top of page

Fenêtres sur le passé

1936

La terreur de l'île
 

Forcené.jpg

​

Source : La Dépêche de Brest 30 octobre 1936

 

Le tribunal correctionnel s'est réuni hier, sous la présidence de M Hameury,

assisté de MM Eugène Crenn et Le Bras, juges.

 

Denis G..., 38 ans, habitant Ouessant dans une maison voisine de celle de sa mère,

menaçait continuellement sa famille.

 

De mauvais renseignements sont fournis sur lui.

Depuis dix-huit mois, il vivait séparé de sa femme, mère de dix enfants.

Denis G..., manœuvre, travaillait rarement.

 

Le président donne lecture d'une lettre que lui a adressée Denis G..., s'excusant de ne pouvoir se présenter à l'audience, car il suit un régime pour ses maux d'estomac et ne peut, dit-il traverser la mer.

Il est jugé par défaut.

 

Profitant d'une courte absence de son frère François, Denis G..., le 23 août dernier, voulut pénétrer dans la maison de sa mère, née Perrine P..., mais celle-ci avait soigneusement fermé la porte, ce qui rendit furieux Denis, qui proféra des menaces.

 

L'arrivée de son frère François mit fin à cette première scène.

Il empoigna Denis par les épaules et le jeta sur la rue.

 

Armé d'un couteau de cuisine, Denis revint.

« J'aurai la peau du premier qui sortira », dit-il.

 

Mais, sa sœur Anna avait réussi à s’esquiver et revenait bientôt avec le garde champêtre, qui, malgré l'attitude menaçante de Denis, parvint à le désarmer et à l'enfermer au violon.

 

Le lendemain, bien que dégrise, Denis déclara au garde champêtre :

« Je finirai ma vie au bagne, mais je tuerai quelqu'un de ma famille. »

 

Denis a reconnu, devant le juge de paix d'Ouessant, les faits qui lui sont reprochés et a avoué avoir, plusieurs fois, frappé sa mère et sa sœur.

 

Il prétend qu'il était excédé des remontrances que lui faisait sa mère, depuis qu'il avait quitté sa femme.

« Elle s'entêtait à nous faire reprendre la vie commune », a-t-il dit.

​

Brest rue Ornou _01.jpg

​

Sa femme, de son côté, avait quitté Ouessant pour Brest, où elle habitait, place Ornou, avec un jeune marin.

Elle avait abandonné six de ses enfants :

Deux sont à l'assistance publique, deux à la maternité, les deux plus âgés à l'asile Ponchelet.

Leur mère prétend que, lasse d'être battue par Denis, son mari, quand il avait bu, ce qui lui arrivait souvent, elle l'avait quitté et travaillait au port de commerce.

 

En raison des mauvais antécédents de Denis G..., le tribunal le condamne, par défaut, à un an et un jour de prison et décerne contre lui un mandat d'arrêt.

​

La terreur de l'ile.jpg

​

Source : La Dépêche de Brest 25 novembre 1936

 

À une audience spéciale d'Ouessant, le tribunal correctionnel avait condamné par défaut, le 29 octobre,

Denis Guéguen, 38 ans, à un an et un jour de prison pour violences et menaces de mort.

 

Ivrogne invétéré, tel est ainsi qualifié Guéguen qui fait opposition au jugement prononcé contre lui.

 

— Je n'avais pas pu me présenter, déclare tout simplement l'inculpé, un grand gaillard à la chevelure hirsute.

 

Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés le 23 août à l'île d'Ouessant, d'où Guéguen est originaire.

 

Ce jour-là, étant ivre, il chercha affaire aux membres de sa famille, en commençant par sa mère qui lui interdisait l'entrée de sa maison.

 

Armé d'un énorme couteau de cuisine, Denis Guéguen, vociférait tant qu'il pouvait ; en menaçant de son coutelas sa mère, son frère et sa belle-sœur.

 

— J'aurai la peau de quiconque sortira de la maison, hurlait-il.

 

L'énergumène planta son couteau dans un volet, tandis qu'à l'intérieur de leur demeure ses pauvres parents étaient complètement apeurés.

 

— Je n'aurais pas fait, mal à personne, déclare l'inculpé qui fait valoir les six médailles de sauvetage qu'il a obtenues.

 

Le ministère public. — Vous pouvez être un brave homme, mais pour cela il ne faut pas boire.

 

M. Durand, substitut de M. le procureur de la République, requiert contre Guéguen, réputé dangereux.

Il estime que les faits sont suffisamment caractérisés.

 

Le tribunal réduit la peine à deux mois de prison.

​

bottom of page