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Fenêtres sur le passé

1938

Naufrage devant le vieux Saint-Marc

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Source : La Dépêche de Brest 25 novembre 1938

 

Un dramatique accident de mer, qui a fait deux victimes, s'est produit, hier après-midi, devant le Vieux Saint-Marc.

Une pauvre femme pleure en ce moment un époux et un fils, les deux seuls êtres qui lui permettaient de vivre,

en allant journellement se livrer au dur métier de la pêche.

 

L'accident se déroula avec une telle rapidité qu'il fut impossible, malgré la promptitude des secours,

de sauver deux malheureux pêcheurs, qui furent engloutis dans les flots avec leur bateau.

 

M. Laurent Le Roy, marin pêcheur, âgé de 45 ans, domicilié 6, rue Pascal, avait un petit canot de 4 m. 60

dénommé le Lolo, qu'il avait l'habitude de mouiller, depuis trois ou quatre ans, dans le bassin du Gaz.

 

Été comme hiver, temps permettant, M. Le Roy partait pour la pêche.

Depuis quelque temps il s'était adjoint son fils, Louis, 20 ans, qui venait de terminer son service dans la marine.

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Hier matin, le temps étant suffisamment maniable, le marin pêcheur et son fils décidèrent de sortir

pour aller draguer des pétoncles sur les rives de Plougastel, près de Kéraliou.

 

Ils devaient être de retour, comme d'habitude, vers 15 heures.

 

À cet effet, et ainsi qu'elle le faisait chaque fois que les siens prenaient la mer, Mme Le Roy venait à leur rencontre,

au Gaz, accompagnée par une amie.

Elle apportait une balance, destinée à peser le produit de la pêche, vendu au fur et à mesure aux passants

ou aux habitants de son quartier.

 

Près du bassin du Gaz, les deux femmes attendaient donc le retour des pêcheurs, qu'elles avaient aperçus, depuis un certain temps, louvoyant et se dirigeant vers Saint-Marc.

 

L'amie de Mme Le Roy assistait aux évolutions du Loto lorsque,

vers 14 h. 30, le ciel s'obscurcit, devenant menaçant.

Un fort grain s'abattit brusquement, suivi d'une violente rafale.

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Les femmes avaient toujours les yeux fixés sur la barque de pêche quand, tout à coup, l'une d'elles s'écria :

« Lolo vient de chavirer ! »

 

Tandis que Mme Le Roy s'écroulait, en pleurs, sa compagne courut alerter un ami des pêcheurs,

M. François Lavoquer, propriétaire d'un canot avec moteur et qui se tenait près du bassin des yachts.

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M. Lavoquer que nous pûmes interroger dans la soirée, nous fit la déclaration suivante :

 

Je m'apprêtais à partir, avec mon matelot Jean Le Moal, quand une femme est venue me prévenir

que le bateau de M. Le Roy venait de couler.

 

Aussitôt, je me suis rendu dans la direction qu'on m'avait signalée, en longeant la côte.

 

En passant devant Trischler, des jeunes gens qui avalent également assisté à l'accident,

firent signe de la main pour m'indiquer le lieu approximatif du naufrage

 

Hélas ! En y arrivant — j'étais le premier — je n'ai trouvé aucune trace du « Lolo » ni de ses occupants.

J'ai effectué des recherches une heure durant.

Mon malheureux camarade et son fils ont dû être entraînés

aussitôt avec leur bateau et frappés de congestion, ont coulé à pic.

 

Leurs corps sont vraisemblablement restés accrochés

parmi les fonds rocheux existant à cet endroit.

 

Par suite de la marée, le courant était très fort.

Au moment de l'accident le vent soufflait d'ouest-nord-ouest.

 

M. Lavoquer ajoute :

 

J'ai recueilli un aviron.

C'est tout ce que j'ai retrouvé du « Lolo », disparu corps et biens.

 

Nous devions apprendre, par la suite, que des matelots du pilotage, qui avaient également participé aux re cherches,

découvrirent le béret du fils et la casquette du père.

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*

**

 

Du café Bastard, sur la route de Saint-Marc, en face duquel,

a environ 500 mètres, s'était produit le naufrage, on avait prévenu téléphoniquement la mairie de Saint-Marc qui, immédiatement alerta la préfecture maritime.

