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Fenêtres sur le passé

1938

Le vieux Brest
L'anse de Porstrein

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Source : La Dépêche de Brest 11 novembre 1938

 

Il y a soixante-dix ans, au pied des murailles du cours Dajot, se dressait une falaise rocheuse, sur les pentes de laquelle étaient édifiées de nombreuses maisons, il en était ainsi tout le long des anses de Porstrein, du Moulin Grivart et de Poullic-al-Lor.

 

Les habitants accédaient directement à la grève, où la mer jouait à chaque marée et s'y faisait menaçante lorsque le vent soufflait.

Elle l'était d'autant plus que l'anse de Porstrein ne possédait aucun abri, il n'existait alors ni jetée des Quatre-Pompes, ni grande digue, ni jetée de la Santé, ni digue-abri du port.

Aussi s'était-on bien gardé de construire les immeubles sur la grève elle-même.

Bien que dressées à quelque hauteur sur la falaise, on avait encore dû les garantir par des murs de soutènement et de protection.

 

Ce coin de Brest, photographié à basse mer, avec ses terrasses, s'apparentait à certains petits ports de la côte.

Nos concitoyens qui se plaignent, non sans raison, d'être à tout jamais écartés de la mer, éprouveront sans doute quelque regret devant ce souvenir.

 

Un jour vint où, sur la grève s'étalèrent des vases, de la pierraille, des déblais de toutes sortes, dont le niveau s'élevait au point de tout submerger.

C'en était fait des maisons littorales.

 

On passait à la réalisation d'un projet envisagé depuis déjà près de deux siècles.

En effet, lors d'une visite en 1683, Vauban avait manifesté une telle confiance dans l'avenir maritime de notre ville, qu'il avait songé à l'établissement d'un port dans l'anse de Porstrein.

Ses premières études l'avaient amené à penser à construire des digues en coulant de vieux vaisseaux garnis d'enrochements.

Mais le grand ingénieur ne fut pas suivi.

 

Cependant, sur la Penfeld, le port militaire se développait, tandis que le port de commerce, pourchassé par ce voisin trop entreprenant et acculé aux hautes murailles du Château, ne manifestait que son insuffisance.

 

Il ne disposait, en effet, pour le stationnement des navires, que de 170 mètres de quais,

répartis entre le quai Jean Bart et le quai Tourville.

Comme il fallait laisser libre le chenal et que, bien souvent, des navires de guerre s'emparaient des postes d'amarrage, des bateaux marchands devaient attendre parfois un mois, sur rade, avant de pouvoir décharger leur cargaison.

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La situation devenait impossible.

L'anse de Porstrein attirait à nouveau l'attention.

Il fallait à tout prix l'aménager pour y transférer le port de commerce.

 

De nombreux ingénieurs se mirent à l'œuvre.

Successivement on vit naître des projets que l'on écartait tour à tour.

Les années passaient.

L'encombrement à l'embouchure de la Penfeld ne cessait de croître.

 

Cela dura jusqu'au 17 mars 1869, date à laquelle un décret approuvait le projet dressé par M. Fenoux,

sous la direction de MM. Matrot de Varenne et Planchat, ingénieurs en chef.

 

Enfin, les travaux commencèrent. Il fallut, tout d'abord, créer des terre-pleins au pied de la falaise.

Des dragues se mirent en action, à l'extrémité ouest du banc de Saint-Marc, pour enlever des déblais vaseux.

 

On s'attaqua au coteau de Poullic-al-Lor et à celui du Moulin Grivart pour y arracher remblais pierreux, moellons et blocs de défense.

Les premiers travaux d'établissement nécessitèrent ainsi 5.030.000 mètres cubes de remblai.

 

Sur les falaises, les habitants de l'anse de Porstrein, s'employant à demeurer là jusqu'au bout, suivaient avec tristesse l'avance des travaux.

 

Mais tandis que l'on constituait des terre-pleins, que l'on créait des quais et des bassins, il avait bien fallu établir des voies de communication avec la ville elle-même.

On dut entreprendre la construction des rampes d'accès le long du rempart, sur la falaise.

En raison de la largeur qu'il convenait de leur donner, l'entreprise n'était pas des plus aisées.

Il n'existait, au pied du cours Dajot, qu'un chemin de ronde tracé sur le bord d'escarpements abrupts. Aussi fallut-il construire de hauts et solides murs de soutènement.

 

Cette fois on devait attaquer la falaise et abattre les maisons qu'elle portait.

Il n'en reste plus qu'une aujourd'hui, juchée sur un pan de roche dominant les ateliers de la Chambre de commerce.

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