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Fenêtres sur le passé

1938

Quand viendra Noël ...

Quand viendra Noël _00.jpg

Source : La Dépêche de Brest 14 décembre 1938

 

Elle débutait par ces mots cette vieille chanson qui berça notre enfance.

Mais aujourd'hui, Noël ne commence-t-il pas avec le mois de décembre ou du moins quand les baraques foraines envahissent la place Wilson ?

 

Elles sont arrivées hier et, dès la fin de la semaine, leurs haut-parleurs se chargeront d'annoncer l'ouverture de la fête !

L'arrivée d'une roulotte.jpg
Le premier cadeau.jpg

Le premier cadeau vous a été apporté par le facteur.

Si vous n'avez pas été généreux l'an dernier, le calendrier n'aura qu'une bordure rouge ou verte ;

si, au contraire, vous avez su reconnaître à son gré les mérites de l'homme de lettres qui voudrait ne vous apporter que de bonnes nouvelles, l'almanach sera bordé d'or.

 

On ne peut pas dire que le chromo qui l'orne soit une œuvre d'art.

Sa facture est toujours aussi naïve et ses couleurs aussi éclatantes, mais vous avez la chance de pouvoir consulter à l'intérieur l'heure des marées et celle des levers et couchers des astres du jour et de la nuit.

Ne chantait-on pas dans le vieil opéra-comique :

Le voyage en Chine, qu'un homme était vertueux quand il aimait à voir lever l'aurore ?

 

Ces renseignements sont, sans doute, exacts.

Méfiez-vous, par contre, pour les souhaits et vœux que vous vous croirez — malgré leur coût élevé — dans l'obligation de confier à la poste.

Ils seraient fraîchement accueillis — parce que surtaxés — si vous vous fiiez aux tarifs insérés derrière la carte des chemins de fer de votre calendrier.

 

L'administration a d'ailleurs eu la bienveillante attention de vous mettre en garde contre ce danger.

Elle vous prévient charitablement que les renseignements contenus dans son calendrier pour 1939

sont à jour au 1er juin 1938 et vous invite « à tenir compte — le cas échéant des modifications apportées par décrets

ou circulaires postérieurement à cette date. »

 

Or, vous n'ignorez sans doute pas que nous avons bénéficié, depuis, de décrets-lois et que M. Paul Reynaud

compte beaucoup sur le timbre à dix-huit sous pour remédier, en partie tout au moins,

à notre désastreuse situation financière.

En attendant le plaisir.jpg

S'il compte sur la poste, il n'oublie pas la régie à cette époque d'échanges de souhaits et de cadeaux.

 

La régie a fait un effort.

Elle présente dans de jolis coffrets ses cigares et ses cigarettes, mais elle ne les donne pas :

une boîte de 25 « Camélias » coûte 50 francs

et 25 « Magnats » dans un coffret en cuir ou en bois des îles valent 112 fr. 50.

Le « demi-londrès » à trois sous d'avant-guerre s'est, hélas ! volatilisé en fumée...

 

Restent les cigarettes.

Un assortiment de « Celtiques », « Gitanes » et « Week-end », présenté dans un coffret de cuir, vaut 40 francs,

dans une boite en bois des îles, 65 francs.

Fumer devient un vice coûteux, mais cigares et cigarettes sont toujours des cadeaux bien accueillis.

Dans les vitrines.jpg

Il est vrai qu'on a l'embarras du choix.

Les vitrines étalent partout leurs cadeaux tentateurs.

 

Il n'y a pas que pour les enfants que la féerie est commencée.

 

Si les petits font de longues stations devant les ours de peluche et les poupons réjouis, s'ils passent des heures le nez collé à la glace derrière laquelle tourne un train, les plus grands admirent les livres parés de leur reliure écarlate et de leur tranche dorée.

D'autres revoient avec plaisir Blanche Neige et ses nains qui les ont tant amusés au cinéma et aujourd'hui présentent des cravates.

Les petites filles rêvent de posséder le petit lit où dort si bien un gros poupon aux joues roses.

 

Que de lettres vont être adressées — en franchise — au Père Noël, mais, malgré la sagesse exemplaire de ceux qui formulent tant de demandes, le grand'père éternel pourra-t-il les satisfaire toutes ?

Le montage d'une baraque.jpg

Madame, sans en avoir l'air, arrête son mari devant la vitrine étincelante où sont exposés le bijou, la fourrure,

le flacon de parfum ou le sac luxueux qu'elle voudrait bien trouver dans son soulier.

 

Monsieur, lui, désigne un briquet, un stylo, une pipe ou des cravates qui lui font envie.

 

Et il en sera ainsi... pendant dix jours encore.

 

La foule défilera devant ces vitrines où tant d'objets sont placés avec art par de savants étalagistes

et chacun s'efforcera de choisir le cadeau susceptible de plaire à l'être cher et de le lui offrir

par l'entremise de ce ruineux dispensateur de merveilleux présents qu'est le Père Noël.

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