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Fenêtres sur le passé

1938

Un dock flottant chavire et coule aux Quatre-Pompes

 

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Source : La Dépêche de Brest 20 décembre 1938

 

On se rend assez mal compte, en ville, de la violence de la tempête d'Est qui souffle actuellement sur la région brestoise.

 

Le port de Brest a été conçu principalement pour mettre les navires à l'abri des tempêtes d'Ouest et de suroît.

Hier matin, les flots de la rade-abri étaient absolument démontés, aux Quatre-Pompes.

 

À 13 h. 30, une bourrasque d'une violence particulière s'abattit sur le port.

 

L'un des deux grands docks flottants, qui servent à la construction du mur du quai à grande profondeur que l'on réalise actuellement aux Quatre-Pompes, fit brusquement naufrage.

 

Ce dock mesure 35 mètres de hauteur, 35 mètres de largeur et 25 mètres de longueur.

Il donnait ainsi une prise particulière à la tempête.

 

C'est à bord de cet immense bâtiment que l'on faisait les blocs de ciment destinés à l'infrastructure du quai en eau profonde.

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La mer devenait houleuse.

Les vagues passaient par instant d'un côté à l'autre de la digue des Quatre-Pompes.

 

Sous la violence du vent, les flotteurs du dock embarquèrent plusieurs tonnes d'eau, ainsi que la coque principale.

 

Bientôt, plusieurs rivets ayant dû sauter, la partie flottante du dock perdit son équilibre.

 

L'immense construction s'inclina et se brisa en s'abîmant dans les flots.

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Les secours dock flottant.jpg

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Le dock en question appartient à la « Société brestoise de travaux maritimes et de travaux publics ».

 

Quelques instants avant qu'il ne fît naufrage, 15 hommes se trouvaient à bord.

Une véritable catastrophe aurait pu se produire.

On songea d'abord, lors des premières entrées d'eau, à mettre les pompes en action, mais cette manœuvre devait s'avérer inefficace.

 

Deux remorqueurs de la Direction du port et le Roscanvel, se trouvaient là au moment où le dock chavirait.

Ils n'eurent d'ailleurs pas à intervenir, aucun effort ne pouvant être tenté.

Les superstructures, à l'instant du naufrage, se brisèrent entièrement et bientôt n'émergeait plus, dans le ressac, qu'une masse informe de ferrailles.

 

Les remorqueurs de la Direction du port écartèrent immédiatement les goélettes de l'École navale, la Belle Poule et l'Étoile, qui se trouvaient à proximité.

 

Le dock, lui représente une valeur d'environ deux millions et demi, sera désormais inutilisable.

Il devra, selon toute vraisemblance, être démoli sur place.

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Les remorqueurs de la Direction du port, au plus fort de la tempête, durent intervenir pour déhaler la dérocheuse employée aux travaux de creusement du port et qui venait de briser ses amarres.

Les opérations de sauvetage se firent dans d'excellentes conditions.

 

Au moment où le dock chavirait, un chaland de 300 tonnes, le Nava Nafta, appartenant également à la « Société brestoise de travaux maritimes », a également été coulé, ainsi qu'une barque à pompes destinée aux scaphandriers.

 

De nombreux curieux se portèrent aux Quatre-Pompes pour suivre les efforts des sauveteurs.

 

Les abords de la digue étaient encombrés de planches et de débris de toutes sorbes, apportés par la mer démontée.

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Source : La Dépêche de Brest 21 décembre 1938

 

Nous avons relaté hier, qu'à 13 heures 30, par suite d'une violente bourrasque un des grands docks flottants, mouillés en rade-abri, près de la jetée ouest, non loin des bâtiments-écoles Armorique Tremintin et Gueydon, avait coulé

 

À 19 heures 20, le deuxième dock subissait le même sort, sans heureusement causer d'accident de personne.

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Quand, en 1935, les travaux du quai en eau profonde, d'une longueur de 1.250 mètres, à construire le long des terre-pleins allant de La Ninon aux Quatre-Pompes, furent adjugés à la Société Joya, Chabert et Mège, ces docks flottants furent montés au port de commerce, d'où ils furent remorqués en rade-abri.

 

La confection des énormes blocs d'infrastructure destinés au quai accostable à des profondeurs variant de moins 7 à moins 10 mètres, dont les fondations furent solidement assises sur le roc à des cotes descendant par endroits au-dessous de 15 mètres du niveau des plus basses mers, devait entièrement se faire dans ces caissons.

 

C'était la première fois croyons-nous, que l'on employait ce procédé d'exécution.

Les blocs de béton atteignaient en effet, le tonnage d'un croiseur.

 

Sur le terre-plein de la Pointe, arasée pour se procurer les matériaux nécessaires et créer, en même temps, des terre-pleins nouveaux, on construisait, à terre, des caissons métalliques.

Un portique roulant les chargeait sur une gabare qui était remorquée sous le bâtardeau pour former le fond du caisson et constituer une boîte étanche à l'intérieur de laquelle on construisait le bloc de béton.

 

Ce bloc achevé des remorqueurs déplaçaient l'ensemble :

Caisson et dock, pour amener à l'emplacement définitif qu'elle devait occuper dans le quai, la masse de béton.

Quand le bloc était mis en place, dock et bâtardeau étaient ramenés à leur poste de mouillage pour recommencer l'opération.

 

Le remorquage de ces blocs de 2.000 mètres cubes et du dock atteignaient le poids de 6 à 7.000 tonnes, et la précision de leur mise en place constituaient de grosses et assez dangereuses difficultés.

 

La première partie du quai fut construite cependant par ce procédé.

Elle fut commencée effectivement le 8 avril 1937, et quatorze caissons, à raison de un par mois, furent construits dans les docks qui viennent d'être engloutis.

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Pour accélérer les travaux de ce quai où doivent être embossés les torpilleurs et achevés les bâtiments de ligne de 26.500 tonnes et de 35.000 tonnes on sait que les ingénieurs des travaux maritimes et l'entreprise Campinon Bernard qui succéda à l'entreprise Joya, Chabert et Mège, avaient mis en œuvre deux autres procédés plus rapides.

 

L'un consistait à construire dans l'un des bassins de radoub de La Ninon des caissons creux en béton armé dont certains mesurent 25 mètres de long sur 15 de large, que l'on met à flot et qui échouent par le jeu de la marée

 

L'autre, consistait à construire à l'intérieur du dock qui a sombré hier soir et qui avait été modifié en conséquence au lieu des caissons pleins, des caissons creux, identiques à ceux faits dans le bassin de La Ninon.

Ces caissons flottaient et pouvaient être remorqués jusqu'à l'emplacement qu'ils devaient occuper où, après leur mise en place on les emplissait de béton.

On évitait ainsi le déplacement du dock parmi les bâtiments embossés en rade-abri, manœuvre dangereuse par ses dimensions et qui donnait au vent une prise considérable.

 

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Lundi, les flotteurs du deuxième dock s'emplirent d'eau et, comme le premier, il coula à 19 heures 20.

 

Hier, les ingénieurs de la Société brestoise des travaux maritimes et des travaux publics ont examiné s'il était possible de procéder au renflouement des deux docks coulés par une quinzaine de mètres de fond, mais ils ne forment plus qu'un amas de ferrailles qu'il faudrait récupérer par morceaux.

 

On espère que la perte des deux docks flottants qui peut se chiffrer par plusieurs millions, ne retardera pas les travaux dont on prévoyait la mise en service au printemps prochain.

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