M. Serré, chef du pilotage, que l'on avait également avisé, envoya une vedette de la station.

 

Trois ou quatre bateaux de pêche prirent part aux recherches.

Celles-ci n'aboutirent à aucun résultat.

 

Comme nous le disions plus haut, les matelots pilotes repéchèrent tout simplement une casquette et un béret.

 

M. Gestin, adjoint-maire de Saint-Marc, accompagné des gardes-champêtres Pouliquen et Garcin, assistèrent aux diverses investigations.

Ce pénible accident a jeté la consternation parmi les habitants du quartier, où M. Le Roy et son fils étaient sympathiquement connus.

 

Nous prions Mme Le Roy d'agréer nos sincères condoléances.

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Source : La Dépêche de Brest 8 décembre 1938

 

On se rappelle le pénible accident de mer qui, dans l'après-midi du 24 novembre, coûta la vie à MM. Le Roy père et fils, dont la barque avait coulé en face et à environ 500 mètres de la grève du vieux Saint-Marc.

 

Après 13 jours, la mer a rejeté sur la grève, hier matin, non loin du lieu du naufrage,

entre la pointe de Kerangall et les cabines de bain, le cadavre de M. Laurent Le Roy, âgé de 45 ans.

 

Il était parti, comme chaque jour, ce jeudi 24 novembre, sur son canot de 4 m. 60, le Lolo,

qu'il mouillait depuis 3 ou 4 ans au bassin du Gaz.

Il ventait fort, mais il était accompagné de son fils Louis, âgé de 22 ans, qui venait de terminer son service dans la marine et en avait vu d'autres.

 

— Nous n'allons pas loin, avaient-Ils dit à Mme Le Roy ;

le temps de draguer quelques kilos de pétoncles à Kéraliou, sur la rive gauche de l'Elorn, où ils abondent,

et nous serons revenus à 15 heures, au plus tard.

Viens nous attendre au Gaz.

 

Sa balance à la main, prête pour la vente de la récolte promise de coquillages, Mme Le Roy, dès 14 h. 30, était, avec une amie, au rendez-vous, près du bassin des yachts.

 

Elles reconnurent bientôt le Lolo qui manœuvrait dans un vent assez violent d'ouest-nord-ouest.

Tout à coup, une averse mêlée de grêlons se mit à tomber.

Une forte rafale fit chavirer la barque.

Les deux femmes virent, avec effroi, le Lolo disparaître sous les flots.

 

Mme Le Roy poussa un cri et s'affaissa sans connaissance.

Son amie courut prévenir M. Lavoquer qui sauta dans son canot à moteur et se dirigea vers l'endroit où on avait cru voir disparaître le Lolo.

 

Aidé de vedettes du pilotage, d'un remorqueur de l'État, de bateaux de pêche, on chercha, on attendit, en vain, pendant deux heures, que les corps des deux disparus remontent à la surface.

On ne trouva, hélas ! qu'un aviron, la casquette du père et le béret du fils !

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Le lendemain, à marée basse, le mât du Lolo émergeait.

Des pêcheurs, amis de M. Le Roy, purent avec leurs canots, dans l'après-midi, remettre à flot la barque.

On pensait que les corps, prisonniers des filins ou des voiles, s'y trouvaient peut-être.

Espoir déçu, la mer gardait sa proie.

Qui sait où, transportés par les courants, échoueraient les disparus ?

 

Hier matin, vers 8 heures, M. Kerjean, qui habite rue de Dixmude à Saint-Marc, cherchait des coquillages.

Il aperçut, sur le bord de la grève, le cadavre de M. Le Roy père et courut prévenir la mairie de Saint-Marc.

 

MM. Le Guen, adjoint au maire ; le docteur Aubry, les gardes champêtres Pouliquen et Garcin, bientôt suivis des gendarmes Laot et Le Gouill, procédèrent aux constatations médico-légales et la famille fut prévenue de la découverte du corps de M. Le Roy père et la mise en bière eut lieu sur la grève.

 

À 11 h. 30, dans un fourgon des pompes funèbres, le cercueil fut ramené 6, rue Pascal, au domicile de Mme Le Roy à qui nous renouvelons nos sincères condoléances.

 

 

Source : La Dépêche de Brest 14 décembre 1938

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