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Fenêtres sur le passé

1898

Les sardines et l'alimentation militaire

Les sardines et l'alimentation militaire

Source : La Dépêche de Brest 12 août 1898

 

À la suite de la crise qui sévit actuellement sur l'industrie sardinière, 

et dont les représentants des populations bretonnes ont, à plusieurs reprises, entretenu M. Lockroy pendant son voyage, M. Jacob, député de Lorient,

a écrit à M. Cavaignac pour lui demander s'il ne serait pas possible de remédier

à cette crise en faisant entrer les poissons frais dans l'alimentation journalière

des troupes du littoral.

 

Voici un extrait de sa lettre :

« Un repas de poisson frais tous les seconds jours, soit de sardines ou de thons

— ceux-ci sont aussi pour rien — serait certainement accepté avec joie

par les troupes, car l'on ne saurait s'imaginer quel bon repas constitue

cette « cotriade », dont se nourrissent les marins bretons et généralement

les habitants des ports de pêche.

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Édouard Lockroy

Ministre de la Marine

La « cotriade » est tout simplement une soupe de sardines

ou d'autres poissons frais.

Ceux-ci étant cuits, on trempe la soupe dans une vaste soupière, et l'on verse dessus un peu de beurre fondu au noir.

Le poisson se mange baignant dans un peu de soupe,

salé et poivré, avec un filet de vinaigre,

avant — comme les pécheurs — ou après la soupe.

 

Cela constitue ce que l'on appelle un repas « de résistance » ; aux pêcheurs il faut bien qu'il dure vingt-quatre heures.

 

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Ce repas serait aussi une source d'économie, car, en admettant que la sardine soit payée 10 francs le mille,

rendue à 30 lieues de la côte, le repas reviendrait à 20 centimes pour la ration de chaque homme,

plus 5 centimes de beurre — et le pain de chaque jour.

 

On pourrait ainsi, pour varier, se contenter de donner cinq sardines pour la soupe

et les cinq autres seraient servies frites au beurre.

 

Pour le thon, il se mange à toutes les sauces, et surtout aussi en « cotriade ».

Je viens donc, monsieur le ministre,

vous prier de vouloir bien examiner attentivement cette question si intéressante à divers points de vue, et je puis vous assurer que,

si vous voulez bien prendre une décision en ce sens,

elle serait accueillie avec enthousiasme par cette vaillante population maritime à qui, en quelque sorte, vous sauveriez la vie, en donnant à ses produits un débouché vaste et assuré.

 

La question est actuellement à l'étude au ministère de la guerre ; nous ne pouvons dire encore si la démarche de M. Jacob

sera couronnée de succès.

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