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Fenêtres sur le passé

1938

L'appontement du pont des torpilleurs
à la Ninon pour le Strasbourg

L'appontement du port des torpilleurs à la Ninon _01.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 5 juillet 1938

 

Le Strasbourg a appareillé hier, à midi, pour effectuer des essais, et rentrera aujourd'hui, à 17 heures.

 

On sait qu'un poste d'accostage à quai, à La Ninon, avait été prévu pour permettre l'achèvement de son armement et que ce quai, muni de grues et d'un pont roulant, devait avoir une longueur suffisante pour permettre au Dunkerque et au Strasbourg, et plus tard au Richelieu et au Jean Bart, d'y accoster.

 

Le niveau des plus basses mers étant à + 1 et des plus hautes à + 8 mètres, et le tirant d'eau de ces cuirassés atteignant environ 9 mètres, il fallait, pour leur permettre d'accoster à quai, une profondeur de dix mètres ;

mais au poste réservé au Strasbourg on ne pouvait songer, sans danger pour la solidité du quai,

à fouiller à cette profondeur les roches sur lesquelles il est construit.

 

Le temps pressait.

L'arrivée du Strasbourg, de Saint-Nazaire à Brest, était prévue pour le mois de juin.

Il ne fallait pas songer à employer la méthode normale de construction, qui aurait consisté à faire exécuter successivement les déroctages et dragages à la profondeur nécessaire, la reconstruction de l'infrastructure

et de la superstructure, la construction de ducs d'Albe et des appontements les reliant au quai.

 

Le directeur et les ingénieurs des travaux maritimes durent trouver une solution nettement plus rapide,

la construction de l'ouvrage par des procédés normaux aurait demandé, en effet, un délai de l'ordre de 12 à 18 mois.

 

Les travaux, d'un montant de deux millions, furent confiés à la Société brestoise de travaux maritimes et de travaux publics (entreprise Camprenon-Bernard) avec, comme sous- traitant,

la Société de dragage, et transports de Port-de-Bouc.

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L'appontement du port des torpilleurs à la Ninon pour le Strasbourg.jpg

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Dès janvier 1938, trois chantiers furent ouverts simultanément. ,

 

Le premier, de dragage et de déroctages qui, en utilisant le puissant matériel actuellement en service au port,

a permis d'effectuer, en moins de deux mois les travaux nécessaires.

 

Le deuxième, un chantier de construction de caissons dans une des formes de radoub de La Ninon,

dans laquelle on a construit deux caissons en béton armé, ayant la forme d'énormes « bouteilles de Cointreau »

(ainsi que les ont baptisés les ouvriers), ayant 16 mètres sur 6 de section, 15 mètres de haut, avec un goulot

de 2 mètres de large.

 

Ces caissons ont pu être termines fin mars, ont été mis en flottaison par ouverture de la forme de radoub,

amenés par remorquage à leur emplacement définitif et coulés par remplissage d'eau.

 

On a alors construit la partie supérieure autour du goulot de la bouteille, puis vidé l'eau de l'appareil

avant de le remplir de béton.

 

Dans le troisième chantier, ouvert dès le début des travaux, on construisit les appontements en béton armé

devant relier les ducs d'Albe au quai.

 

Ces appontements ont été construits par morceaux, ayant un poids inférieur à 250 tonnes,

pour pouvoir être mis en place au moyen de la grue flottante de 250 tonnes.

 

C'est cette opération que représente la photo ci-contre, prise du haut de la grue et montrant la fin de la mise en place du premier demi-appontement Est.

 

L'opération a très bien réussi et on a pu atteindre une précision de l'ordre du centimètre dans la mise en place

des appontements.

 

L'ouvrage, terminé à l'arrivée du Strasbourg, comporte deux piles en béton ou ducs d'Albe, espacées, d'axe en axe,

de 60 mètres, et dont les faces extérieures se trouvent à 20 mètres de l'arête du quai du « port des torpilleurs ».

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L'appontement du port des torpilleurs à la Ninon _02.jpg

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Les fondations de ces ducs d'Albe, après dragage et pilonnage, sont à la cote moins 11 m. 50,

correspondant à un encastrement de 0 m. 50 par rapport aux fonds rocheux actuels.

 

Chaque duc d'Albe est relié au quai par l'appontement en béton armé, ayant le double but d'épontiller chaque pile

en transmettant au quai une partie des efforts horizontaux auxquels elle sera soumise et de supporter,

d'autre part, une plate-forme d'accès.

 

La rapidité avec laquelle cet ouvrage a été exécuté méritait d'être signalée et fait le plus grand honneur

aux ingénieurs qui l'ont conçu et aux ouvriers qui l'ont exécuté.

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