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1902
Crime d'une débitante à Lannilis
Jean François Coat anarchiste assassin
Courrier du Finistère - 20 Septembre 1902
Crime à Lannilis
Découverte d’un crime.
Samedi soir, vers trois heures, Mme Vaillant,
de Paluden, en Lannilis, recula de frayeur en pénétrant
au domicile de Mme Appriou cafetière à Ploufougon,
village situé à moins d'un kilomètre du bourg; elle aperçut,
en effet, la débitante, son amie, étendue sur le sol,
dans une mare sanglante.
Mme Vaillant sortit pour appeler à l’aide ; elle vit, à ce moment,
un individu qui fuyait dans la direction du pont de Paluden.
La gendarmerie arriva bientôt dans la maison du crime
et remarqua que l’assassin avait employé, pour commettre
son crime, des morceaux de verre
et un couteau trouvés près du cadavre.
Le vol est le mobile du crime et l’assassin s’est emparé
de tout l’avoir monnayé de Mme Appriou.
D’après le signalement du fuyard entrevu par Mme Vaillant,
on a des soupçons sur un habitant de Landéda, qui a disparu
subitement
de son domicile.
Le parquet de Brest s’est transporté, dimanche, à Poulfougon,
accompagné du docteur Rousseau, médecin-légiste,
qui a procédé à l’autopsie du cadavre.
Le Courrier du Finistère 4 Octobre 1902
Lannilis
Dans le maquis.
Le pays de Lannilis est littéralement terrorisé par la présence
de l’assassin de Mme Appriou qui depuis des semaines,
se promène en liberté jusqu’à venir à deux pas de la ville narguer
la maréchaussée.
Qu'il y ait ou non de la faute de celle-ci, il faut, absolument en finir.
Quand on mobilise des bataillons pour expulser des femmes*,
on ne devrait pas tant hésiter à mettre au service
de la sécurité publique les forces qu’elle réclame.
Attend on que l'assassin ait commis les nouveaux meurtres
qu'il médite contre les personnes qui l’ont dénoncé
et qui sont réduites, devant ses menaces,
à quitter le pays et à se cacher ?
* (allusion aux expulsions des religieuses des congrégations)
Le Courrier du Finistère 11 Octobre 1902
Lannilis
Assassin introuvable.
Coat, l’assassin de Mme Appriou, tuée à Poulfougou,
dans les circonstances que l’on sait, demeure introuvable.
Et pourtant il se cache dans la région.
La preuve c’est que la semaine dernière il avait placardé
en divers endroits l’affiche suivante écrite de sa main :
« Je suis Coat, l’assassin de Suzanne ;
j’ai passé cinq nuits de rang sans que personne n’ai pu me prendre. »
Je ne me rendrai que lorsque je me serai "venger"
de quatre personnes : R..., E..., G..., P... »
Vive l’anarchie ! »
Jean Coat. »
Ce malfaiteur cause une telle terreur aux habitants du pays
dont aucun ne sent sa vie en sûreté, que nul n’ose donner
à la gendarmerie les indications permettraient peut-être de l’arrêter.
Chacun se dit qu’avant d’être arrêté Coat aurait le temps
de se venger terriblement de celui qui l’aurait dénoncé.
Des agents de la sûreté sont partis de Brest depuis plusieurs jours
pour lui mettre la main au collet, mais jusqu’ici
ils n’ont pas plus réussi que les gendarmes.
Le Courrier du Finistère 27 Décembre 1902
Lannilis
Histoire de brigands.
Jeudi, dans la nuit, Le Gad, cultivateur à Mesmeur, en Lannilis,
revenant de la foire de Plouguerneau, a été attaqué sur la route
par trois individus qui, se servant de sa blouse pour bandeau
et pour bâillon, l'ont terrassé et dévalisé, le menaçant de lui faire
un mauvais parti s’il essayait de se défendre.
Le Gad a été soulagé d une somme de 72 francs
et de quelques menus objets ;
on croit, dans le pays, au retour de l’assassin anarchiste Coat ;
l’alarme est vive.
