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Fenêtres sur le passé

1902

Un père tue son enfant à coups de bâton à Loperhet
 

1902 - Un père qui tue son enfant à coups de bâton à Loperhet.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 1 juillet 1902

 

Un drame vient de se produire au village Ty-Névez, en la commune de Loperhet, près de la propriété de M. Goubin.

Un enfant a été tué, à coups de bâton, par son père.

 

Comme presque toujours, il faut attribuer la cause de ce drame à l'alcoolisme.

 

Voici, d'ailleurs, les faits :

Samedi soir, le sieur Riou quitta son domicile pour se rendre au bourg.

Riou, qui a de funestes habitudes d'intempérance, entra dans divers cabarets et se livra à des libations exagérées.

Lorsqu'il songea à regagner sa demeure, il était dans un état d'ébriété presque complet.

 

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Lorsqu'il arriva au logis, sa femme lui fit naturellement des observations méritées, mais que l'ivrogne prit fort mal, d'autant plus qu'il a le vin excessivement mauvais.

 

Furieux, il se mit à insulter sa femme, puis, au comble de la colère, il saisit un bâton dit « manche à bouillie » et s'élança sur la malheureuse.

 

Mme Riou tenait sur ses bras son jeune enfant, âgé de deux mois.

Mais la vue du petit être n'arrêta pas le forcené qui, très probablement, n'avait plus conscience de ses actes.

Il frappa à tour de bras sur sa femme, mais ce fut le bébé qui reçut le coup destiné à la mère.

Le pauvre petit fut tué sur le coup.

 

Hébété, l'homme regarda son œuvre, mais le malheur était irréparable.

 

Folle de douleur, la mère appela au secours et les voisins accoururent.

Le maire de Daoulas fut prévenu immédiatement, ainsi que le docteur Gouez.

L'homme de l'art ne put que constater le décès et conseilla une autopsie.

Dans ces conditions, le maire refusa le permis d'inhumer.

 

La gendarmerie de Daoulas, informée, arriva et mit Riou en état d'arrestation en attendant la venue du parquet.

 

On juge de l'émotion qu'a produite ce drame terrible parmi la paisible population de Daoulas.

 

L'autopsie du petit cadavre a été faite, hier après-midi, par l'honorable docteur Anner, médecin légiste, commis à cet effet par le parquet de Brest.

 

Il parait que Riou est désespéré de son acte criminel et qu'il pleure sans cesse.

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Beaucoup de nos concitoyens attendaient hier l'arrivée de Riou, le cultivateur qui a tué son enfant à coups de bâton.

Plusieurs personnes s'étaient même rendues à la gare de l'Ouest et guettaient l'entrée en gare de chaque train, dans le but d'apercevoir le père coupable.

 

Renseignements pris, Riou a quitté, lundi soir, le village de Ty-Névez, où s'est déroulé l'affreux drame que nous avons raconté, et a gagné Loperhet et Daoulas à pied, sous la conduite de la gendarmerie départementale.

De brigade en brigade, l'inculpé est arrivé à Landerneau dans la soirée d'hier et y a passé la nuit.

Riou quittera cette dernière localité ce matin, à la première heure, et arrivera vraisemblablement à Brest dans la matinée, par la route de Paris.

Dès son arrivée à Brest, Riou sera conduit au parquet et devra subir un interrogatoire de M. Fénoux, juge d'instruction.

Après quoi, la voiture cellulaire conduira l'inculpé à la maison d'arrêt du Bouguen.

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La gendarmerie de Daoulas a procédé, hier, à l'interrogatoire de Mme Marie-Renée Riou, âgée de 41 ans,

ménagère à Ty Ménez et femme de l'inculpé.

 

Voici quelle a été la réponse de la malheureuse femme :

Hier, mon mari est rentré ivre à la maison, vers neuf heures du soir.

Je donnais à boire à ma fillette.

Sans rien dire, mon mari a saisi dans la cheminée le bâton à bouillie, m'a frappée à plusieurs reprises et a attrapé la petite à la tête.

Alors, je lui ai dit : — Mais tu l'as tuée !

Il n'a rien répondu et a cessé de me battre.

J'ai continué à tenir ma fillette dans mes bras pendant toute la nuit et elle est morte ce matin, à quatre heures.

 

De son côté, Riou a fait les déclarations suivantes : 

Hier, quand je suis rentré chez moi, j'avais bu et j'ai trouvé ma femme également ivre.

Nous nous sommes disputés et je lui ai donné une gifle ;

je ne l'ai pas frappée avec un bâton ; je ne sais pas si j'ai attrapé ma petite fille.

Je ne me rappelle de rien.

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Source : La Dépêche de Brest 3 juillet 1902

 

Ainsi que nous l'annoncions hier, Riou, qui tua sa fillette dans les circonstances que nous avons rapportées, est arrivé à Brest, hier matin, vers dix heures, sous la conduite de la gendarmerie départementale.

 

L'inculpé est de taille plutôt petite ; la face est complètement rasée ; il est coiffé d'un béret.

Il est vêtu à la mode de Loperhet.

Dès son arrivée à Brest, Riou a été conduit devant M. Fénoux, juge d'instruction, et a exprimé le désir d'être assisté par un avocat.

L'interrogatoire n'a donc pu avoir lieu hier matin, car il faut attendre le choix d'un défenseur, désigné par le conseil de l'ordre.

 

Riou a passé la journée d'hier à la cellule du palais de justice et a été conduit, dans la soirée, à la maison d'arrêt du Bouguen.

 

M. Fénoux n'entendra sans doute pas l'inculpé avant samedi prochain.

Le drame de Loperhet - Tribunal.jpg
L'affaire de Loperhet - Tribunal.jpg

Source : La Dépêche de Brest 30 août 1902

 

Cette affaire, dont nous avons longuement parlé, et dans laquelle un cultivateur nommé Riou est inculpé d'avoir tué son enfant, est venue hier devant le tribunal correctionnel.

 

Voici les faits :

Le 28 juin dernier, un journalier, Jean-Marie Riou, du village de Ty-Névez, en Loperhet, rentrait au domicile conjugal dans un état d'ébriété presque complet.

Sa femme lui fit des observations.

Riou les prit fort mal ;

il se mit à l'injurier puis, au paroxysme de la colère, il saisit dans la cheminée le bâton à bouillie et s'élança sur sa femme, qui tenait sur ses bras son enfant âgé de deux mois.

 

Il frappa à tour de bras sur sa femme, mais ce fut le bébé qui reçut le coup destiné à la mère.

Le pauvre petit succomba à la suite de sa blessure.

 

À la suite de cet homicide, Riou fut arrêté et écroué à la maison d'arrêt du Bouguen.

 

À l'audience, Riou, tout en pleurs, déclare ne se rappeler de rien.

Sa femme, citée comme témoin, raconte les faits simplement.

 

Riou, qui a déjà des antécédents judiciaires, a été condamné à six mois de prison.

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