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Fenêtres sur le passé

1911

Disciplinaires farouches à Ouessant

Disciplinaires farouches à Ouessant - Août.jpg

 

Source : Le Matin 5 août 1911

 

Du correspondant particulier du « Matin » (par téléphone).

 

Ouessant mérite plus que jamais le nom d'île d'Épouvante.

Les disciplinaires, qu'on y a installés, en dépit des protestations des autorités de l'île et de la vive campagne du Matin, poursuivent en effet leurs exploits, molestant les habitants, pillant les maisons isolées,

injuriant et menaçant tous ceux qui leur résistent, agissant en un mot comme en pays conquis.

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Le pénitencier, qui comptait jusqu'à présent quarante-huit détenus, va recevoir un plus grand nombre de mauvais soldats.

Il en est arrivé vingt-quatre hier, et on en attend encore.

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Les « joyeux » mènent, pendant ce temps, grand tapage.

Ils veulent, à tout prix, être renvoyés sur le continent,

et pour y arriver, tous les moyens leur sont bons.

 

Suivant l'exemple de trois de leurs camarades qui se sont mutilés dernièrement pour être dirigés sur l'hôpital maritime de Brest,

deux autres détenus viennent de se couper les orteils.

N'ayant aucun outil ni instrument tranchant sur eux,

ils ont transformé le manche de leur cuiller en lame de couteau

et se sont amputés.

Plaçant ensuite leur doigt de pied dans une enveloppe,

ils l'ont fait porter au sergent chargé de les surveiller.

 

Le médecin du détachement d'infanterie coloniale fut immédiatement appelé.

Il arrêta, non sans peine, l'hémorragie et fit mettre les blessés

à l'infirmerie, où ils sont l'objet d'une surveillance toute spéciale,

en attendant leur envoi dans une section de discipline d'Algérie.

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Six disciplinaires, inculpés de vols, de voies de fait envers leurs supérieurs et de rébellion,

seront dirigés demain sur Nantes, où ils comparaîtront devant le conseil de guerre du 11e corps d'armée.

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