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Fenêtres sur le passé

1903

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Brigandage sur la route de Lannilis à Plouguerneau

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Source : La Dépêche de Brest 2 avril 1903

 

Vol qualifié

 

La cour examine aussitôt l'affaire de Hervé Plantec, 20 ans, manœuvre à Brest, et Yves Le Berre, 24 ans,

déchargeur à Brest, accusés de vol qualifié.

 

Le 18 décembre dernier, le sieur François Le Gad, cultivateur à Mesmeur, en Lannilis,

revenait de la foire de Plouguerneau, où il avait vendu un veau 72 fr. à un boucher de Brest, le sieur Léostic.

 

Il avait enroulé autour de la ceinture la corde qui, le matin, avait servi à conduire son animal, comme le font toujours dans le pays les cultivateurs au retour des foires dans lesquelles ils ont pu vendre leurs bestiaux.

 

Le Gad prenait la vieille route de Plouguerneau à Lannilis, qui devait le conduire plus rapidement chez lui.

 

Deux hommes étrangers au pays qui, dans l'information, ont été reconnus pour être les nommés Henri Plantec et Yves-Marie Le Berre, le suivaient à une certaine distance.

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Comme Le Gad, ils s'engageaient sur la vieille route,

toujours assez peu fréquentée ;

il était environ trois heures ou 3 h. 1/2 de l'après-midi.

 

Profitant de ce que cet endroit de la route était désert

ils se précipitaient sur Le Gad et le saisissaient par derrière.

 

Le Gad croyait d'abord à une plaisanterie d'un camarade,

mais il était vite désabusé, car ses agresseurs lui recouvrirent

la tête avec sa blouse, disant : « Si tu cries, tu seras étranglé. »

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Ils le renversaient à terre, l'un d'eux lui tenant les jambes, l'autre lui appuyant le pied sur le cou

pour l'empêcher de crier.

 

Ils le fouillaient et s'emparaient d'une somme de 72 fr. composée d'une pièce de 20 fr., d'une pièce de 2 fr.

et un billet de banque de 50 fr.

 

Cette somme était placée dans la poche gauche d'un petit gilet.

 

Ils prenaient, en outre, un peu de tabac, un couteau et une somme de 0 fr. 30 ;

les deux agresseurs prenaient alors la fuite.

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Le Gad ne parvenait qu'avec peine à se dégager de la blouse

qui lui recouvrait la tête, il ne pouvait donner leur signalement.

 

Une jeune fille de Derbez, Marie Le Jeune, à qui Le Gad racontait le vol dont il venait d'être victime les avait aperçus remonter en courant une petite route qui tombe sur la vieille route de Plouguerneau,

elle indiquait comment ils étaient vêtus.

Le Gad se dirigeait de ce côté, mais, craignant d'être attaqué

à nouveau par eux, l'endroit étant très désert,

il revenait aussitôt sur ses pas.

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Hervé Plantec et Yves-Marie Le Berre ont toujours nié avoir participé à ce vol et à cette agression,

mais toutes leurs affirmations sont réduites à néant par les dépositions de nombreux témoins.

Plantec habitait rue de Paris, en Lambézellec ;

depuis le mois de juin 1901, il travaillait assez assidûment au déchargement, au port de commerce ;

mais, depuis six mois, il travaillait rarement ;

il sortait de bonne heure de chez lui, rentrait très tard, menant une vie mystérieuse.

 

Des voisins se demandaient comment il faisait pour vivre.

Cependant, jusqu'à ce jour, aucune plainte n'avait été portée contre lui et sa probité n'était pas soupçonnée.

 

Il n'en est pas de même de Yves Le Berre.

C'est un rôdeur de nuit dangereux, ne travaillant jamais ; il a un caractère très violent.

Il ne fréquente que les gens sans aveu et les filles de mauvaise vie.

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Le jury écarte la question de violences et admet les circonstances atténuantes.

 

En conséquence, la cour condamne Plantec à deux années d'emprisonnement et Le Berre à six ans de réclusion,

sans interdiction de séjour.

 

Ministère public, M. le substitut Mauranges.

Défenseur, Me du Rusquec.

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