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Fenêtres sur le passé

1938

Joseph Caffarelli
" Un fanatique de l'honneur "

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Source : La Dépêche de Brest 5 et 6 novembre 1938

 

Nous avons dit combien fut intéressante la remarquable conférence faite

par le médecin général Avérous, du cadre de réserve, membre correspondant

de l'Académie de Marine, à l'occasion de la séance inaugurale des cours

de l'École annexe de médecine navale.

 

Le médecin général Avérous fit revivre une grande figure de la Marine impériale :

Marie-Joseph Caffarelli, né au Falga, dans la Haute-Garonne, le 21 février 1760.

 

Caffarelli, après des fortunes diverses, devint l'ami de Bonaparte.

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Nous voici en l'an VIII.

 

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Médecin général Avérous

L'ingénieur Forfait, dit le médecin général Avérous, appelé au ministère de la Marine et des Colonies,

réorganisait alors la Marine.

C'est sur les conseils de Caffarelli qu'il divise le littoral de la France en six arrondissements maritimes avec,

à la tête de chacun d'eux, un officier général appelé préfet, pris indistinctement dans le corps combattant

ou dans le corps administratif par le premier consul « exclusivement en raison de ses talents supérieurs ».

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Le premier préfet maritime de Brest.jpg

 

Ce préfet est assisté d'un chef militaire chargé de la garde du port et des forts , qui en dépendent,

d'un chef des constructions navales, d'un chef des mouvements du port et d'un chef d'administration.

 

Le délégué du ministre dans les ports réunissait désormais les pouvoirs répartis auparavant entre l'autorité militaire

et l'autorité civile, entre le commandant de la Marine et l'intendant.

 

Le 20 juillet 1800, Bonaparte nomme Joseph Caffarelli préfet maritime à Brest, premier port de la République.

 

« Ce choix, écrivait Forfait, ne peut que préparer des succès à la Marine régénérée. »

 

Caffarelli arrive à Brest le 10 août 1800.

Il s'installe à l'Hôtel de l'Intendance et donne l'Hôtel Saint-Pierre, actuellement préfecture maritime,

comme résidence à son chef militaire et à son chef d'administration.

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Le grand désordre.jpg

 

Il réunit les directeurs et leur demande de lui présenter leurs idées, « pour que, par un concert unanime de volontés et d'intentions, tous s'empressent de concourir à la prospérité de la Marine ».

 

Quelle différence entre l'arsenal qu'il a connu au moment des grands armements pour la guerre d'Amérique

et celui d'aujourd'hui qui se trouve dans l'abandon le plus complet !

 

Aux magasins : cordages, câbles, goudron, chanvre, bois font défaut.

Tout n'est que désordre et laisser-aller.

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Aux ateliers, les contremaîtres sont sans autorité, les ouvriers, trop nombreux, adonnés à la paresse.

On les rencontre les bras croisés ou, abusant de la permission d'emporter chez eux des copeaux, pour se chauffer, occupés

à faire des provisions de bois qu'ils revendront ensuite.

 

L'état des quais, des cales de construction,

des immeubles est pitoyable.

 

Au point de vue administratif, c'est le chaos :

On néglige les absents,

on ne tient aucun compte des matières employées.

 

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Le magasin général délivre à tout venant :

« On prend, on rend, on change, on donne ».

Un exemple :

On harcèle le préfet maritime de demandes de feuillard ; il se rend en magasin et en découvre 3.700 kilogrammes.

 

La surveillance du port est négligée, l’absence de clôture en maint endroit permet

d'y jeter des matières Inflammables.

 

Les désertions dans les équipages dépassent la centaine par décade.

 

Les évasions des forçats sont de plus en plus fréquentes depuis qu'on a cessé de punir d'une amende les argousins.

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Sur rade, près des bâtiments de l'escadre espagnole de l'amiral Gravina sont mouillés ceux du général La Touche, chargé de la défense.

Ils sont si faiblement armés qu'ils ont à peine assez d'hommes pour la manœuvre des canons.

Ils n'ont même pas à bord trois jours de biscuit.

Ils sont rejoints par les vaisseaux que le premier consul fait armer dans le plus grand secret pour transporter

en Égypte, sous la conduite de Ganteaume, le corps expéditionnaire du général Sahuguet.

