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Fenêtres sur le passé
1927
Ouessant vu par une Américaine
Source : La Dépêche de Brest 14 mars 1927
Depuis quelques années, de nombreux étrangers viennent en touristes
à Ouessant pendant la belle saison.
Il était intéressant de connaître l'impression qu'ils en emportaient.
Une Américaine, Mme Hildegarde Angell, qui fut notre hôte, a fait paraître dans le New-York Sunday Times, un long article consacré entièrement
à Ouessant, et illustré par Mme Barbara Latham.
Le titre en est impressionnant:
« Cloches de mariage dans l'île de l’Épouvante », avec comme sous-titre :
« Une fille de la pluie épouse un homme de la mer,
avec les cérémonies traditionnelles. »
L'article lui-même est heureusement beaucoup moins dithyrambique ; après quelques impressions générales sur le pays et ses habitants,
la majeure partie en est consacrée à décrire un mariage
avec ses cérémonies religieuses, ses repas et ses danses.
L'article est très flatteur pour Ouessant en général
et les Ouessantines en particulier.
Citons :
« Les maisons sont d'une propreté immaculée, et les hommes qui viennent
chez eux... après un long voyage sur un cargo, sont sûrs de les trouver nettes
et coquettes, avec leurs boiseries peintes d'une couleur gaie, et un hublot
de verre encastré dans la porte d'entrée pour que l'homme se sente « chez lui ».
«... Elles sont fortes et fières et capables, ces femmes d'Ouessant.
Leur maintien, leur allure libre à la fois et réservée, les marquent d'une beauté
qui leur est particulière... »
Voilà des compliments sans ambages.
Ils sont d'autant plus appréciables, que plus rares dans la bouche
des Américains.
Mme Angell, qui logeait au Grand Hôtel, n'en veut pas aux gens de la race de l'avoir empêchée de dormir ;
au contraire, elle vint assister à la ronde, et même y participer ;
en effet, au moment où tout le monde chantait le refrain connu ;
Embrassez qui vous plaira
Pour soulager vos peines (1)
un grand beau gars de marin d'Ouessant sortit de la ronde
et vint embrasser l'Américaine, au milieu des rires.
Elle, quand vint son tour, s'en fut embrasser le marié.
L'article se termine par quelques réflexions sur le courage
des Ouessantines, dont les maris sont presque toujours absents,
ou même partent pour ne plus revenir, la croix de cire du Proella
étant la seule relique qui perpétue leur souvenir.
(1) En Français dans le texte
Hildegarde Smith Angell
Barbara Latham