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Fenêtres sur le passé

1932

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De Brest au pays de Nanouk

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Source : La Chronique Brestoise juillet 1932

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Tout d'abord, la Chronique Brestoise adresse ses meilleurs remerciements au capitaine de corvette Mailloux,

commandant le Pollux, et au lieutenant de vaisseau Habert,

chef de l'expédition scientifique, qui ont accueilli

ses envoyés spéciaux avec la plus parfaite bonne grâce,

en vrais marins de la France.

 

Après le fameux Pourquoi Pas de l'éminent docteur Charcot,

le Pollux part le 4 juillet pour Scoresby-Sund, dans la région polaire.

 

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Lieutenant de vaisseau Habert (gauche)

Capitaine de corvette Mailloux (droite)

Les deux bateaux se rencontreront an nord de l'Islande, à Akureyri, et le Pollux ouvrant la voie à travers la banquise, les deux bateaux déchargeront dans l'observatoire et la maison du poste le matériel considérable

dont la Mission aura besoin.

 

Le commandant Mailloux débarque du Remiremont qu'il vient de commander avec la plus grande distinction.

 

Aucun choix ne pouvait être meilleur pour le Pollux, de l'avis unanime.

 

Ferme, gai, robuste, « rond », il mènera son affaire avec savoir et décision.

 

Son état-major, digne du chef, comprend le lieutenant de vaisseau Fabre et les enseignes Simottel et Launay, l'officier des équipages Le Guillou et l'ingénieur-mécanicien Foussieir.

 

L'équipage compte 120 hommes.

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En Septembre, le Pollux reviendra à Brest ;

le Pourquoi Pas sortira des glaces et reprendra ses ordinaires travaux d'océanographie, et le lieutenant de vaisseau Habert restera là-bas, avec son personnel, onze mois durant.

 

Le personnel comprend ;

les lieutenants de vaisseau Habert  et Douget,

le médecin de 1ère classe, Le Méhauté,

l’enseigne de vaisseau Auzanneau ;

Le second maître radio Monniot,

les quartiers maîtres mécaniciens Delaporte et Broudin ;

le matelot cuisinier Le Diraison.

 

Presque tous Finistériens

 

Trois civils sont adjoint à la mission :

MM Dauvillier, docteur ès-sciences ;

Jean Rothé, licencié ès-sciences physiques, assistant

à la Faculté des Sciences de Strasbourg ;

Tcherndakofsky, licencié ès-sciences naturelles,

assistant à la Faculté des Sciences de Montpellier.

 

Ils sont délégués par le ministère de l'Éducation nationale.

 

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Jean Baptiste Charcot

Le Pollux fut d'abord le Murometz, brise-glaces russe ; puis mouilleur de mines (Lorient 1929),

puis ravitailleur de sous-marins et hydravions, pour la 2e escadre.

 

Il a une double coque et deux hélices spéciales.

 

Long de 64 mètres, large de 15, il emporte 250 tonnes de matériel, le reste passant sur le Pourquoi-Pas.

 

Ce « reste » c'est surtout le charbon, dont le Pollux ne stockera «personnellement» que 90 tonnes.

 

Avec cela, madame, 30 tonnes de vivres de conserve :

de lard de Lesneven, en petits barils, sans parler des autres.

 

Et puis tout un appareillage de chauffage central ;

des maisons en bois démontables ;

une usine électrique ;

des observatoires préparés au Danemark, démontables :

des postes émetteurs et récepteurs de T, S. F. ;

une bibliothèque ;

des phonographes ;

une vedette à moteur, toutes sortes d'instruments de précision (plusieurs ne sont arrivés à Brest que le 1er juillet,

avec les ingénieurs russes) ;

une camionnette...

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Ici une parenthèse.

 

M. Habert voulait, naturellement, une auto : la glace polaire peut se faire aimable à la voiture qui vient de France.

 

Il acheta donc une Ford à Paris: 700 fr.

Il la transforma en véhicule polaire, ce qui fit 4.300 fr. de plus.

 

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Pollux

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Pourquoi Pas

Ce qui donna une camionnette toute neuve qui ne s’attendait pas à tant d’honneur.

 

Ajoutez des tas de cordage, madriers poteaux, une tonne de zinc, des garde-manger à claire voie, et même une ... crèche pour... la viande sur pied, qui sera abattue au fur et à mesure des besoins.

 

La première étape sera Brest-Glasgow ; ravitaillement en œufs et en viande fraîche.

 

La deuxième, Glasgow-îles Féroé : embarquement de matériel danois, pour la lutte contre le froid.

 

La troisième, Féroë-Akureyry" (nord-Islande) d'où le Pourquoi Pas et le Pollux partiront ensemble

pour l'étape suprême et le but ; Scoresby-Bund, Groënland-est, 70° 30 de latitude Nord, sur la plage Rosenvinge.

 

Pendant les quinze jours que dure la débâcle des glaces, le matériel sera transporté à 2 km. à l'intérieur, ….

​

Enfin les deux bateaux laisseront la Mission

pour onze ou douze mois dans « le grand silence blanc »,

sur la banquise de 8 m. de haut, à 150 kilomètres

derrière la mer libre !

 

Que feront les « missionnaires » de la science.

 

Ils observeront le champ magnétique, le champ électrique terrestre, les courants telluriques, la propagation des ondes radioélectriques, la radiation pénétrante,

les phénomènes météorologiques.

 

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Des observations biologiques géologiques, océanographiques, hydrographiques seront également effectuées.

 

À 5 km. du « siège central », une station d'altitude s'élèvera.

 

D'où voyages incessants, par deux tracteurs à moteur Diesel.

 

Le bienveillant lecteur se pose la question ordinaire; « Qui paiera ? »

 

La France !

 

Le Parlement a voté 4 millions gérés par le Bureau des Longitudes.

Les ministères de la Marine et celui des Colonies prêtent leur concours.

Enfin, de généreux Mécènes.

 

D'où est venue l'idée ?

 

Du désir de célébrer le Cinquantenaire de la première « année polaire. »

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Émile Auguste Antoine MAILLOUX

Né le 24 septembre 1894 à LAMBÉZELLEC 

Décédé le 11 mai 1978 à BREST

Chevalier de la Légion d'Honneur.

Croix de Guerre.

Capitaine de corvette le 5 octobre 1929

En 1882-1883, en effet, 14 expéditions furent envoyées dans les régions glacées.

 

12 au nord. 2 au sud.

 

En 1930-31, une Commission internationale a proposé à la France

sa part des recherches :

1. le Scoresby-Sund ;

2. l'A. E. .F. ;

3. les îles Kerguélen et Saint-Paul.

 

Seule la première tranche du programme est prête.

 

Toutes les nations ont adhéré mais seules quelques nations jouent

un rôle important :

les États-Unis installent plusieurs observatoires dans l’Alaska.

L’U.R.S.S. installe des stations au nord de la Sibérie etc…

 

La France ne possédant aucun territoire dans les régions polaires

a demandé l’hospitalité du Danemark pour fonder une station d’observation au Groënland.

Les stations des différentes nations ne possèdent pas toutes

un équipement aussi complet :

certaines stations font seulement des observations magnétiques, d'autres de la météorologie, etc.

 

Les meilleurs vœux de Chronique Brestoise accompagnent

les intrépides et savants voyageurs.

 

Au prix de fatigues, de privations et de souffrances,

ils nous procureront plus profonde et plus large,

« la joie de connaître ».

 

Ils étendront le champ de la connaissance humaine.

 

Leurs noms s’inscriront au palmarès de la gloire scientifique.

 

Honneur à eux !

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Lieutenant de vaisseau Habert

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