Ces navires n'ont que de mauvais grelins, des câbles usés, des embarcations en mauvais état ;

un coup de vent les jetterait à la côte.

Il leur manque 4.807 hommes, 744 officiers mariniers y font le service des matelots.

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Un arrêté vient de prescrire la mise en réforme des officiers qui, pendant

trois années consécutives n'auront pas été appelés sur les listes d'activité.

« La misère a réduit nombre d'entre eux à vendre leurs effets,

certains à solliciter la bienfaisance ;

il y en a qui lavent leur linge, d'autres tiennent des boutiques, quelques-uns,

pour avoir de l'argent, achètent leur tour de garde, honteux de paraître ».

 

« La discipline navale s'est perdue, écrit le préfet maritime au ministre ;

les lois portent toutes l'empreinte révolutionnaire, elles établissent des jurys

dans lesquels, sous prétexte d'égards à l'accusé,

le supérieur est toujours compromis à l'égard de l'inférieur. »

 

Chaque jour des officiers sont insultés par des matelots.

 

Les approvisionnements du port en vivres sont insuffisants :

la subsistance n'est assurée que pour onze jours.

 

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Honoré Joseph Antoine Ganteaume

Par mer, le ravitaillement est impossible : l'escadre de l'amiral anglais Cornwallis bloque les chenaux d'accès.

 

Par terre, les arrivages sont des plus irréguliers. 

Et il faut cependant nourrir 45.000 rationnaires.

 

Le pillage d'ailleurs est organisé sur une vaste échelle ;

les abus sont étonnants :

Des enfants au berceau figurent sur les rôles des marins à la Cayenne ;

leurs mères, appartenant parfois aux premiers rangs de la société, sont inscrites sur les rôles des ateliers de la voilerie afin de recevoir un salaire d'ouvrières.

 

Dans les quartiers, les rôles sont si mal tenus qu'un grand nombre d'inscrits échappent aux levées.

 

Comme la situation financière est désastreuse, les fournisseurs réclament en vain le règlement de leurs créances.

Le crédit public est gravement atteint.

Pour le ranimer, Caffarelli préférerait qu'on payât d'abord ;

les dettes anciennes et non les plus récentes ;

mais l'obligation est formelle de suspendre le paiement de toute dépense antérieure à l'an VIII.

 

Telle est la situation tragique du premier port de la République.

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Tout cela va changer, car le nouveau préfet se met à l'œuvre résolument.

Il prend de telles mesures que dès le 5 fructidor Forfait lui écrira :

« Je vois avec satisfaction, que je dois vous communiquer, qu'à peine investi de vos nouvelles fonctions,

vos regards et vos soins se sont déjà étendus à toutes les parties du service et, par les dispositions

que vous avez déjà faites, j'ai la certitude que les opérations du port de Brest recevront par vous l'impulsion d'activité que désire le premier consul ».

 

D'une énergie et d'une volonté surprenantes sous l'apparence d'une santé délicate, travaillant en moyenne

12 à 15 heures par jour, écrivant lui-même toute sa correspondance, Caffarelli étudie sur place avec les directeurs

les améliorations à apporter dans les services.

Il rend ces directeurs responsables de la présence des ouvriers sur les travaux, de l'exécution des ouvrages et des dépenses engagées.

Soutenant toujours leur autorité, les entraînant par l'exemple, il obtient de tous le concours le plus actif.

 

S'il rencontre des résistances, il est résolu à les vaincre.

Des officiers de vaisseau parcourront les ateliers.

« On criera, écrit-il au premier consul, contre ces visites faites par des officiers de vaisseau comme une violation des principes d'État, mais je suis préparé, et le bien du service me fera braver les cris.

Mais j'ai le droit de réprimer, citoyen consul, sans avoir le droit d'être trop sévère :

il m'en coûte de punir des hommes auxquels il est tant dû et qui se dédommagent en faisant des copeaux

un objet de gain ».

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Les gardiens changeront de poste chaque jour, le poste leur sera attribué par tirage au sort.

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Aux travaux maritimes, le travail à la journée est remplacé par le travail

à l'entreprise par adjudication au rabais.

 

Les rôles de la Cayenne et de la voilerie sont révisés.