Le Petit Journal 14 Septembre 1902
DÉCOUVERTE D'UN CRIME
(Dépêche de notre correspondant)
Landerneau, 14 septembre.
Ce matin, MM. Fenoux, juge d'instruction; Jacquet, substitut du procureur
de la République; Laurent, commis greffier, et le docteur Rousseau,
médecin légiste, ont quitté Brest par le train de 8 heures 30 pour se rendre
au village de Poulfougou, commune de Landéda, où une débitante, Mme veuve Appriou, âgée de cinquante trois ans, a été trouvée assassinée.
Hier, vers trois heures de l'après-midi, Mme Vaillant, demeurant à Paluden en Lannilis,s'étant rendue chez Mme veuve Appriou, trouva la porte fermée.
Ayant frappé, elle n'obtint pas de réponse.
Elle s'éloignait alors pour regagner sa demeure, lorsque tout à coup elle vit
un individu sortir du débit de Mme veuve Appriou et se diriger en courant vers le pont de Paluden.
Mme Vaillant revint alors sur ses pas et entra chez Mme veuve Appriou.
Un horrible spectacle s'offrit à sa vue.
La débitante gisait à terre, baignant dans une mare de sang, entre la table de la cuisine et un banc.
Mme veuve Appriou avait la tête écrasée et en lambeaux,
le nez était presque détaché, le cou
et le haut de la poitrine étaient criblés de blessures.
La mort avait dû être instantanée.
L'assassin s'était servi pour accomplir son crime de couteaux
et de tessons de bouteilles dont quelques-uns ont été trouvés
ensanglantés sur le plancher.
La gendarmerie de Lannilis, prévenue, a aussitôt commencé les recherches.
De graves soupçons pèsent sur le nommé Coat, demeurant à Landéda,
qui a été vu dans la maison et aux abords de celle-ci peu de temps
avant le crime.
Le vol parait avoir été le mobile du crime, car on n'a trouvé dans le tiroir du comptoir qu'une pièce de dix centimes.
On suppose que Mme veuve Appriou aura surpris le voleur au moment
où il dévalisait son comptoir et que celui-ci, pour ne pas être dénoncé,
l'aura frappée jusqu'à la mort.
Le docteur Rousseau a pratiqué l'autopsie du cadavre de la victime
pendant que les magistrats recueillaient les dépositions de plusieurs témoins et notamment celle de Mme Vaillant.
Le coupable ne tardera pas à être arrêté.
Le Petit Journal 16 Septembre 1902
LE CRIME DE LANDÉDA
(Dépêche de notre correspondant)
Landerneau, 15 septembre.
L'enquête relative au crime de Poulfougou en Lannilis,
commune de Landéda, que je vous ai signalé hier, est menée activement
par les magistrats du parquet de Brest.
Ceux-ci ont lancé un mandat d'amener contre le nommé Coat,
âgé de vingt-deux ans, journalier, qui est soupçonné,
d'être l'auteur de l'assassinat de Mme veuve Appriou.
Ainsi que je vous l'ai ait hier, Coat a été vu par Mme Vaillant,
demeurant à Paluden, sortant peu avant la découverte du crime
du débit de Mme veuve Apprioù, depuis il a disparu.
Son signalement a été télégraphié à toutes les brigades de gendarmerie du département.
Coat a, à Lannilis, très mauvaise réputation.
A la suite d'un jugement du tribunal correctionnel de Brest, il a été interné durant quelques années
dans une maison de correction.
Il travaille très irrégulièrement au déchargement des navires.
Outre des coups de couteau et de tessons de bouteilles, Mme veuve Appriou avait aussi été frappée
à coups de hache.
Le Petit Journal 5 Octobre 1902
Brest, 4 octobre.
Coat, l'auteur présumé de l'assassinat de Mme veuve Appriou, la débitante de Lannilis, serait maintenant caché, dit-on, dans une grotte de Saint-Pabu.
Hier, une déclaration ainsi conçue a été trouvée affichée dans différents endroits de la commune de Lannilis, notamment près de la maison
de Mme veuve Appriou :
Je suis Coat, l'assassin de Suzanne.
