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Fenêtres sur le passé

1910

Les habitants de Molène
réclament une sage-femme et un médecin

 

Les habitants de Molène réclament une sage-femme et un médecin.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 16 juillet 1910

 

La pétition suivante, signée par tous les habitants de l'île Molène, vient d'être adressée à M. le sous-préfet de Brest :

 

Monsieur le sous-préfet,

 

Les habitants de l'île, confiants dans votre bonté et votre esprit de justice, viennent vous prier de prendre en considération la triste situation qui leur est faite, et vous prient d'examiner avec bonté leurs justes revendications et de vouloir bien leur donner satisfaction.

 

Depuis le mois de mars de l'année courante, époque du décès de Mme Keranbloch, sage-femme de l'île, nous sommes privés des soins les plus élémentaires.

Plusieurs d'entre nous ont déjà envoyé sur le continent, à Brest ou au Conquet, les femmes sur le point de devenir mères.

Cet état de choses ne peut durer indéfiniment.

 

Nous, pécheurs, ne sommes pas riches, et il nous faut faire de grands sacrifices.

Il faut aussi admettre que nos épouses, absentes de leurs demeures, et nous étant à la mer les pauvres enfants sont livrés à eux-mêmes.

 

Pendant ce temps, les enfants souffrent, car ils commencent à grandir et auraient besoin de soins et de nourriture.

Or, ce n'est que le soir, à l'heure de notre retour, que nous pouvons nous livrer à ces impérieux devoirs.

 

Il serait donc urgent, monsieur le sous-préfet, que nous ayons une sage-femme dans le plus bref délai, car plusieurs femmes se trouvent dans une position intéressante.

 

D'autre part, nous n'avons pas de médecin et lorsqu’un des nôtres se trouve subitement malade, nous sommes dans l’obligation d'affréter un bateau pour aller au Conquet chercher le docteur.

 

Le déplacement du médecin, joint à la dépense du bateau affrété, monte à 50 francs sans compter les médicaments.

 

Vous avouerez que, pour des pauvres c'est énorme et encore si l'on pouvait arriver à temps, l'on ne regretterait pas les grands sacrifices.

Mais, parfois, le temps ne permet pas de prendre la mer et ce n'est que trop tard qu'il est possible d'avoir l'homme de l'art.

 

Nous avons eu à déplorer la mort de quelques personnes qui auraient pu être sauvées si un praticien s'était trouvé sur le lieu pour opérer.

 

Nous ne doutons pas que nous ne pouvons obtenir un médecin à demeure, mais nous vous exposons ces faits pour que, voyant notre situation lamentable, vous vous intéressiez à nous et nous veniez en aide dans la mesure du possible.

 

Dans l'espoir que nos justes revendications seront favorablement accueillies et que vous y donnerez suite, veuillez agréer, monsieur le sous-préfet, les hommages respectueux de vos dévoués administrés.

 

(Suivent les signatures).

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