 

Pour activer les levées d'inscrits, une commission de deux officiers de vaisseau et de deux officiers de santé parcourt l'arrondissement et réforme les non-valeurs.

 

Et comme il est des places d'administrateurs « qui valent, dit-il, des canonicats », il fait permuter sous-commissaires et commis des quartiers avec ceux

des détails du port.

« Les nouveaux venus, dit-il, auront dans leurs fonctions le zèle

des nouveaux prêtres, et j'en profiterai ».

 

Pour découvrir enfin les connivences entre « malveillants français et étrangers », surveiller les salles de jeux en ville, empêcher les duels d'officiers,

il obtient de Fouché l'envoi à Brest d'un commissaire spécial de police.

 

Une de ses préoccupations reste celle du ravitaillement.

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Denis Decrès

Ministre de la Marine

La côte bretonne est étroitement surveillée par les Anglais :

Ils mouillent en baie de Douarnenez, qu'on appelle communément baie des Anglais, ils descendent à l'île de Sein comme chez eux.

 

À la date du 19 Vendémiaire, an IX, 100 voiles, sur lesquelles les denrées s'altèrent, sont bloquées à l'entrée de la Loire, une soixantaine à Bénodet ;

sur 17 bâtiments qui viennent de quitter Quimper après déchargement, 13 ont été pris ou brûlés par l'ennemi

à l'entrée de l'Aven, la négligence des guetteurs privés même de lorgnettes, n'ayant pas permis aux détachements d'infanterie d'arriver à temps pour les secourir.

 

Caffarelli supprime les grands convois ;

il organise des divisions dont il confie la direction à un officier jeune et entreprenant, le capitaine Le Bozec ;

celui-ci les conduira à Bénodet, d'où le transport des denrées se fera par terre jusqu'à Brest.

 

C'est à la constante activité et à l'intelligence de ce brave officier que le port et la ville

devront leurs approvisionnements.

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Après avoir réorganisé l'arsenal de Brest, rénové la marine, Caffarelli, en collaboration avec

le comité de salubrité navale, apporta ses soins éclairés au recrutement des officiers de santé.

II fut « le protecteur de l’École de santé de Brest »

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Le médecin général Avérous s'exprime ensuite.

 

Les absorbantes fonctions de sa charge n’empêchaient pas Caffarelli d’apporter au maire Pouliquen son concours

dans les travaux d’embellissement de la cité.

Il appuyait une demande de la municipalité tendant à l’ouverture d’une seconde porte de ville,

fournissait des corvées de forçats pour les travaux de terrassement de la place de la Liberté (Champ de Bataille)

et du cours de la Réunion (cours Dajot), qui s'arrêtait alors au bas de la rue saint-Sébastien (rue Voltaire)

et dont le prolongement avait été décidé jusqu’aux murs du Château.

Il chargeait le jardinier botaniste Laurent de la plantation des arbres de ces promenades ;

il faisait préparer dans l'arsenal les rambardes fer qui entourent le Champ de Bataille, ainsi que les pierres de taille

du soubassement des statues de « Neptune » et de l’ « Abondance », accordées par le gouvernement consulaire

à la commune de Brest.

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Le 22 Septembre 1801, sur invitation du maire, en présence des troupes rangées en bataille et de la population, Caffarelli scellait la première pierre

de la statue de l’ « Abondance » aux accents de la Marche de Marengo exécutée par les musiques réunies et de l’Hymne de la liberté,

chanté par les artistes du théâtre.

 

Le 18 brumaire suivant, l'amiral Grayina et l'amiral Villaret-Joyeuse inauguraient la statue de « Neptune » .

 

Secondant à la fois les vues du gouvernement et le vœu des habitants, Caffarelli restituait aux paroisses du département les cloches

que le Comité de salut public avait fait transporter à Brest pour être converties en canons ou en monnaie de billon.

 

En remerciement de son concours, la ville faisait don à la marine

d'une statue d’ « Amphitrite », provenant de la cascade de Marly.

Le préfet maritime la faisait dresser sur la fontaine de la place

du Magasin général.

