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Fenêtres sur le passé

1911

Hors de Ouessant les disciplinaires !
 

Disciplinaires ouessant.jpg

 

Source : Le Matin 20 octobre 1911

 

Les articles que le Matin a publiés sur les disciplinaires d'Ouessant ont ému non seulement l'opinion publique, mais encore le ministre de la guerre,

qui a chargé le général Gérard de faire une enquête sur place.

On n'a pas encore reçu, rue Saint-Dominique, le rapport du général Gérard.

Mais on y a reçu un avis émanant du préfet maritime de Brest et

de la commission de défense de la place, qui est la plus éclatante confirmation de ce qu'a écrit M. J.-Joseph Renaud.

 

Voici en effet en quels termes s'exprime le préfet maritime

 

« La conduite des hommes des sections de discipline d'Ouessant est telle qu'il n'est pas possible de leur accorder la moindre confiance.

On comptait pouvoir, en temps de guerre,

les faire coopérer à la défense de l’île.

Or tout est à craindre de leur part :

Tentatives de sabotage du matériel de la défense, essais d'évasion,

de révolte ou de connivence avec l'ennemi, etc.

Leur présence dans l’île, en cas d'hostilités, serait un réel danger

pour la défense.

La commission, dans ces conditions, demanda à ce que le ministre prenne les mesures nécessaires, et le commandant du 11e corps formule le vœu que ces sections soient déplacées dès le temps de paix.

 

On n'a point fait difficulté, au ministère de la guerre,

pour convenir que ces résultats étaient peu encourageants.

 

On ajoute les explications suivantes :

C'est après le vote de la loi de deux ans que l'on demanda le transfert

en France des anciennes compagnies de discipline. 

On reprochait à ces corps leur isolement au fond de l'Afrique. 

C'est le 11 avril 1910 que la loi fut votée.

 

Elle créait des sections où les hommes porteraient l'uniforme de l'infanterie et seraient placés dans des sites aisés à séparer de toute communication, par exemple dans les îles de l'océan. 

On devait s'y efforcer non de les châtier, mais de les amender.

 

Ces diverses sections ont été établies depuis 1910

dans les îles de Cézembre et Tatihou, dans la Manche à Ré, Oléron, Madame, dans l'océan à Saint-Florent, Calvi et Corte, en Corse enfin,

en deux points du territoire continental, à Entrevaux et Sisteron,

dans les Alpes.

 

Ouessant constitue une section supplémentaire, créée seulement

en mai 1911, pour y déverser le trop-plein des autres centres.

C'est une section « de transition »,

c'est-à-dire où l'on envoie des sujets relativement moins mauvais.

 

Le général Gérard est un homme énergique.

C'est lui qui, en 1907, présidait, comme colonel, la commission chargée d'étudier l'installation en France des compagnies de discipline.

Le ministre attend son rapport.

Il se prononcera aussitôt qu'il l'aura reçu.

 

Général Augustin Gérard.jpg

Général Augustin Gérard

Le matin 5 octobre 1911.jpg
Le matin 15 octobre 1911.jpg

Il est certain que pour isoler des troupes rien ne vaut les immensités du sud oranais,

nos troupes souffrent précisément de l'éloignement universel.

 

On avait cru faire œuvre humaine et réalisable.

L'expérience n'a pas été heureuse.

Il ne faut pas nier son enseignement, même si nous l'avons reçu à nos dépens.

Ainsi nous parlait-on au ministère de la guerre.

 

Les Ouessantais peuvent avoir bon espoir.

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