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Fenêtres sur le passé

1939

Le corps d'une femme découvert dans une citerne
à Saint Pierre Quilbignon

Le corps d'une femme découvert dans une citerne.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 15 février 1939

 

Mlle Marie Le Coz, 36 ans, s'était mariée à Ploumilliau (Côtes-du-Nord), le 2 septembre 1924,

avec M. Désiré Le Bihan, 44 ans, premier maître mécanicien sédentaire au fort du Portzic.

 

Deux enfants étaient nés de cette union : Pierre, aujourd'hui âgé de 13 ans et Georgette, 10 ans.

 

Les époux étaient venus habiter au 2e étage d'une maison portant le numéro 48 de la route des Quatre-Pompes, en face de la route conduisant à Sainte-Anne.

 

Depuis quelque temps, le ménage était désuni.

Les enfants furent mis en pension dans le quartier de l'Harteloire et le 1er maître Le Bihan avait introduit

à la fin de janvier une demande en séparation de corps devant le tribunal.

 

Mme Le Bihan parut très affectée en apprenant cette nouvelle.

Ses voisins remarquèrent sa tristesse.

 

On la vit pour la dernière fois, dimanche 5 février, vers 15 heures 30, faire des achats au café-épicerie Lescop,

près de son domicile.

 

Elle était partie en laissant ouvertes les portes de son logement composé de deux pièces et d'une cuisine.

Son mari avait retrouvé ses vêtements et l'argent dont elle disposait à leur place habituelle.

Il avait visité la cave et s'était enquis auprès des voisins du chemin qu'avait pris sa femme en quittant l'épicerie, et, pensant, sans doute, qu'à la suite de sa demande en séparation de corps, elle avait abandonné le domicile conjugal, il avait fait faire, le 7 février, un constat par Me Brault huissier

 

Toutefois, il avait omis de signaler à la mairie de Saint-Pierre, la disparition de sa femme.

 

Les voisins s'inquiétaient. Les uns pensaient que Mme Le Bihan s'était rendue dans sa famille dans les Côtes-du-Nord, d'autres avaient le pressentiment qu'elle s'était suicidée en se jetant à la mer.

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La découverte du cadavre.jpg

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Hier, vers 13 heures 30, M. Goujon qui habite au rez-de-chaussée, 48, rue des Quatre-Pompes, alla se laver les mains au robinet d'une citerne située dans une courette en contre-bas de la rue par laquelle on accède par un escalier de fer.

 

Cette courette est flanquée de deux petits bâtiments en appentis, accolés à l'immeuble, dans lesquels se trouvent, à gauche, la cuisine de M. Goujon, à droite, un petit atelier.

Au fond, un jardin.

 

Entre l'atelier et un deuxième escalier conduisant à la cuisine de Mme Quémeneur :

la citerne recevant les eaux du toit, n'ayant qu'un mètre vingt de profondeur et autant de longueur et de largeur.

 

Cette citerne était recouverte de plaques de fibro-ciment, scellées et supportées par deux fers, distants entre eux et des parois d'environ 40 centimètres.

 

Une ouverture longue de 40x50 était seule béante pour permettre d'introduire un seau ou un arrosoir pour y puiser de l'eau.

 

Par cette ouverture, M. Goujon aperçut un morceau d'étoffe qui flottait.

Il regarda mieux et vit d'abord deux pieds, puis le corps d'une femme courbé en deux dont la tête disparaissait sous l'eau.

 

Il alerta les voisins.

Mme Quémeneur accourut la première et faillit se trouver mal apercevant le cadavre.

 

M. Goujon courut à la mairie et, accompagné du docteur Glérant, de MM. Mourain, secrétaire général de la mairie, et Rioual, garde champêtre, le maire, M. Eusen, se rendit sur les lieux.

 

Le garde champêtre et M. Goujon durent briser la plaque de fibro-ciment pour sortir le corps qui fut déposé dans la cour, où le docteur Glérant ne releva sur lui aucune trace de violence et délivra le permis d'inhumer.

 

Par téléphone, M. Mourrain prévint la préfecture maritime qui avertit la D. C. A. du Portzic.

Aussitôt prévenu le 1er maître Le Bihan accourut.

M. Eusen lui annonça avec précaution que le corps de sa femme avait été retrouvé.

 

Je pensais bien, répondit-il, qu'elle s'était jetée à l'eau.

Je l'ai déjà empêchée une fois d'attenter à ses jours.

 

Je n'aurais jamais pensé à la chercher là, dit l'officier marinier.

Comment a-t-elle pu faire ?

 

En effet, l'exiguïté de la citerne et surtout les faibles dimensions de l'ouverture laissent supposer qu'il a fallu que la désespérée monte quatre ou cinq marches de l'escalier attenant à la cuve, pour s'y laisser tomber la tête la première.

Encore a-t-il dû falloir, malgré la petite taille de la désespérée qu'elle se tint accroupie pour attendre la mort.

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Le corps est conduit à la morgue.jpg

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Quelques instants après, un fourgon des Pompes funèbres arrivait.

Les employés mettaient dans une bière provisoire le corps de Mme Le Bihan.

Son mari, seul chez lui, ne voulant pas recevoir le cercueil à son domicile, il fut conduit à la morgue du cimetière de Saint-Pierre -Quilbignon.

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La mise bière.jpg
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