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Fenêtres sur le passé

1938

Le port de commerce
Le vieux Brest

1938 - Le vieux Brest _ Le port de commerce.jpg

Source : La Dépêche de Brest 22 novembre 1938

 

Le premier projet d’un port marchand dans l’anse de Porstrein remonte à Vauban qui l’établit à la suite d'un voyage d’études fait en 1683.

Mais il n'en est resté trace que dans certains documents où l’on en parle incidemment.

 

Le second projet de transfert du port marchand hors de la Penfeld date de 1769.

Il était dû à M. Blondeau, architecte de la marine, qui, lui, avait jeté dévolu sur l'anse de Laninon.

 

Il prévoyait une jetée de protection à l’ouest.

Au sud une longue digue-abri barrant la largeur de la baie avec, à chaque extrémité, un musoir rentrant.

Enfin, à l'est, une petite digue incurvée ayant pour but de protéger cette passe.

 

Ce fut parmi tant d'autres projets, le seul qui n'utilisât pas l'anse de Porstrein.

Mais il faillit bien être réalisé, à en juger par l'allusion qu'y fit Cambry dans la relation de son voyage à Brest en 1795 :

« On a voulu, disait-il, former un port marchand à Laninon ;

quelques marins instruits désireraient qu’on y plaçât plutôt les chantiers de construction. »

 

On renonce au plan qu'on avait formé de faire ce port de commerce sous les murs de la ville,

à l'embouchure de la rivière.

Les travaux commencés arrêtent, accumulent la vase dans cette partie et pourraient quelque jour encombrer

le canal. »

 

Le canal, pour Cambry, c'était la Penfeld.

Il envisageait, lui, une autre solution :

« Si l'on entretenait, si l'on perfectionnait le port de Landerneau, il pourrait suffire aux besoins de Brest et du commerce ; il faudrait achever ses quais et nettoyer le lit de la rivière. »

Brest port de commerce 1900.jpg

Evidemment, à cette époque, le temps ne comptait guère, mais cependant, imposer aux navires la remontée de l'Elorn n'était guère praticable.

D'autre part, il eût été exagéré d'aller débarquer à Landerneau des marchandises destinées à Brest.

 

Nous avons dit encore dans quelles conditions fut enfin créé le port de Porstrein.

Le voici représenté ci-dessus par une photo prise en 1879.

 

À cette époque, les terre-pleins ne faisaient pas défaut.

Mais si les ingénieurs avaient su voir grand en concevant leur projet, il semble bien qu'on ait, par la suite, quelque peu douté de l'avenir de ce port.

 

En effet, dès 1877, alors qu'on commençait l'aménagement des terre-pleins, on avait tout de suite décidé d'aliéner les terrains constitués avec tant de peine.

Et on les aliénait, non pas pour faciliter le trafic ou développer le commerce du port, mais pour y laisser construire des maisons d'habitation ou créer des établissements qui n'avaient aucune raison d'occuper ces lieux.

 

Ainsi, rapidement, les vastes emplacements où l'on eût pu manœuvrer à l'aise ou entreposer les marchandises débarquées se limitaient.

Et sur ces terrains gagnés sur la mer à grands frais surgit tout un nouveau quartier débordant jusque sur les jetées.

 

Bientôt il ne resta pour ainsi dire plus que les quais.

Le trafic augmentant, tout le port s'encombrait.

Tant et si bien que l'on dut créer de nouveaux terre-pleins tels que ceux de la jetée de l'Est, en arrière de la forme de radoub, de la jetée de l'Ouest, vers les bâtiments de la Santé, en empiétant sur la rade-abri.

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Un simple coup d'œil sur nos quais permet de se rendre compte de l'insuffisance des emplacements.

 

Les charbons submergent ceux du cinquième bassin avec l'éperon du quatrième.

Les fûts sont partout : le long des jetées et des bassins, sur les terre-pleins, au pied des rampes, allongés ou dressés, ils règnent en maîtres, vides et pleins, attendant toujours qu'on les roule, qu'on les charge, qu'on les emporte.

 

En 1869, quand on approuvait le projet de création du port de Porstrein, le trafic total des entrées et sorties s'élevait à 183.846 tonnes.

En 1876 on atteignait à peine 200.000 tonnes.

Mais depuis les mouvements n'ont cessé de s'amplifier.

En 1937 le trafic commercial s'élevait à 765.537 tonnes.

 

Il est évident que toutes ces marchandises eussent pu trouver place beaucoup plus aisément et la circulation devenue si intense, aurait été singulièrement facilitée si le port était demeuré tel que le représente notre photo.

 

On remarque qu'il n'y avait encore que des terre-pleins en deçà des bâtiments de la douane.

Seulement au-delà, des immeubles s'élevaient jusque sur la jetée de la Santé.

 

À cette époque, beaucoup de voiliers fréquentaient nos bassins.

Il s'en trouvait un précisément à l'éperon du 2e qui, après avoir été le poste des remorqueurs de sauvetage Iroise et Auroch, est devenu celui de l'Abeille 22.

 

Pas de rade-abri, bien entendu, puisque la construction de la grande digue ne fut entreprise que vingt ans plus tard.

L'escadre, parmi laquelle on peut discerner les formes générales des anciens, croiseurs et cuirassés, mouillait en grande rade tout comme les vaisseaux-écoles Borda, Bretagne, Austerlitz.

 

Ch. LÉGER

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