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Neptune Brest.jpg

Neptune

Cours Dajot

Les transformations de l'Arsenal.jpg

 

C'est le 23 avril 1803 que furent commencés, sur les plans de l'ingénieur des travaux maritimes Tarbé de Vaux-Clair, les travaux de la quatrième forme de Pontaniou et les travaux de l'agrandissement de l'arsenal.

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Caffarelli acquérait les terrains compris entre la Penfeld et l'ouvrage à corne

de Quéliverzan, et ceux nécessaires pour clôturer l'arsenal du côté du Bouguen et continuer les murs d'enceinte jusqu'au bastion d'Artois.

Il faisait démolir la Tour Blanche et la Tour Noire qui n'avaient plus raison d'être, relever les quais et cales sur les deux rives de la Penfeld et entreprendre

des travaux d'excavation derrière les bâtiments adossés au rocher où,

faute d'air et de lumière, les matériaux s'altéraient.

Il gagnait ainsi 60.000 mètres carrés derrière le magasin général.

Les déblais transportés plus haut que l'arrière-garde furent coulés en rivière pour former une « digue » ou « île factice », destinée à servir de dépôt et accumuler

les eaux douces en amont.

Le mélange de ces eaux et de l'eau de mer, mortel pour les tarets,

allait permettre l'établissement de vastes parcs à bois.

 

Le 13 Floréal an II, Caffarelli recevait du premier consul, en récompense de la façon brillante dont il avait accompli ses devoirs, une gratification de 15.000 fr.

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Statue d'Amphitrite

Jours sombres.jpg

 

Mais déjà la guerre s'annonçait : l'Angleterre allait rompre le traité d'Amiens.

 

Brest avait voté le Consulat à vie pour Bonaparte par 11.369 voix contre 614.

Deux jours après, le 17 mars 1803, le canon tonnait en baie d'Audierne.

Contrairement au droit des gens, sans attendre la déclaration de guerre, deux frégates anglaises,

battant traîtreusement pavillon français, s'emparaient du brick La Jeanne et d'un chasse-marée.

 

La guerre prit un caractère national, on vit se renouveler comme en 1792 les dons patriotiques.

Les départements, les villes offrirent un bâtiment en rapport avec leurs ressources ou à défaut une somme d'argent.

Brest remit 30.000 fr. au gouvernement.

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Afin d'activer les travaux de l'arsenal, Caffarelli faisait surveiller les ateliers

par des officiers de vaisseau, et la mise à l'entreprise par association d'ouvriers remplaçait le travail à la journée ; on confiait à une équipe l'exécution d'un travail déterminé pour une somme fixée d'avance et indépendante du temps employé.

Pour coordonner les efforts, il demandait à Decrès la nomination d'un officier général exerçant dans l'arsenal en son absence l'autorité préfectorale :

« Si Je porte l'épouvante une fois par jour dans le port, lui écrivait-il, à peine suis-je dehors que je n’ai qu’une faible garantie que l'activité que j’ai imprimée se soutient.

Je suis sûr que je ne pénètre dans le port à quelque heure que ce soit, déguisé

ou en uniforme, qu'on ne le sache à l'autre extrémité ;

et les ouvriers postent pour cela des enfants qui les avertissent.

Il m'est arrivé de faire voyager mon canot dans le port pour faire croire que J'y étais ».

 

Tout en reconnaissant la nécessité de cet officier général, Decrès ne l'accorda pas.

 

Louis-Thomas_Villaret_de_Joyeuse,_vice-amiral_(1750-1812).jpg

Vice Amiral Villaret de Joyeuse

Les désertions et les évasions de forçats de plus en plus fréquentes semblaient prouver la présence de complices

de l'ennemi dans la place :

Le 1er Janvier 1804, le feu éclatait dans l'arsenal à bord du Patriote amarré sous la corderie.

Naturellement on incrimina les forçats employés à bord.

Caffarelli pensa plutôt que le crime avait été suggéré pour tout autre motif que le vol ou l'évasion,

seuls mobiles des forçats et l’attribua à nos ennemis qui voulaient incendier l'arsenal.

Son opinion fut bientôt confirmée :

un ouvrier de l'artillerie, nommé Marchand, signalé autrefois comme suspect, se trouva compromis.

Il fut arrêté, jugé, condamné et exécuté séance tenante.

 

Quinze jours après l'arrestation de Marchand, un jeune homme, nommé Gallières se suicidait dans la Grand'rue.

