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Fenêtres sur le passé

1938

La foire de la Saint Michel

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Source : La Dépêche de Brest 3 octobre 1938

 

Les forains ne sont pas contents.

La foire de la Saint-Michel a débuté hier par un temps exécrable : Tempête et pluie.

 

Le vent ne permettait de fixer qu'avec de grandes difficultés les toiles bariolées des tentes aux piquets.

Il fallut en tripler les haubans.

De fréquentes averses obligeaient à chaque instant les marchands à recouvrir de toiles cirées les étalages qui,

sur des centaines de mètres, s'alignaient des deux côtés de la place de la Liberté.

 

Pourtant, le nombre des forains s'était, semble-t-il, accru et était supérieur aux emplacements disponibles

puisqu'il fallut, cette année, loger les manèges sur l'herbe mouillée des pelouses, près du théâtre.

 

Cependant, l'après-midi, le soleil se montra et la foule envahit la place.

Entre deux ondées, les clients prirent leurs billets aux loteries, alléchés par le kilo de sucre, la vaisselle,

le bon vin et les biscuits qu'ils risquaient de gagner pour vingt sous.

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Les phonographes à pick-up déversèrent sans arrêt

la grâce nonchalante de tangos et le rythme trépidant des jazz, entrecoupés des derniers succès de Tino Rossi.

 

Les badauds entourèrent les camelots qui les amusaient

de leurs curieuses harangues.

 

Les auditeurs collaborèrent avec les chanteurs en reprenant

en chœur le refrain de la « chanson du jour »,

dont l'accordéon mettait en valeur la pauvreté du texte.

 

Des torrents d'harmonie coulèrent sous les arbres dégoulinants de l'avenue Clemenceau.

 

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Chez les marchands de bric-à-brac, des lessiveuses bosselées retenaient l'attention des ménagères ;

des outils rouillés faisaient l'admiration des bricoleurs ;

les amateurs de farniente lorgnaient les fauteuils recouverts d'étoffe élimée ;

des meubles étaient désirés par des fiancés ;

des bibelots anciens excitaient la convoitise des collectionneurs ;

une petite femme s'intéressait à des abat-jour.

Ne peut-on pas trouver, à la foire de la Saint-Michel, tout ce qui peut servir à combler les besoins d'une existence ?

 

Par-dessus tout cela flottait une odeur indéfinissable où l'andouille et le saucisson luttaient avec le chocolat,

les bonbons à la menthe avec la graisse des frites et, jusqu'à la nuit, qui vint tôt, la foule stationna devant

tous ces étalages et les manèges, tournant sans cesse pour la joie des petits et des grands.

 

Aujourd'hui nombreux seront ceux qui, de tous les environs, viendront à Brest, non seulement pour se rendre au concours agricole et à la foire, mais aussi pour faire dans les magasins de la ville qui, hier,

annonçaient, dans la « Dépêche », la mise en vente des nouveautés d'hier, d'importants achats.

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Jim Sévellec

 

Source : La Dépêche de Brest 4 octobre 1938

 

Tous les commerçants, petits et grands, attendent avec impatience chaque année le premier lundi d'octobre,

qui marque pour eux l'ouverture de la saison d'hiver.

C'est la foire Saint-Michel et l'on vient en foule à Brest de toutes les communes du Léon et même de la Cornouaille pour y faire des achats.

 

Tandis que les grands magasins exposent dans leurs vitrines toutes les nouveautés,

les revendeurs étalent place de la Liberté quantité d'objets usagés :

De la literie, des vieux meubles, des ustensiles de cuisine et de toilette, des livres.

Et tout Brest défile devant ces vieilles choses.

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Cette promenade traditionnelle, cette revue des étalages

avaient commencé dimanche par temps passable.

Le soleil avait brillé pendant une partie de l'après-midi

et les marchands ambulants, très nombreux, ne se plaignaient pas.

Ils avaient, comme ils disent « étrenné ».

Mais ils espéraient faire le lendemain une bien meilleure recette.

 

Hélas ! Hier, il pleuvait lorsqu'ils arrivèrent sur la place

et l'éclaircie attendue ne se produisit pas.

Mais les Bretons ne fuient pas devant le mauvais temps et, malgré

les averses et le vent qui soufflait par rafales, de nombreux jeunes gens et jeunes filles de la campagne étaient venus en autocars.

À midi, il y avait affluence dans les restaurants du centre et,

après déjeuner, la foule se rendit comme d'habitude, sur la place,

où les marchands forains firent de bonnes affaires.

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Par contre, les étalagistes, qui abritaient comme ils pouvaient les pauvres choses qu'ils comptaient vendre,

se plaignaient du petit nombre d'acheteurs.

 

Souhaitons, pour tous les gagne-petit, qui étaleront sans doute encore aujourd'hui,

que le temps se montre plus clément.

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