J'ai passé cinq nuits de rang sans que personne ait pu me prendre.
Je ne me rendrai que lorsque je me serai vengé de quatre personnes.
(Ici quatre noms.)
Vive l'anarchie !
Jean Coat.
Ce factum se termine par une insulte aux gendarmes.
Les habitants ont d'abord cru se trouver en présence de l'œuvre
d'un mauvais plaisant ; mais la comparaison de la signature et de l'écriture avec une lettre de Coat et certains autres indices
ne laissent plus aucun doute sur son authenticité.
Le procureur de la République vient de demander au sous-préfet de donner
des ordres pour que la brigade des agents de la sûreté de Brest soit envoyée à Lannilis à la recherche de Coat.
L’Ouest Eclair 30 Avril 1904
ASSISES DU FINISTERE
Audience du 29 Avril
Le crime de Lannilis
Le 12 septembre 1902. la veuve Appriou, née Suzanne Bléas,
aubergiste à Poulfougou, en Lannilis, fut trouvée dans sa demeure,
étendue sur le sol et ne donnant presque plus signe de vie.
Il y avait autour d'elle une mare de sang et de nombreux tessons de bouteille en verre.
Elle rendit presque aussitôt le dernier soupir.
Il était évident qu'elle venait d'être assaillie par un malfaiteur
qui s'était emparé d'une bouteille pour l'en frapper.
Elle portait au front et sur la tête des blessures effroyables qui devaient fatalement entraîner la mort, dont les principales, au dire du médecin-légiste avaient dû être faites avec une hachette, frappant du tranchant et du dos.
Le meurtrier n'était autre que Jean-François-Marie Coat, journalier à Landéda, qui avait été vu avec elle, quelques instants avant le crime
et qu'on avait vu s'enfuir aussitôt après.
Il avait eu soin d'éloigner, sous un prétexte mensonger, le sieur Roudaut, qui travaillait ce jour-là, chez la veuve Appriou.
Il semble probable que le vol a été le mobile du crime,
bien qu'il soit difficile de le constater.
Dès son plus jeune âge Coat manifestait les plus mauvais instincts.
A 18 ans, il était surpris volant des bouteilles dans une cave,
mais aucune plainte n'était portée.
En 1896 il commettait un autre vol et était envoyé en correction
jusqu'à 20 ans.
A la sortie de la colonie pénitentiaire, il s'engageait dans les Équipages de la Flotte, mais était réformé le 30 juillet 1902.
Il revenait alors à Landéda où il était considéré comme une « canaille », paresseux et redouté de tous pour son caractère violent et brutal.
Il passait son temps à boire dans les cabarets et payait rarement
ses dépenses.
Il est actuellement en fuite et, malgré d'actives recherches, on n'a pu le retrouver.
Coat a été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité.
La session est close.
Coat Jean François Marie Jules
Engagé Volontaire pour 5 ans
le 8 Janvier 1901
aux Équipages de la Flotte
Apprenti Marin sans spécialité
Réformé n°2 le 24 Juillet 1902
Alcoolisme chronique
Déséquilibre mental
Certificat de Bonne Conduite Refusé
Sera Absent lors de son rappel en 1914
26 ans de cavale
Le Courrier du Finistère – 4 Février 1928
LANDEDA
Où l’on retrouve l’assassin Jean Coat
La gendarmerie de Versailles a procédé à l’arrestation pour vagabondage d’un nommé Jean Coat,
né en 1880 à Landéda.
Cet individu avait été condamné en 1904 par défaut,
par la Cour d’Assises du Finistère , aux travaux forcés
à perpétuité pour le meurtre de Mme Appriou,
débitante à Lannilis .
Lorsqu’il se présenta au commissariat de Dreux
pour régulariser sa situation,
il a apprit qu'il y avait prescription et il fut relâché.
Depuis le 13 décembre, il était sans ressources.
C’est alors qu’il vint échouer à Versailles, où il se fit arrêter.
Coat ne sera poursuivi que pour vagabondage.