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Fenêtres sur le passé

1939

Un jeune sculpteur morlaisien
François Olier

 

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Source : La Dépêche de Brest 14 avril 1939

 

À peine vient-on de quitter la place Cornic et de s'engager sur le quai de Tréguier, qu'on remarque un petit atelier, qui fait en même temps office de magasin.

 

À travers les vitres de la devanture, on aperçoit des statuettes, des objets divers, finement sculptés, qui frappent et qui ne manquent pas de retenir l'attention.

 

Nous avons franchi, hier matin, avec combien de plaisir, le seuil de la porte qui donne accès à cet atelier, modeste d'apparence, mais riche par ce qui s'y accomplit chaque jour.

 

C'est là, en effet, qu'un jeune sculpteur morlaisien, M. François Olier, âgé de 30 ans, s'est fixé, il y a un an, pour y travailler seul, à la manière des imagiers d'autrefois.

 

Quand nous nous sommes présente chez lui, hier matin, il était à son établi. Il faisait ressortir, avec ses outils, les détails d'une belle tête de bretonne, ornant le fond d'une assiette en bois, qui constituera bientôt un véritable petit chef d'œuvre.

Nous avons bien dit, tout à l'heure, que M. Olier opérait comme les imagiers d'antan.

Il a ceci de commun avec eux, qu'il n'a fait aucune étude spéciale pour exercer son métier et pour prendre entièrement possession de son art.

 

Mais, de même que les imagiers se transmettaient, de père en fils, leurs connaissances pratiques et les ressources de leur talent, M. François Olier a eu le bonheur d'avoir un maître dévoué, qui lui a inculqué, en travaillant, l'amour de la sculpture.

Ce maître ce fut son premier patron, M Georget, qui a quitté Morlaix, il y a une quinzaine d'années et dont l’atelier n'était autre que celui qu'occupe aujourd'hui M. François Olier, sur le quai de Tréguier.

 

M. Olier, qui est né à Guimiliau, est le fils des sympathiques propriétaires du café des Trois couronnes, où ils habitent depuis plus de vingt ans.

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Tout jeune, il entra comme apprenti chez M. Georget, dont le père était particulièrement expert dans l'art de manier la gouge.

L'un et l'autre ont laissé à Morlaix, et dans la région, une réputation à la hauteur de leur grande valeur.

 

Chez M. Georget, M. François Olier fit ses débuts dans la sculpture des bibelots, des statuettes, des meubles anciens, etc.

Son patron, qui s'était fait remarquer dans divers concours et, notamment, dans un concours réservé aux artistes bretons, à Huelgoat l'éclairait de ses conseils.

 

L'élève et le maître quittaient ensemble Morlaix, vers 1924, pour Fougères, où Ils se distinguèrent dans des travaux de style.

Ils sculptèrent des confessionnaux, des meubles d'églises, des statues de saints, des meubles gothiques, etc., qui leur valurent une solide renommée.

Au bout de deux ans, cependant, M. François Olier revint à Morlaix, où il trouva un emploi de sculpteur, jusqu'à son service militaire, chez MM. Guézennec et Bellec.

 

M. Georget, quant à lui, alla s'établir à Paris

 

Le jeune Olier ne restait pas inactif ;

il se perfectionnait toujours, de telle sorte que, à l'âge de 19 ans, il obtint, à Nantes, un diplôme avec mention honorable, au concours du meilleur ouvrier de France.

 

Libéré de ses obligations militaires, il entra comme sculpteur a la coopérative de l'ameublement â Morlaix.

 

Depuis un an que M. François Olier s'est établi à son compte, dans l'atelier de son ancien patron, il s'est déjà fait connaître.

C'est lui qui a sculpté, pour la chapelle de Roscoff, un motif très réussi, d'après les dessins de M. Heuzé, architecte à Morlaix.

Il est l'auteur, aussi, d'un saint Éloi, destiné à l'église de Guimiliau.

 

Aujourd'hui, M. François Olier s'est surtout spécialisé dans les meubles anciens, ainsi que dans les souvenirs bretons, qu'il présente sous les formes diverses d'assiettes, de chapeaux, de sujets, de statuettes, de bonbonnières sculptés.

 

Après les tâtonnements inévitables du début, il est arrivé à de magnifiques résultats, qui l'ont fait rechercher bien au-delà de la Bretagne et à Paris, en particulier.

 

Sa réputation ira toujours en s'affermissant davantage ; aussi sommes-nous heureux de féliciter et d'encourager cet artisan breton, dont les qualités et les possibilités sont grandes.

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