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Fenêtres sur le passé
1907
Les Apaches de Brest - "La Bande Noire"

Source : La Dépêche de Brest 25 février 1907
À toute heure de jour et de nuit, on peut voir, à l'angle des rues Kéravel et Guyot,
une bande d'individus aux allures suspectes qui, tous, ou presque tous,
ont eu à plusieurs reprises maille à partir avec la justice.
Malheur à la personne qui, le soir, alors que les rues se font désertes, s'aventure dans la rue Guyot.
Qu'un homme sous l'influence de la boisson arrive,
il est dévalisé par les apaches guettant son passage dans cette ruelle.
Hier soir, vers dix heures, une dizaine d'individus stationnaient à cet endroit, en quête d'un mauvais coup.
Le sous-brigadier Prigent et l'agent J. Le Gall,
du service de la sûreté, survenant,
invitèrent les apaches à se disperser.
Comme ils ripostaient par des injures,
les agents s'approchèrent du groupe.
Le sous-brigadier Prigent fut pris à partie par Hervé Coatmeur, qui le menaça de mort en lui disant : « Je te ferai la peau ! »

Le sous-brigadier saisit Coatmeur et héla une patrouille du 19e de ligne, qui passait à proximité.
Coatmeur et son camarade Bonaventure, qui, lui aussi, avait une attitude provocante,
furent emmenés par le piquet de nuit au poste de police de la mairie.
Après avoir pris l'état civil des deux individus, le sous-brigadier Prigent invita Bonaventure à rentrer chez lui.
À ce moment, Coatmeur, voyant que pareille faveur ne lui serait pas octroyée, devint très agressif.
Il brandit son revolver et le braqua sur le sous-brigadier Prigent, qui était à quelques pas de lui.
Le sous-brigadier Prigent sortit également son revolver et dirigea
le canon vers son agresseur, qui continuait à proférer des menaces.
Un vif colloque s'engagea entre les deux hommes,
qui, tous deux, avaient le doigt sur la gâchette.
Malgré le danger que courait le sous-brigadier Prigent
— étant données les mœurs de son adversaire —
il conserva tout son sang-froid et attendit crânement que Coatmeur fit feu le premier, pour, à son tour, faire usage de son arme.
Les agents de service s'empressèrent de mettre fin à cette scène,
qui pouvait tourner au tragique.
Le brigadier Le Scour se jeta sur Coatmeur et le désarma.
Le revolver contenait six balles du calibre de huit millimètres.
Fouillé avant d'être incarcéré au violon, le dangereux apache
fut trouvé porteur de brochures anarchistes et antimilitaristes.

C'est lui qui, ces jours derniers, au conseil de révision, essayait de vendre aux conscrits des journaux antimilitaristes.
Son arrestation l'empêchera de continuer, ce matin, son œuvre de démoralisation.
Avant d'être enfermé au violon, Coatmeur se retourna et décocha au sous-brigadier un vigoureux coup de pied.
Atteint au bas-ventre, le courageux policier maintint l'apache qui, enfin,
fut incarcéré, avec le concours d'autres agents.
Hervé Coatmeur est le frère de Laurent Coatmeur, qui, on se souvient, fut grièvement blessé d'un coup de revolver,
au cours d'une rixe, rue Guyot, dans le courant du mois de janvier.
M. Riou, commissaire de police du 2e arrondissement, interrogera l'inculpé ce matin.