1899 – L'alcoolisme en Bretagne

 

Source : LE FINISTÈRE janvier 1899

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D'après un de nos confrères de la région bretonne, M. le docteur Paul Boyer vient, dans une conférence

faite à Saint Brieuc, de dénoncer une fois de plus l'alcoolisme qui, en Bretagne,

et en particulier dans le Finistère, devient un véritable danger public.

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Vendredi dernier, par exemple, la Cour d'assises du Finistère condamnait à six ans de travaux forcés

un sellier de Landivisiau, Jean Marie Le Guen*, qui, rencontrant le 31 juillet dernier le nommé Le Gat, marbrier,

lui traversait le cœur d'un coup de couteau et l'étendait mort aux pieds de sa femme et de son fils.

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Samedi, cette même cour appliquait la peine de cinq ans d'emprisonnement à un menuisier du village de Kerhuon, François Kervern*, à peine âgé de vingt ans, coupable d'un semblable crime.

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Mais cette fois il n'y eut pas mort d'homme.

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Or, dans leur interrogatoire, les prévenus n'ont su que répondre ceci :

— J'étais ivre, je ne me souviens de rien !

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Et le président des assises, M. Charpentier, de s'exclamer :

— Ce pays est vraiment inhabitable, où les hommes ivres vous tuent et croient donner une excuse valable

en disant qu'ils étaient ivres !

 

Ce n'est pas tout.

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L'augmentation de la consommation de l'alcool marche de pair, a dit M. Boyer,

avec l'augmentation du nombre des aliénés.

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C'est ainsi que la France, qui buvait, avant 1870, 800,000 litres d'alcool, en boit aujourd'hui 2 millions 400.000; et nous voyons le chiffre des aliénés monter pendant cette période de 19,000 à 60,000.

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Un tel état de choses appelle évidemment l'attention.

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Mais que faire?

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En fait de remèdes, M. Boyer propose la suppression de la liberté des cabarets.

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Il y en a trop.

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Ainsi, il est des villes, comme Rennes, où dans certains faubourgs on compte une auberge pour trois maisons ; dans certains villages, on trouve 50 auberges pour 800 habitants.

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M. Boyer propose encore la création de ces sociétés de tempérance

qui ont vaincu le fléau de l'alcoolisme en Norvège.

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On parle aussi de l'augmentation du droit sur l'alcool ;

mais le conférencier ne croit pas à un bon résultat de ce côté.

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Il est, en outre, un remède personnel qui consiste, pour chacun,

à s'interdire l'absorption de l'alcool autant que possible.

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