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Fenêtres sur le passé
1901
Les sauveteurs de Bretagne
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Source : La Dépêche de Brest 8 novembre 1901
Le troisième fascicule de 1901 des Annales du sauvetage maritime, juillet, août, septembre, vient de paraître.
Les sauveteurs bretons y occupent une large place.
On pourra d'ailleurs en juger par les extraits suivants :
Ile Molène, 8 avril.
Le canot de sauvetage Amiral Roussin, sort et réussit à sauver l'équipage, composé de 23 hommes, du vapeur anglais Rubenstein, capitaine Eilleur.
Ce navire, qui était chargé de grains, s'était cassé en deux sur la roche Bazoulosket.
Ile de Sein, 14 mai.
Le 14 mai, le canot de sauvetage Amiral Lalande part au secours du chalutier anglais Skomer-Cardif n° 18, mais lorsqu'il arriva, le chalutier avait été secouru par le torpilleur de l'État le Véloce qui, par hasard, évoluait dans ces parages.
Lampaul Ouessant, 29 mai.
Le canot de sauvetage Anaïs se porte au secours d'un bâtiment échoué dans les parages de la Jument.
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Ile Molène, 30 mai.
Le 30 mai, à 7 h. 1/2 du matin, le canot de sauvetage l’Amiral Roussin est sorti au secours du dundee l'Intrépide, de Camaret échoué sur la Basse-des-Chèvres, au sud-est de Lédénès.
À 8 h. 1/2 il atteignit le dundee, qui avait une voie d'eau.
Immédiatement, sept des canotiers montèrent à bord pour aider à la manœuvre de la pompe.
À la marée montante, le navire fut remis à flot et on mit à la voile avec cap sur Molène.
Mais l'eau gagnait et envahit la cabine de l'armateur qui, blessé, et croyant son bateau perdu, embarqua dans le canot de sauvetage.
Avant d'entrer à Molène, la voie d'eau étant à peu près maîtrisée, le capitaine se décida à virer de bord et à faire route vers Camaret, où l'on arriva seulement à 5 h. 1/2.
Les canotiers, tout trempés et exténués, furent obligés d'y passer la nuit.
Grâce aux bons soins du secrétaire du Comité de sauvetage de Camaret, ils purent changer de vêtements et se réconforter.
Ile Molène, 2 juillet.
Le 1er juillet, vers huit heures du soir, le sloop Strella, de Camaret, mouillé dans le port de l'île Molène, fut jeté, par un violent coup de vent, à la côte, sur la pointe N. O. de Lédénès.
Le canot de sauvetage Amiral Roussin sortit aussitôt pour lui porter secours.
À la marée montante, à une heure après minuit, le canot de sauvetage prêta neuf de ses hommes pour aider au renflouage du Strella qui, chargé de langoustes, a eu son puits endommagé, mais n'a pas eu d'autres avaries.
Ile Molène, 7 septembre.
Le canot de sauvetage Amiral Roussin est sorti le 1er septembre, à huit heures du matin au secours d'un petit canot de l'ile Triélen monté par deux hommes, qui furent sauvés.
Ile Molène, 11 septembre.
Le canot de sauvetage Amiral Roussin est sorti le 11 septembre au secours d'un bateau de Lampaul-Plouarzel,
le Saint-Pierre n° 1896, échoué à une petite distance et au sud-ouest d'une roche dite « Basse-Vestrol,
où il allait faire la pêche au goémon.
Le Saint-Pierre put se dégager sans avarie.
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Plouescat, 3 mars.
Les Annales reviennent sur le sauvetage émouvant de la Sainte-Marthe, accompli le 3 mars dernier par les canots de sauvetage de Roscoff et de l'île de Batz et s'étendent longuement sur l'intrépidité et le dévouement déployés en la circonstance par trois riverains, Floch, Bourel et Tanguy.
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Source : Les Annales du sauvetage maritime 1 janvier 1901
Le Roc-Haro où le navire se perdait était éloigné de 1,800 mètres du rivage, d'où un millier de spectateurs, impuissants à leur porter secours, assistaient au drame.
Le capitaine avait donné l'ordre à ses hommes de se jeter à l'eau et de gagner à la nage les premiers rochers ;
on viendrait sans doute les y chercher.
On y vint :
deux jeunes pêcheurs, FLOCH et BOUREL, auxquels s'adjoignit, pour les deux derniers voyages, TANGUY, de Sibiril,
se consultèrent vivement et, malgré les prières et les menaces de leurs parents, malgré les mains qui s'accrochaient à eux, mirent leur embarcation à la mer ;
c'était une petite barque de trois mètres de long, sans gouvernail, sans résistance à la vague, un fétu de paille.
Ils ne pensaient pas à ce qu'ils faisaient, ils voulaient sauver des vies.
Ils partirent, atome imperceptible, dans la pluie, le vent, les abîmes ouverts par les flots.
Une lame soulève verticalement leur esquif, une autre le recouvre et l'inonde, une troisième le lance contre une roche à fleur d'eau et l'immobilise sur cette dangereuse plateforme.
BOUREL saute dans l'eau glacée, s'arcboute à la pierre et, d'une vigoureuse poussée, dégage le bateau.
Deux naufragés, le novice et le second de la « Sainte-Marthe », cueillis dans un courant, durent la vie à cette première expédition.
FLOCH et BOUHEL les rapportent presque inanimés à la grève.
Immédiatement, ils repartent.
« Nous étions mouillés, dit l'un d'eux, autant valait continuer ».
La mer qui monte est encore plus houleuse que tout à l'heure, les vagues leur cachent leur chemin.
Mais de la dune on leur crie leur route et on leur signale les naufragés.
Cette fois-ci, c'est le capitaine qu'il faut pêcher dans les brisants ;
il est très gros, il a passé les jambes et les bras dans un marchepied qui le soutient sur l'eau et que lui a généreusement abandonné son novice Clion.
Il est si contusionné, si engourdi, si lourd, qu'à le hisser péniblement dans le bateau, l'arrière pense s'enfoncer sous le poids de cette masse sanguinolente, tandis que l'avant bat l'air de pointe et que les rames s'agitent dans le vide.
Le retour s'opère au milieu des mêmes péripéties.
Puis c'est le troisième départ.
Le navire s'est englouti ;
là-bas, sur son lit de rochers, ses épaves entraînées par les lames ajoutent à tous les autres périls,
celui de ces écueils mouvants.
La foule suit du regard les sauveteurs, avec une émotion silencieuse et poignante.
Deux hommes rament, le troisième vide la barque, qui se remplit continuellement ;
ils vont droit à un amas de rochers, le Squéis, où deux naufragés se sont réfugiés et auquel ils se cramponnent, à demi couverts d'eau, avec une énergie désespérée ;
le flot qui monte diminue à chaque seconde leurs chances de salut.
FLOCH, BOUHEL et TANGUY n'ont garde de se laisser porter immédiatement sur ces rochers où le flot vient se briser avec un fracas étourdissant, ils laissent passer les trois lames furieuses qui d'ordinaire se suivent sans intervalle, et, prompts comme l'éclair, saisissent la minute d'accalmie qui succède à la troisième ;
ils courent droit au Squèis, l'atteignent et y enlèvent les deux malheureux.
Un cri d'admiration salua, de la côte, cette manœuvre héroïque.
Ils réussirent encore à venir décharger leur précieux, fardeau et, comme on ne signalait plus de vie humaine
dans le bouillonnement des eaux, ils ne tentèrent pas un quatrième voyage.
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