On trouvait sur lui un papier dans lequel il exprimait son regret de n'avoir pas tué le préfet.

 

Caffarelli se trouva dans l'obligation de veiller à sa sécurité personnelle ;

aussi prit-Il la précaution de ne sortir qu'accompagné.

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La proclamation de l'Empire.jpg

 

Le 13 Prairial an XII, à midi, dans la grande salle de l'hôtel Saint-Pierre, le préfet maritime donnait connaissance aux officiers civils et militaires du sénatus-consulte nommant Bonaparte empereur des Français.

Il prêtait le serment de fidélité le premier.

Les chefs de service et les officiers l'imitaient.

L'après-midi les troupes, et le lendemain les ouvriers le prêtaient à leur tour.

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Quatre ans de travail ininterrompu avalent altéré la santé délicate

de Caffarelli ; sur les conseils pressants des médecins et l'affectueuse insistance de l'Empereur, il se décida à prendre un congé thermal.

 

Il quitta Brest le 4 juillet 1804, remettant son service à Bouvet.

 

Pendant son congé, il assista aux fêtes du couronnement et reçut de l'Empereur une médaille d'or commémorative ;

à son retour à Brest, il présenta les aigles aux troupes,

réunies sur la place du Magasin général, au milieu de l'enthousiasme

de la foule et des cris répétés de :

« Vive l'Empereur ! »

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L'œuvre capitale de Caffarelli fut sans doute d'avoir rendu au port de Brest sa primauté.

 

En 1810, l'Empereur le nommait comte de l'Empire et l'attachait à la section marine du Conseil d'État.

 

Caffarelli fut enfin nommé membre de la Chambre des pairs.

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La création de l'école navale.jpg

 

C'est alors qu'à la suite d'un rapport de Caffarelli est créée l'Ecole navale, sous le nom d'« École spéciale de la marine » :

300 élèves sont répartis sur le Tourville, à Brest,

et autant sur le Duquesne, à Toulon.

On sait que Decrès eût préféré l'École à terre.

 

— M. le ministre, lui dit l'Empereur, vous me proposez de mettre

une école de marine à terre, c'est comme si vous me proposiez de mettre

une école de cavalerie sur un vaisseau.

— Oh ! pas du tout Sire.

 

— Au contraire, tout à fait, répondit l'Empereur ;

connaissez-vous un moyen d'élever ces enfants sous l'eau ?

— Non Sire.

 

— Alors jusqu'à ce que vous ayez trouvé ce moyen, nous les élèverons sur l'eau.

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François Joseph Bouvet

Pour ravitailler Brest.jpg

 

Les travaux du canal de Nantes à Brest traînaient en longueur.

Certains le déclaraient insuffisant pour ravitailler un port tel que Brest, d'autres soutenaient

qu'on pouvait construire ailleurs, à Nantes, à Saint-Nazaire, Paimboeuf, Saint-Malo par exemple.

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Napoléon consulta Caffarelli.

Dans un rapport très étudié, celui-ci établit que la Loire,

par ses affluents et les canaux la reliant au Rhône, au Rhin,

à la Seine, à l'Escaut, est le grand collecteur où peuvent arriver

les produits français et étrangers.

Le canal le prolongerait jusqu'à Brest ;

il démontra comment, par une rotation de convois bien comprise,

il assurerait en toutes circonstances le ravitaillement du port de Brest.

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Et Decrès transmettant ce rapport ajouta :

Canal Nantes à Brest.jpg

Canal de Nantes à Brest

« Ce canal permettrait de ravitailler une escadre de 45 vaisseaux et de 15 frégates ;

de construire 3 vaisseaux et une corvette et de refondre autant de bâtiments ».

 

Quant aux constructions à faire dans les autres ports, il faut y renoncer, elles coûteraient cinq fois plus cher.

 

Nommé plus tard membre de la commission mixte des travaux publics et chargé des travaux maritimes.

Caffarelli s'applique à faire aboutir les projets du directeur Trouille, relatifs aux constructions du port de Brest.

 

Caffarelli mourut le 14 avril 1845.

Il fut vraiment, ainsi que le dit Napoléon :

« Un fanatique de l'honneur ».

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