1907 - Persuasion par le révolver à la Jeunesse socialiste

Fenêtres sur le passé

Source : La Dépêche de Brest 14 décembre 1907

Au mois de novembre dernier, les membres du bureau de la Jeunesse socialiste, dont le siège se trouve

dans un des locaux du Petit Couvent, place du Champ-de-Bataille, décidèrent d'expulser de leur groupement

tous ceux qui ne payaient pas régulièrement leurs cotisations.

Trois jeunes gens se trouvant, paraît-il, dans ce cas, Guillaume et Christophe Lozach, 17 et 18 ans, demeurant 22,

rue Bel-Air, et Charles Podeur, 21 ans, habitant 2, rue Kéréon, se présentèrent à la réunion du 11 novembre.

Le bouillant président intérimaire, Émile Guillou, 17 ans, ajusteur à l'arsenal,

s'avança aussitôt au-devant des trois camarades et leur intima l'ordre de sortir.

Les socialistes en herbe se rebiffèrent, exigèrent une explication, mais l'irascible président intérimaire

employa un argument auquel — comme l'on dit dans « Carmen » — on ne résiste guère.

Guillou sortit donc un revolver de sa poche ; puis, le braquant

sur ses camarades, il leur cria que s'ils ne sortaient pas immédiatement, il viendrait rapidement à bout d'eux trois.

La menace produisit son petit effet ;

les frères Lozach et Podeur dégringolèrent quatre à quatre l'escalier, mais ce fut pour aller déposer une plainte entre les mains

de M. Terrène, commissaire de police du premier arrondissement.

Ce magistrat ouvrit une enquête et mit le délinquant à la disposition

du procureur de la République.

Tout penaud, il comparaissait, hier après-midi devant le tribunal correctionnel, pour port d'arme prohibée.

Le tribunal ne le condamne qu'à 16 francs d'amende avec sursis.

Mais, craignant à juste raison que le jeune socialiste ne menace

à nouveau ses camarades de son revolver,

les juges décident que l'arme sera confisquée.

Source Le Maitron :

Émile Guillou

Né le 22 février 1890 à Brest (Finistère) ;

Commerçant puis agent d’assurances ;

Gérant du « Cri du peuple »

Militant socialiste SFIO du Finistère.