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Fenêtres sur le passé

1939

Le président de la République, parrain à Tréouergat

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Source : La Dépêche de Brest 2 mars 1939

 

Ses camarades lui avaient dit :

— Pourquoi ne demandes-tu pas le parrainage du président de la République pour ton treizième enfant ?

— Du président de la République!

— Mais oui, cela se fait ; qu'est-ce que tu risques?

 

Et Pierre Cariou, manœuvre aux constructions navales, avait timidement suivi le conseil.

 

Né à Plouguin le 11 janvier 1902, il avait épousé, le 28 octobre 1924, Marie-Jeanne Jacob,

née le 5 janvier 1906 à Tréouergat.

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Ils s'étaient installés dans cette commune, à Pen-ar-Prat, pour exploiter une petite ferme.

 

Un an plus tard ils avaient leur premier fils.

Et depuis presque chaque année leur famille n'a cessé d'augmenter.

​

Tréouergat est une petite commune sans histoire blottie

dans le creux d'un vallon isolé, au-dessus de Lanrivoaré,

à quelques kilomètres de la route de Ploudalmézeau.

Les ressources y sont maigres pour les gens de la condition

de Pierre Cariou.

En dépit de son acharnement au travail il parvenait bien difficilement à faire vivre sa nombreuse famille.

 

Pour comble, son aîné se trouvait un jour atteint d'une coxalgie

qui nécessitait des soins dispendieux et si longs que l'infortuné

se trouve encore immobilisé dans une maison de santé.

 

Heureusement, Pierre Cariou était admis, en 1936,

dans l'arsenal en qualité de manœuvre.

 

— Sans cela, nous déclare Mme Cariou, je ne sais comment

nous serions parvenus à faire vivre nos enfants.

 

Mme Cariou, grande et solide gaillarde, s'occupe de faire manger

les petits qui encadrent en ce moment la table de la cuisine.

Et comme nous la complimentons...

 

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Albert Lebrun

Président de la République

— Je n'ai pas toujours été aussi forte ; lorsque je me suis mariée j'étais plutôt maladive.

J'ai 33 ans, je viens d'avoir mon treizième enfant, dont trois filles.

L'aîné a treize ans.

Remarquez quel rôle joue le chiffre 3 dans tout ceci. 

 

— D'autre part, deux fois j'ai eu deux jumeaux, mais deux de mes petits sont morts.

 

— À présent j'exploite la ferme avec mon frère, tandis que mon mari travaille à l'arsenal de Brest.

Il est évident que les allocations familiales qu'il reçoit nous sont d'un grand secours.

 

— Tous les ans nous postulons pour un prix Cognacq-Jay,

mais jusqu'à présent nous n'avons pas eu la chance de l'obtenir.

Nous n'osions pas, bien sûr, écrire au président de la République

pour solliciter son parrainage.

 

Et pourtant quelque temps après la naissance, le 5 février,

de notre treizième enfant, nous recevions une réponse de la présidence.

M. Albert Lebrun accédait à notre demande et nous adressait cent francs. 

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Prix Cognac Jay.jpg

II doit avoir bon nombre de filleuls M. Lebrun, aussi n'accorde-t-il son parrainage qu'à titre honorifique

et n'intervient-il en aucune façon dans la détermination de la date du baptême

ni dans la désignation de son représentant à cette cérémonie.

 

— Son représentant était M. Yves Cariou, maire de Tréouergat, oncle de mon mari. »

 

Des cris de poupon nous parviennent de l'étage supérieur...

 

— Ecoutez le filleul du président de la République, Albert-Yves-Achille Cariou, croyez-vous qu'il a de la voix !

C'est aussi qu'il est solidement bâti mon treizième...

 

Ch. LEGER.

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