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Fenêtres sur le passé

1905

La crise de la bière

 

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Source : La Dépêche de Brest 13 octobre 1905

 

Le Syndicat brestois du commerce en détail des vins et spiritueux nous adresse la communication suivante au sujet de la réunion qui a eu lieu, hier soir, à la Glacière :

 

« Le président du syndicat ouvre la séance en remerciant les assistants d'être venus en aussi grand nombre à cette réunion.

Cet empressement est une preuve que chacun s'intéresse à la défense de ses intérêts menacés par quelques fournisseurs irréfléchis.

 

« Il rend compte ensuite des démarches, restées sans résultats, faites auprès des principaux fabricants de bière afin de les faire revenir sur leur décision.

Puis il passe en revue le prix des éléments constitutifs de la bière et démontre, preuves en mains, que rien ne justifie l'augmentation de cette boisson.

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« Il donne ensuite le prix de revient des diverses bières fabriquées à fermentation haute et à fermentation basse.

Tous ces renseignements lui ont été fournis par les principales brasseries du Nord, de l’Est et des villes telles que Paris, Reims, etc., etc.

 

« Il fait appel à tous les débitants pour se grouper sous la bannière syndicale, et fait connaître à l’auditoire que le Syndicat brestois des débitants a décidé d'exploiter la fabrication de l'eau de seltz et de se constituer en société à capital variable par actions de dix francs.

 

« De plus, les fonds disponibles du syndicat, qui s'élèvent à plusieurs milliers de francs seront convertis en actions de cette société.

 

Tout le inonde applaudit lorsque le président annonce que le matériel est déjà acquis, prêt à fonctionner et que la fabrication pourra commencer dès que les formalités exigées par la loi seront remplies.

Ce n'est plus qu'une question de jours.

 

« Deux ordres du jour sont présentés, et l'auteur du premier, se ralliant à celui du syndicat, celui-ci, mis aux voix, est adopté à l'unanimité.

 

« MOURET. »

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Ordre du jour

 

« Les débitants brestois, réunis à la Glacière le « 12 octobre 1905, au nombre de 300 environ :

 

« Considérant que l'augmentation injustifiée du prix de la bière ne leur permet plus de la livrer en détail aux consommateurs qu'en réalisant des bénéfices illusoires ;

 

« Considérant que les démarches faites par leurs délégués auprès des brasseurs et entrepositaires de Brest et des environs pour ramener le prix de la bière à l'ancien taux n'ont donné aucun résultat ;

 

« Décident :

« À partir de demain, et jusqu'à nouvel ordre, que les débitants de Brest s'abstiendront d'acheter de la bière à leurs fournisseurs actuels ;

 

« Ils invitent les débitants non syndiqués, qui n'ont pas pu venir à la réunion, à se faire inscrire au Syndicat brestois du commerce en détail des vins et spiritueux, et approuvent celui-ci d'avoir déjà pris les dispositions nécessaires pour pouvoir fournir, au premier jour, « l'eau de seltz, la limonade et la bière de première qualité au prix de revient. »

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« La séance a été levée aux applaudissements unanimes, et les assistants se sont fait inscrire en masse au syndicat.

 

« Après le vote de cet ordre du jour, un assistant prie le syndicat d'inviter la population à se joindre à lui pour protester contre l'augmentation du prix de la bière et de souligner cette protestation en s'abstenant de consommer de la bière dans les débits.

« Cette proposition est votée à l'unanimité.

« Les débitantes et débitants qui voudraient profiter des avantages considérables que la fabrication de l'eau de seltz, de la limonade et la fourniture de la bière par le syndicat procurera à ses adhérents pourront se faire inscrire, sans retard, aux adresses suivantes :

 

MM.

Taillefer, rue de Siam, 74 ;

Botga, rue de Siam, 125 ;

Nicolas, rue de Paris, 45 ;

Pérusse, rue de Paris, 70 ;

Pondaven, place des Portes ;

Piton et Maurice, port de commerce ;

Bourioux, rue Saint-Yves ;

Mouret, rue de la Mairie ;

Poissel, rue du Pont, 9 ;

Laillé, Grand'Rue, 73 ;

Le Borgne, rue de la Mairie, 50.

 

« Le droit d'entrée est de 2 francs, et la cotisation est de 1 fr. 50 par trimestre échu. »

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Nous recevons la lettre suivante :

 

« Monsieur le rédacteur en chef,

« Voulez-vous me permettre d'apporter mon mot à la discussion ouverte ?

 

« MM. les brasseurs se plaignent de perdre du matériel, et c'est l'une des raisons pour lesquelles ils augmentent le prix de la bière.

« Il s'agit, en l'espèce, des bouteilles qui ne sont pas rendues par les clients.

« Or, savez-vous ce qui se passe quand, par hasard, on a chez soi des bouteilles vicies ?

Eh bien! C'est que les employés des brasseurs montrent une répugnance invincible à les reprendre.

« On a beau leur dire de les reprendre, les supplier même.

« Ils font la sourde oreille.

« J'ai eu chez moi un grand nombre de bouteilles qui encombraient ma cave.

« Après avoir réclamé plus de dix fois, même aux brasseurs, de guerre lasse, j'ai mis les bouteilles dans la rue.

« Si les bouteilles se perdent, les brasseurs peuvent faire leur mea culpa.

« Il est un peu fort que le simple consommateur soit encore victime en ce débat

« Veuillez, etc.

 

« UN CONSOMMATEUR. »

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