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Fenêtres sur le passé
1938
Inauguration des canots de sauvetage à Ouessant
Source : Annales du Sauvetage Maritime
2e semestre 1938
Le dimanche 24 juillet ont été solennellement célébrés les baptêmes des canots de sauvetage des stations d'Ouessant, placées l'une à Lampaul sur la côte Sud, l'autre au Stiff sur la côte Nord.
C'est à Lampaul que s'est déroulée cette belle cérémonie.
Son Excellence Monseigneur Duparc, évêque de Quimper et de Léon, ayant été dans l'impossibilité de venir lui-même bénir nos canots, avait confié cette mission à Monseigneur Cogneau évêque auxiliaire.
Le Vice-Amiral Devin, Commandant en Chef la 2e Région Maritime, retenu loin de Brest en raison de sa mission près des Souverains Britanniques, avait bien voulu autoriser nos invités à prendre place à bord du torpilleur Chacal qui portait en tête de mât la marque du Contre-Amiral Ven, Major Général.
Le Conseil d'Administration de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés était représenté par le Vice-Amiral Berthelot.
Le journal la Dépêche de Brest a publié dans les termes suivants le compte rendu de son correspondant :
Les cheminées du Chacal fument.
De nombreux passagers viennent de prendre place à bord.
Le contre-torpilleur doit les conduire à Ouessant pour la double inauguration des canots de sauvetage Ville-de-Paris et Amiral-Rigault-de-Genouilly.
Le ciel est pur et cependant un épais bouchon de brume ferme le goulet et noie le Portzic.
En route !
À tribord la garde s'est rangée.
Elle salue au passage le cuirassé amiral Provence.
Le courrier d'Ouessant, l’Enez-Essa, qui a organisé à cette occasion une promenade dans l'île, est déjà parti, passerelle et pont chargés d’excursionnistes.
Il est loin lorsque le Chacal sort des jetées.
Pas de vent.
La mer est d'un calme absolu.
L'étrave trace son sillon qui paraît s'approfondir tandis que la vitesse augmente.
Le Portzic !
La brume a disparu.
Le soleil brille de tout son éclat.
À bord, la plupart des passagers se dirigent vers l'avant.
Dans le poste d'équipage, spécialement aménagé pour la circonstance, la messe va être dite par M. l'abbé Hall, aumônier de l'École navale, en présence de Mgr Cogneau, évêque auxiliaire de Quimper.
Le Chacal a les jambes longues.
Il a tôt fait de rattraper l’Enez-Essa et de le laisser dans son sillage.
Aucune houle n'a encore troublé cette traversée à la hauteur des Pierres Noires.
Devant la Jument, le clairon rappelle « Aux couleurs ».
Le contretorpilleur va s'orner du grand pavois pour la circonstance.
Voici la baie de Lampaul.
Près du Corce, trois canots de sauvetage à moteurs de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés :
Nalie-Léon-Drouin, du Conquet ;
Coleman, de Molène ;
Amiral-Rigault-de-Genouilly, du Stiff, évoluent dans l'attente des passagers du Chacal qu'ils vont conduire à terre.
Ils sont superbement pavoises, mais bien moins, certes, que les poitrines de leurs patrons et de leurs canotiers qui, littéralement, sont cuirassés de médailles.
Sur les falaises qui bordent la baie de Lampaul se presse une foule inimaginable.
Comment dans cette île où l'on fut si souvent témoin de naufrages impressionnants ne comprendrait-on pas l'importance du double événement de la journée !
Vêtus de rouge, des enfants de chœur précèdent une procession, bannières au vent, venue de l'église et guidée par M. Le Guellec, curé d'Ouessant.
Au pied de la cale de lancement, Monseigneur Cogneau prend place à bord du Amiral-Rigault-de-Genouilly
avec Mme Emmanuel Rousseau et M. le Docteur Le Marc’hadour, marraine et parrain, et procède au baptême de ce canot de la station du Stiff.
La cérémonie se renouvelle à l'entrée de l'abri à bord du Ville-de-Paris, dont sont marraine et parrain
Mme l'Amirale Devin et M. le Docteur Torchaussé, représentant le Président du Conseil Municipal de Paris.
C'est du haut du canot dressé sur son chariot de lancement, que Monseigneur Cogneau s'adresse à l'assistance.
En bénissant ces deux canots, il se sent saisi d'un sentiment d'admiration pour l'œuvre sublime du sauvetage des naufragés.
Certes les dévoués administrateurs de la société font preuve d'une très louable activité, mais que dire de l'héroïsme de ceux qui font abnégation de leur existence pour arracher à la mort ceux que menace la tempête !
Après avoir rappelé comment furent créées les stations de sauvetage, Monseigneur COGNEAU dit ce que furent les magnifiques résultats de leurs interventions.
Puis il termine en développant cette pensée que le sacrifice des sauveteurs est la manifestation d'une des belles vertus chrétiennes : la charité.
La suite page 162 des Annales du sauvetage maritime :
Annales du sauvetage maritime | 1938-07-01 | Gallica (bnf.fr)