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Fenêtres sur le passé

1938

Une maison hantée à Pontanézen

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Source : La Dépêche de Brest 26 novembre 1938

 

Grand émoi parmi les habitants des maisons bordant le chemin, actuellement en réfection, conduisant de Lambézellec à la route passant derrière la caserne de Pontanézen.

 

À une centaine de mètres de cette caserne, dans une maison composée d'un rez-de-chaussée et de deux étages

avec greniers, précédée d'une cour fermée par une grille, quatre familles vivent, depuis mardi, dans des transes.

Une panique collective s'est emparée des locataires et gagne les voisins ;

à intervalles irréguliers, jour et nuit, on entend des bruits insolites, coups de pied et de poing,

frappés avec violence sur les cloisons et portes, qui se ferment subitement sur le dos des visiteurs,

qui se sauvent effrayés, sans parvenir à déceler la présence de qui que ce soit dans les escaliers.

 

C'est au deuxième étage que l'esprit frappeur fait des siennes, particulièrement dans les logements situés

sur le même palier, occupés, d'un côté par Mme Corre et sa fille, Mme Calvez ; de l'autre, par Mlle Saout.

 

Les habitants des maisons voisines sont venus visiter l'immeuble, appartenant à M. Botcazou, de fond en comble.

MM. Victor Hamon et Joseph Gabon ont courageusement tout fouillé, visité les greniers où ils n'ont trouvé

qu'un vieux chapeau ;

grimpé sur le toit, où ils ont constaté que le vent avait enlevé quelques ardoises,

mais n'ont pas découvert la moindre trace de « fantômes ».

 

Cependant, les bruits se font toujours entendre et hier, à 16 heures, M. Guédès, boucher,

qui habite non loin de la maison hantée, les a entendus.

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Il était venu, au début de l'après-midi, voir Mmes Corre et Calvez.

Il se tenait près d'une porte ouverte de la chambre du deuxième étage, Mme Calvez lui narrait ses frayeurs quand,

sur la cloison, furent frappés trois coups violents.

Au moment où M. Guédès se retournait, la porte se referma brutalement et il faillit être renversé.

Il sortit sur le palier, regarda dans l'escalier, il n'y avait personne.

Il se rendit en hâte au commissariat de police de Lambézellec et mit M. Verrier au courant de ce qui se passait

dans la maison hantée.

 

Sceptique, M. Verrier accompagna cependant. M. Guédès et quand il arriva hier, à 16 heures, à Pontanézen,

la cour et l'escalier étaient envahis par de nombreux curieux :

Pendant l'absence de M. Guédès, quatre nouveaux coups avaient été frappés à la cloison du premier étage.

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Ce que dit Mme Calvez.jpg

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Mme Calvez est affolée.

Depuis mardi, elle ne dort plus, ne mange plus et croit que ces successives émotions vont lui donner

une maladie de cœur.

 

Sa mère, Mme Corre, a son logement au premier étage, où couche Mme Calvez.

Elle possède, au deuxième, une chambre légèrement mansardée.

 

C'est mardi matin à 10 heures, que les bruits ont commencé, dit-elle.

Nous étions Mlle Saout, ma mère et moi assises autour de cette table quand nous entendîmes frapper

trois coups à la porte.

 

Ensemble ma mère et moi criâmes : « Entrez ».

Par deux fois on refrappa trois coups. Je me levai. J'ouvris la porte.

 

Il n'y avait personne sur le palier.

Nous fûmes intriguées, mais pas encore effrayées.

 

Dans la soirée, des coups furent frappés en différents endroits sur les cloisons, sur les portes.

Transies de peur, nous n'osâmes bouger.

 

Mon père était rentré. Jusqu'à onze heures du soir, de temps à autre, les bruits reprenaient.

Je ne pus fermer l'œil de la nuit.

 

Le lendemain, on frappa de nouveau.

Les voisins avaient entendu les coups de plus en plus vibrants ;

tenez aussi fort que cela. (Mme Le Calvez frappe à coups de poing sur la table).

 

On visita la maison de fond en comble.

On ne trouva rien sous les lits, ni aux greniers, ni sur le toit.

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Je fis demander le curé.

L'abbé Croissant, de Lambézellec, est venu aussitôt et, en sa présence, des coups furent encore frappés à la cloison.

Il les a nettement entendus.

Alors il a parcouru toutes les pièces de l'immeuble, les a bénites et a dit des prières, mais les bruits ont recommencé, les portes se ferment toutes seules et MM. Philéas et Guédès ont failli être renversés par leur fermeture brusquée.

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— Ne serait-ce pas un courant d'air qui aurait fermé les portes,

le vent en secouant un volet qui aurait fait croire à des coups frappés?

 

— Oh non!

C'est autre chose.

Quelqu'un qui nous en veut, de la magie, du spiritisme, de la chimie (sic) que sais-je?

 

— Ne serait-ce pas plutôt un farceur qui s'amuse assez intelligemment de vos terreurs?

 

— Ah! Vous ne croyez pas.

Je vais vous fournir une preuve.

Descendons.

 

Au premier étage, on pénètre à la suite de Mme Calvez, dans un cabinet attenant à la chambre à coucher.

Une porte ouvre dans le couloir, une étagère est fixée au mur, perpendiculairement à la porte.

 

— Tenez, poursuit Mme Calvez, vous voyez ce verre brisé.

Il était posé là sur l'étagère.

Les coups frappés sur cette porte ont été si violents qu'ils ont ébranlé l'étagère et que le verre en tombant s'est brisé.

 

On procède à une expérience.

Quel qu'un sort sur le palier.

À coups de pied et de poing, il cogne très violemment sur la porte.

Les objets placés sur l'étagère ne bougent pas

 

Un garde champêtre a, pendant ce temps, visité la maison.

Il revient sans avoir remarqué rien d'anormal.

 

Le mauvais esprit n'aime pas la foule qui, maintenant, a envahi l'escalier, il ne se montre pas.

 

Mme Calvez met un manteau à col de fourrure, un élégant chapeau et sort, après avoir ravivé d'un coup de crayon rapide, le rouge de ses lèvres :

— Je ne veux plus coucher ici, dit-elle, Je mourrais de frayeur.

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Ce que pensent les voisins.jpg

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M. Guédès, le boucher, confirme qu'il a entendu les coups frappés sur la cloison et a reçu la porte dans le dos,

sans voir personne.

Il croit qu'une des locataires de l'immeuble pourrait bien être la mystérieuse coupable de ces plaisanteries

d'un goût douteux.

 

C'est l'avis de deux jeunes gens, que le commissaire de police entendra plus longuement aujourd'hui.

 

— Pour moi, dit une grosse dame, elles tirent sur des ficelles pour actionner des marteaux et fermer les portes.

 

— Mais mol, j'ai entendu les coups dans les cloisons, dit une jeune fille.

J'étais avec elles dans la chambre et aucune n'a bougé.

 

Tout le monde rit et à part quelques personnes convaincues qu'il y a là dessous quelque sortilège,

les autres croient à de mauvaises plaisanteries.

 

M. Verrier pense que l'esprit frappeur sera dorénavant plus prudent et s'il ne cessait son petit manège,

il croit pouvoir, dès aujourd'hui, le découvrir.

 

Que les locataires de la maison hantée se rassurent, l'esprit frappeur a dû comprendre hier qu'elle était découverte.

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