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Source : La Dépêche de Brest 21 mars 1914

 

On nous écrit :

 J'ai l'honneur de porter à votre attention les faits suivants, qui se passent à chaque arrivée de bateau postal à Ouessant sur nos côtes terribles, où le débarquement est très difficile.

Par une mer presque toujours démontée, il faut qu'il y ait quelqu'un d'assez courageux pour donner la main à l'équipage ainsi qu'aux voyageurs.

C'est de ceux-là que je veux vous faire connaître le dévouement.

 

Nous avons deux commissionnaires, E. M. et J.-M. M., qui, à chaque courrier, sont là, sentinelles vigilantes, prêtes à donner le coup de main nécessaire, et n'hésitant pas à se jeter à la mer quand il le faut !

 

Que l'administration fasse une enquête auprès de tous les capitaines qui se sont succédé ainsi qu'aux équipages et aux nombreux voyageurs qui viennent, à chaque courrier, dans notre île !

Et je suis persuadé que tous seront unanimes à déclarer le dévouement dont font preuve ces héros obscurs dont personne ne daigne s'occuper.

Que de fois ils sont, dans l'eau de l'arrivée au départ, pour assurer l'embarquement ou le débarquement des voyageurs, ou pour sauver les marchandises !

Que de fois, sans eux, les voyageurs ne pourraient ni embarquer ni débarquer !

J'espère que l'administration daignera jeter un regard sur ces valeureux serviteurs et prélever sur ses bénéfices quelque chose pour leur venir en aide.

 

Il faut donc que l'administration se renseigne par une enquête sur les nombreux voyageurs qui leur doivent la vie, ou du moins la santé, parce que, grâce à eux, ils ont été retirés, soit de l'eau, soit de quelque embarras difficile.

Et comme ils travaillent sans cesse pour le bien de la compagnie, j'ose espérer qu'ils seront récompensés comme ils le méritent. Veuillez agréer... etc.

 

GENTIL,

Conseiller d’arrondissement à Ouessant

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