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Fenêtres sur le passé

1897

Un crieur de nuit qui ténorise

 

Un crieur de nuit qui ténorise.jpg

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Source : La Dépêche de Brest

 

On n'en est plus à compter les services que nous rendent nos braves guetteurs de nuit en arrêtant les voleurs ou en découvrant des incendies pendant que nous dormons à poings fermés ;

et puis, dans notre vie si plate et si uniforme d'hommes modernes, ne jettent-ils pas une note pittoresque et moyenâgeuse qui a son prix ?...

 

Pourquoi faut-il donc que nous critiquions un certain affilié à la corporation qui, chaque nuit que Dieu nous ramène, lance dans l'air, pour annoncer l'heure, un rugissement tel que les vitres des maisons tremblent, que les chiens errants partent en aboiements fous, que les bons bourgeois sont troublés dans leur prime sommeil par d'atroces cauchemars, que les malades sont secoués dans tout leur être nerveux et, ce qui est le plus grave au point de vue de la repopulation — que les amoureux qui roucoulaient sous les draps blancs comme neige s'arrêtent bouche bée...

 

Crieur de nuit, mon ami, baissez d'un demi-ton, s. v. p., d'un ton même si vous pouvez...

 

Pour beaucoup d'entre nous, l'heure fuit assez vite, hélas !

Ne nous la rappelez pas trop brutalement...

Et puis, quand minuit sonne, la rue n'est pas une salle de spectacle, que diable !

De fait, il me vient une idée...

Allez proposer votre talent à l'aimable directrice de notre théâtre, qui en ce moment doit chercher un fort ténor pour incarner Sigurd...

Voilà qui arrangerait tout.

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Le veilleur de nuit.jpg
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