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Fenêtres sur le passé

1913

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Crime sauvage à Plomeur

Source Le Finistère juillet 1913

 

Un crime aux champs.

 

Mardi dernier 15 juillet, vers 4 h. 30 du matin, plusieurs ouvriers retournaient du foin, afin de le mettre en meule, quand des cris se firent entendre à l'extrémité du champ, dans un chemin conduisant au village de Lestiala,

en Plomeur.

 

On s'y précipita.

 

Un nommé Pierre Castric, cultivateur, venait de renverser l'un de ses voisins Pierre Le Moigne, âgé de 30 ans, marié, père de trois enfants et en attendant un quatrième, et aidé de son frère Henri, cultivateur, âgé de 40 ans,

portait à sa victime qui ne pouvait se dégager de son étreinte, plusieurs coups de croc et de manche de fouet,

lui faisant de profondes blessures à la tête par où le sang giclait.

 

Bien plus, les deux agresseurs après que leur victime eut été abandonnée à demi-expirante,

empêchèrent les parents de lui porter secours.

 

Le maire de Plomeur, M. Chardon, prévenu, usa de son autorité morale pour obtenir

qu'on laissa emporter le corps de Le Moigne, l'état du blessé laissant peu d'espoir.

 

Le corps fut déposé dans une grange voisine en attendant l'arrivée du parquet

et de la gendarmerie aussitôt prévenue.

 

Le docteur Lecoz arrivant sur les lieux ne put que constater une fracture du crâne,

alors que déjà la victime était dans le coma.

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Le Moigne rendait le dernier soupir dans la matinée.

 

Quant aux meurtriers, ils avaient gagné le large et l'un tenta même

de s'échapper dès qu'il vit arriver les gendarmes.

 

Au milieu de la population indignée et qui manifesta sur le passage

des prisonniers, Pierre et Henri Castric furent conduits à Pont l'Abbé et, de là, à la maison d'arrêt de Quimper ou ils ont été écroués

sous l'inculpation de meurtre.

 

Depuis sept ans, les deux familles Le Moigne - Le Bihan et Castric vivaient en mauvaise intelligence, et cet assassinat n'est que le dernier acte d'une longue série de scènes qui eurent souvent

le tribunal correctionnel comme dénouement.

 

Tandis que Pierre Castric avoue, Henri nie et impute les coups mortels donnés, à son frère, qui serait un peu simple d'esprit.

 

L'enterrement de la victime, très estimée dans la commune,

a eu lieu mercredi au milieu d'un grand concours de population, parmi laquelle les pompiers, à la compagnie desquels le défunt appartenait.

 

L'arme du crime saisie est un croc à fumier.

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Une souscription a été ouverte dans la commune de Plomeur pour venir en aide à l'infortunée veuve

qui est dans un grand besoin.

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Audience du lundi 19 janvier.

 

Scène de sauvagerie

 

Le 14 juillet 1913, Pierre Le Moigne, âge de 32 ans, cultivateur au bourg de Plomeur,

se rendait chez son beau-père Le Bihan, au village de Lestiala, en cette commune, pour l'aider à rentrer du foin.

 

Le repas du soir avait duré plus longtemps que de coutume et, au moment de partir, Le Moigne déclara qu'ayant peur de passer seul, à une heure aussi tardive, devant la ferme voisine habitée par les frères Castric, qu'il redoutait,

il préférait passer la nuit chez ses beaux-parents.

 

Le lendemain matin, vers 4 heures et demie, il se leva et prit la direction de sa demeure.

 

À peine venait-il de quitter la cour de la ferme de Le Bihan et de s'engager dans un chemin de servitude qu'il fut, brusquement et sans la moindre provocation de sa part, assailli et terrassé par Pierre Castric.

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Celui-ci lui porta ensuite plusieurs coups avec un manche

de fouet qui se trouvait à portée de sa main.

 

Henri Castric, âgé de 40 ans, cultivateur,

frère de Pierre Castric, se trouvait alors à quelques mètres

de là, à l'entrée de son verger et, muni d'un croc,

aidait un nommé Le Corre à redresser une meule de foin, renversée pendant la nuit.

 

Aux cris poussés par la victime il abandonna subitement
son travail, se dirigea en toute hâte, son croc sur l'épaule,

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dans la direction de Le Moigne et lui assena sur la tête trois formidables coups de son arme redoutable.

 

Mortellement atteinte, la victime resta étendue, le crâne fracassé, baignant dans une mare de sang.

 

Les parents de Le Moigne qui, de l'intérieur de leur maison, avaient entendu ses cris et pressentaient un malheur, accoururent en toute hâte pour lui porter secours.

 

Cette intervention donna lieu de la part des frères Castric à une véritable scène de sauvagerie.

 

En montant la garde auprès de leur victime, qui agonisait, ils empêchèrent quiconque d'en approcher.

​

Poussé par son frère Henri, Pierre Castric

se montrait particulièrement exalté.

 

Ce n'est que trois quarts d'heure après, grâce à l'intervention du maire et des voisins accourus sur les lieux,

qu'il fut possible de prodiguer à ce malheureux

les soins nécessités par son état.

 

Un médecin appelé d'urgence ne put que constater la gravité des blessures reçues par Le Moigne qui expirait

quelques heures plus tard, sans avoir repris connaissance.

 

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Des doutes s'étant élevés au cours de l'instruction sur l'intégrité des facultés mentales de Pierre Castric,

cet inculpé a été soumis à un examen médical et reconnu atteint de démence précoce.

 

Il a en conséquence bénéficié d'une ordonnance de non-lieu en date du 14 octobre 1913.

 

Malgré les propos les plus compromettants tenus par Henri Castric peu de temps avant le crime

et les charges accablantes accumulées contre lui, l'accusé nie les faits qui lui sont reprochés.

 

Après plaidoirie de Me Alizon, le jury revient avec un verdict affirmatif mitigé par les circonstances atténuantes.

 

En conséquence, Castric est condamné à 10 ans de travaux forcés et 5.000 francs de dommages-intérêts

envers la partie civile.

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Bagne de Guyane

Embarqué pour le bagne de Guyane

le 1er juillet 1914

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Décédé le 17 septembre 1914

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