'a plus de troupes à elle et devient tributaire du département de la guerre.

 

Brest voit passer successivement les régiments de Royal-Roussillon, Bourgogne, Languedoc, Bouillé, Royal-Comtois, Provence, Boulonnais, Angoumois. Saintonge...

Tous en habit blanc, les grenadiers portant fièrement le bonnet d'ourson.

 

Us passaient, embarquaient, débarquaient et disparaissaient.

Brest les confondait tous et n'en aimait aucun.

 

La ville prenait une allure qu'elle n'avait jamais connue.

 

Dix mille soldats, huit mille matelots battent les pavés ou la boue du port tous les soirs et l'infectent de toutes les maladies d'Amérique et d'Europe.

La débauche et l'ivrognerie sont portées à leur comble.

La police est insuffisante pour réprimer ces abus.

Les cabarets de Kéravel, de Pont de Terre et de Recouvrance ne désemplissent pas.

 

La Cocarde, Jasmin, La Framboise, La Rose, La Perle, grenadiers ou fusiliers de Bourgogne ou de Royal-Rous-sillon, s'en donnent à cœur joie et les habitants regrettent les bonnes troupes de la marine.

 

Les faubourgs de Brest se gangrènent eux aussi, et bientôt les soldats vont vider leurs querelles à grand fracas à Kérabécam et à Coat-ar-Guéven.

 

La situation est intolérable, d'autant que ces braillards sont de piètres marins.

Le duc de Praslin, ému par les rapports qui lui sont faits, remet à l'armée de terre ses sujets en 1769. Il adopte un projet du capitaine de vaisseau Bigot de Morogues et crée, pour assurer la garnison des vaisseaux, le corps royal d'artillerie et d'infanterie de marine.

 

Brest respire.

 

MONTSECRET.

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