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Fenêtres sur le passé

1939

La crise du logement à Brest

La crise du logement à Brest.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 16 février 1939

 

Comme on nous présentait l'autre jour une photo datant d'environ cinquante ans, d'une rue de Brest,

nous apercevions sur trois façades se succédant, des affiches signalant que dans ces immeubles des logements étaient « À louer ».

C'est bien en vain qu'on tenterait d'en découvrir de semblables aujourd'hui.

 

Depuis la guerre, en effet, la crise du logement sévit avec une acuité déroutante si l'on considère le développement incessant de la construction dans notre cité comme dans la périphérie.

On le constate chaque jour dans nos bureaux où l'annonce d'un appartement à louer

attire de soixante à cent prétendants.

 

On le remarquait bien une fois de plus, l'autre jour, lorsque la marine mit définitivement en demeure les expropriés de La Ninon d'avoir à quitter les lieux.

Ceux qui, sagement, avaient pris leurs précautions, s'étaient logés dans d'autres quartiers.

Mais un certain nombre ne parvenaient pas à découvrir une maison qui pût les accueillir.

 

La municipalité de Saint-Pierre, qui avait joint ses efforts aux leurs, n'eut guère plus de succès.

Aussi décida-t-elle d'accueillir sept familles nombreuses dans l'immeuble qu'elle acquit

il y a quelque temps aux Quatre-Moulins pour y créer une seconde mairie.

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La nouvelle mairie des Quatre Moulins.jpg

 

La cause d'une pareille situation ?

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Elle tient surtout à l'utilisation d'appartements plus vastes, à la location de pièces plus nombreuses.

On ne s'entasse plus comme autrefois dans une chambre unique.

 

Les statistiques nous l'apprennent.

En effet, tandis que des quartiers entiers se sont créés, que des immeubles bien plus importants que ceux qui constituaient notre ville se sont bâtis, le chiffre de la population n'a point augmenté dans les mêmes proportions.

 

En effet, si, au dernier recensement de 1936 Brest comptait 79.342 habitants,

il est bon de rappeler que ce chiffre était déjà dépassé en 1866, où il atteignait 79.847.

 

Certes, depuis cette époque on avait vu mieux, puisqu'en 1911 on comptait au total 90.540 habitants et que, durant la guerre, bien qu'il ne fut fait aucun recensement, on put affirmer que le chiffre de 100.000 était nettement dépassé.

 

Mais tout aussitôt ce fut la chute :

en 1921 on ne retrouvait plus, au total, que 73.960 individus et, en 1926, 59.142.

 

La statistique générale nous révèle qu'une chute s'était également produite après la guerre de 1870.

En effet, si, comme nous le disions plus haut, le nombre des habitants était en 1866 de 79.847,

en 1872 il tombait à 66.272 pour ne reprendre que péniblement en 1876 avec 66.828.

 

Évidemment, il ne faut pas voir là le seul fait de la disparition des victimes de la guerre, mais surtout le bouleversement qu'apporte le douloureux événement dans la vie économique d'un pays.

 

Pour la période d'après-guerre de 1919, il nous suffirait de citer l'exode de nombreux travailleurs vers les régions libérées, où la main-d’œuvre trouvait facilement emploi et surtout la disparition des régiments de notre garnison, ainsi que l'affectation de notre escadre en Méditerranée.

Ceci ne va pas sans entraîner le départ de très nombreuses familles.

 

Relevons, pour indication, qu'en 1911 le chiffre de la population flottante était de 17.910 et, en 1921, de 9.668.

 

Il est évident que la reconstitution à Brest d'une importante escadre a puissamment contribué à faire à nouveau de notre ville un centre attractif.

 

Mais, puisqu'il s'agit de la crise du logement, notons que le nombre des maisons était en 1911 de 4.482 ;

en 1921, il n'en restait plus que 4.411 ;

il passait à 4.449 en 1931 et à 4.718 en 1936.

 

Rappelons du même coup qu'en 1911 alors que Brest comptait 90.540 habitants, les propriétaires se plaignaient de ne pouvoir louer leurs immeubles.

En 1921, au contraire, alors que le nombre des habitants avait diminué de 16.580,

la crise du logement battait son plein.

 

Elle sévit toujours bien que depuis le recensement de 1936 on ait bâti 186 nouvelles maisons.

 

Cette crise n'est pas spéciale à Brest.

Elle se fait sentir aussi vivement dans les communes suburbaines où dans les mairies, assaillies cependant de demandes d'autorisation de construire, les gens, en quête d'un logement, viennent solliciter des indications.

 

À Saint-Pierre-Quilbignon, la situation est la suivante :

En 1911, 10.582 habitants, 1.028 maisons.

En 1936, 14.233 habitants, 1.948 maisons.

 

Depuis le dernier recensement 420 nouvelles maisons ont vu le jour.

 

À Saint-Marc :

En 1911, 4.007 habitants, 610 maisons.

En 1936, 5.898 habitants, 1.131 maisons.

Depuis le dernier recensement, 304 maisons ont été construites.

 

À Lambézellec :

En 1911, 19.247 habitants, 2.036 maisons.

En 1936, 19.227 habitants, 2.554 maisons.

 

Notons qu'en 1911 le chiffre des habitants avait cette importance car il comprenait les troupes du 6e colonial, casernées à Pontanézen.

Ce régiment ayant quitté notre région, le chiffre tombait en 1926 à 16.323.

 

Ce n'est pas sans étonnement que l'on entend parler encore de crise du logement après une visite des nouveaux quartiers de Brest, Saint-Pierre, Saint-Marc et Lambézellec, qui ne cessent de se développer à un rythme précipité.

Mais les faits sont là, indiscutables.

Et il n'apparaît point, puisque ces communes constituent un centre attractif considérable,

que la situation soit près de s'améliorer.

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© 2018 Patrick Milan. Créé avec Wix.com
 

Dernière mise à jour - Mars 2022
 

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